> Dossier : « L’intelligence artificielle : entre innovation et responsabilité »
Face à l’essor des outils numériques, l’éducation se retrouve à un carrefour. Entre facilitation des apprentissages et menace sur l’effort intellectuel, l’école doit réaffirmer sa mission : transmettre, structurer et élever les intelligences.
Un récent article du Daily Mail révèle un fait marquant : dans les universités écossaises, en 2023-2024, les cas de triche impliquant l’intelligence artificielle (IA) ont augmenté de 700 %. Les universités ne sont pas seules touchées : dès la fin du collège, la tentation est grande de confier la réalisation de son devoir ou de son exposé à ChatGPT. Dès lors, le doute s’insinue chez les enseignants à la lecture d’une tournure de phrase où perce le style impersonnel propre au robot conversationnel. Mais comment prouver la fraude ? Les réponses de l’IA varient selon le contexte, les termes de la question ou le logiciel employé… Laissant les professeurs démunis face à une réalité qu’ils ne peuvent plus ignorer : l’IA a fait son entrée à l’école.
Une machine
Pour mesurer les enjeux d’une telle intrusion, il importe de saisir ce que recouvre cet oxymore. Le terme d’intelligence renvoie à la faculté de lire entre les lignes et d’accéder à la juste appréciation d’une situation ; qualité spécifiquement humaine. L’adjectif « artificielle » renvoie au contraire à l’idée de machine et des artefacts qu’elle produit. Illustrations, dissertations, calculs… Les possibilités de production de l’IA sont quasiment infinies. En outre, elles donnent le sentiment d’avoir été pensées pour vous. Pourtant, comme la conduite des voitures sans chauffeur, l’intelligence artificielle générative est un énoncé sans locuteur : elle n’est que le fruit d’une compilation d’informations, disposées de manière à donner l’illusion d’un dialogue. Le tout délivré en quelques secondes, avec une réponse à toutes vos questions et les formules de politesse qui vont avec. C’est cette incroyable agilité de construction qui attire de nombreux éducateurs. Certains enseignants l’expérimentent ainsi dans le cadre de leurs cours. Interrogé sur France Culture en janvier dernier, l’un d’eux défend ainsi les compétences développées dans le travail avec l’IA. Le devoir traditionnel mesure la capacité de restitution ; le devoir réalisé avec ChatGPT évalue la capacité à se poser les bonnes questions et à avoir un regard critique. En outre, l’IA facilite la conception d’outils interactifs : les quiz adaptés et les cartes en histoire-géographie par exemple, ou la production de lectures adaptées (à l’aide de l’application Lalilo,…