L’historien Yves Chiron a publié récemment une biographie complète consacrée à Jean Madiran (1920-2013) dix ans après le retour à Dieu de celui-ci, témoignant de sa place dans le monde catholique et de la permanence de ses combats.
Longtemps, la biographie de Jean Madiran fut réduite à quelques lignes parues dans L’Homme Nouveau en 1967. Brève, succincte, elle avait été acceptée par Madiran (et peut-être même rédigée par lui) et il y renvoya souvent par la suite. On ne pouvait faire plus court : « Né en 1920. Études à Bordeaux. Licencié ès lettres (philosophie et lettres classiques) ; diplômé d’études supérieures (idem). Bûcheron puis professeur. Se reconnaît plus ou moins disciple de Boèce (le premier des théologiens laïcs, né en 470), saint Thomas, Bossuet, Péguy, Chesterton, Maurras, Charlier. » C’est par ses maîtres intellectuels et spirituels que ce journaliste, écrivain et philosophe se voyait définir. Étrangement, saint Benoît était absent de cette petite litanie alors qu’il occupa lui aussi une place importante dans l’univers intérieur du directeur de la revue Itinéraires.
Saisir sa pensée
Oubli ou plutôt pudeur ? Lorsque, à la fin des années 1980, Danièle Masson entreprit d’écrire un livre sur Jean Madiran (éditions Difralivre, 1989), celui-ci mit comme condition qu’il s’agisse d’une biographie intellectuelle qui restitue la réflexion d’un homme et qui permette de saisir les grandes lignes de sa pensée, à travers le récit de ses prises de position, de ses écrits et de ses combats. D’emblée, la place d’André Charlier et de son frère Henri ainsi que celle de saint Benoît ressortaient de cette plongée dans la pensée de Madiran. Pourquoi parler aujourd’hui de Jean Madiran ? Il y a un peu plus de dix ans, celui-ci rendait son âme à Dieu. À cette occasion, Yves Chiron a publié une biographie complète de l’écrivain qui retrace son existence et ses combats. On y apprends beaucoup sur l’homme, sa famille, son enfance, la manière dont il a vécu et souffert, ses hésitations et ses interrogations, ses amitiés et ses compagnonnages et la ligne directrice de sa vie, qui fut finalement le souci du dialogue avec ses adversaires et contradicteurs.
Erreurs de perspective
Dès 1960, dans un petit opuscule de Madiran qu’il éditait, Marcel Clément appuyait sur ce désir de dialogue : « Jean…