> Initiatives chrétiennes
Jean-Joseph Chevalier s’est formé sous la direction d’un artiste américain, Paul Rhoads, rencontré providentiellement. Peintre, fresquiste, sculpteur, dessinateur, créateur de mobilier liturgique, il récuse l’adjectif « contemporain », se revendique héritier de la Renaissance et des grands maîtres, et insiste sur la contemplation, source de son art, sacré ou profane. Entretien.
| Comment avez-vous découvert votre vocation d’artiste ?
À 18 ans, je travaillais à l’hôtellerie à l’abbaye de Solesmes. J’étais plutôt bien payé et j’appréciais ce travail. Pourtant, je n’aspirais pas à faire cela toute ma vie. Le père hôtelier, qui me suivait spirituellement à ce moment-là, m’a proposé de faire une neuvaine à la Sainte Vierge. C’est durant cette neuvaine que j’ai rencontré Paul Rhoads, artiste américain, qui après avoir vu mes dessins, m’a proposé de me former pour devenir artiste. Dans la liste des métiers potentiels, à aucun endroit n’était inscrit « artiste ». Le père hôtelier m’a encouragé sur cette voie en voyant dans cette proposition la réponse à la neuvaine. C’est une vocation, j’ai véritablement été appelé. Je suis ensuite parti avec Paul Rhoads qui m’a transmis tel un maître à son élève. Je suis devenu artiste, peintre, sculpteur. Il m’a délivré une formation classique, dans l’esprit de la Renaissance, me permettant de devenir l’artiste que je suis aujourd’hui.
| Comment s’organisent vos commandes ?
Il y a deux sortes de clients : ceux qui arrivent avec des idées bien précises et définies et ceux qui me laissent plus libre. Une fois que nous avons réfléchi ensemble, je m’attelle au dessin. Ce dessin leur donnera une première idée de l’œuvre. Cependant ce n’est pas une photographie de l’œuvre finale. Je travaille à l’ancienne. Avec moi, il n’y a pas de vue d’ensemble de l’œuvre achevée faite sur un ordinateur. Ensuite, on entre dans le processus de création. La réalisation de l’œuvre est variable en fonction du support. Si c’est une sculpture, il y a des délais de carrière. Suivant les œuvres et les désirs des clients, je peux en avoir pour plusieurs mois de travail. Si c’est une fresque, cela dépendra de la surface. En effet, travaillant a fresco, je n’ai que 24 heures pour appliquer mes pigments sur la surface enduite préalablement. Le rythme est d’environ un mètre carré par jour. Ce qui est amusant à remarquer dans ce processus de création, c’est l’évolution de l’œuvre. La…