Depuis saint Jean-Paul II et le grand jubilé de l’an 2000, le dimanche dans l’octave de Pâques s’appelle « dimanche de la divine miséricorde ». Le Pape revient dans son homélie de ce 24 avril sur la paix offerte par le Christ.
Jusque-là, il était appelé dimanche in ablis (en blanc) car c’est en ce jour que les baptisés de la nuit pascale déposaient leurs vêtements blancs, signes de la pureté reçue au baptême et de la victoire du Christ sur la mort. On l’appelait aussi dimanche de quasimodo en raison des premiers de l’Introït tirés de l’épître de saint Pierre : « Comme des enfants nouveau-nés désirez le lait non frelaté de la parole, afin que, par lui, vous croissiez pour le salut, si du moins vous avez goûté combien le Seigneur est excellent. »
On lit en ce jour le passage évangélique où Thomas met ses mains dans les plaies de Jésus, épisode qui a été conservé dans la forme ordinaire pour les trois années successives. Le Seigneur, comme il l’avait fait huit jours auparavant, apparaît à ses disciples portes closes, Thomas étant cette fois présent. Il commence par leur offrir un salut typiquement juif, celui de la paix ; les Grecs souhaitant la joie et la grâce, les Romains la santé. La présence de Jésus suscite d’abord la joie parmi les disciples. Cette joie est liée au pardon. Seul saint Jean était resté au Calvaire. Pierre l’avait trahi, Thomas avait fui et n’était même pas présent le jour de Pâques ; tous s’étaient enfermés dans le Cénacle par peur, effondrés d’avoir laissé Jésus tout seul devant son supplice, au moment le plus tragique. Et c’est souvent ce qui arrive. On reconnaît les vrais amis dans les moments durs. Cette trahison plus ou moins tacite leur fait toucher le fond. Cela me fait penser aux paroles de Marthe Robin, qui rejoignent d’ailleurs la prophétie de saint Pie X, annonçant que c’est lorsqu’elle aura touché le fond de l’abîme que la France se convertira. C’est donc dans ce climat de découragement, de regret aussi d’avoir abandonné le Maître au moment suprême, que Jésus apparaît. Et chose surprenante, les disciples se réjouissent. Leur regard est attiré à nouveau par le Maître qui ne leur témoigne aucune sévérité, mais se montre à eux comme l’Incarnation de la miséricorde. Le Christ ranime leur paix perdue, en se montrant toute miséricorde. Les Apôtres ne se regardent plus eux-mêmes. Saint Augustin fait ainsi parler le Bon Larron : il m’a regardé et dans son regard j’ai tout compris. Jésus a répandu dans leurs cœurs la paix perdue, car il est la paix. Les Apôtres sont devenus des hommes nouveaux purifiés par le pardon divin toujours donné sans calculs et sans arrière-pensées. Avec cette paix est accordée la joie, fruit de l’Esprit, que nous éprouvons nous-mêmes chaque fois que nous faisons une humble, totale et fervente confession de nos péchés, sans retour sur nous-mêmes et sur le passé qui est ce qu’il est, mais qui ouvre toujours la voie à la miséricorde.
Jésus en cette occasion a donné aux Apôtres et à leurs successeurs un grand pouvoir : celui de remettre en son nom les péchés. Les prêtres sont les instruments de la miséricorde divine. Puissent-ils ne pas transformer le confessionnal qui est le tribunal de la miséricorde en un tribunal de torture, comme cela a pu malheureusement exister. Que les prêtres annoncent à tous les pécheurs que Dieu pardonne tout et toujours. Lors de la présence de Thomas, Jésus répète une troisième fois : « La paix soit avec vous ». Suit l’épisode bien connu de la confession sublime de Thomas. Je voudrais ici simplement souligner combien chacun de nous, si pécheur qu’il soit, peut se retrouver en saint Thomas. Jésus offre ses plaies à l’Apôtre qui doute. Prions pour que Marie apprenne à chaque prêtre de savoir montrer aux gens que devant leurs péchés, il y a toujours les plaies du Seigneur plus puissantes que leurs péchés. Cela aurait été aussi le cas pour Judas, si celui-ci n’avait pas douté de la miséricorde.