Le 29 mai dernier, le Pape a reçu en audience le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation. Créé par Benoît XVI, ce dicastère a pour charge d’encourager la réflexion sur le thème de la nouvelle évangélisation, et aussi d’identifier et de promouvoir les formes et les instruments aptes à la réaliser. Benoît XVI a également voulu lui attribuer la compétence sur la catéchèse, qui dépendait jusque là de la Congrégation pour le clergé. Le Pape François insiste particulièrement sur ce point : pour lui l’éducation à la foi n’est pas simple rhétorique ou affaire à traiter uniquement en bureau ; elle est essentielle, car en rapport direct non seulement avec le commandement du Seigneur d’enseigner toutes les nations, mais encore avec la garde même du dépôt de la foi. En effet, c’est essentiellement grâce à la catéchèse que le sensus fidei peut se conserver intact chez les fidèles. C’est donc pour le Pape un grand défi à relever pour l’Église, car le monde contemporain s’enlise dans l’incroyance et l’apostasie.
Une deuxième annonce
L’expression de « nouvelle évangélisation » a été formulée pour la première fois par Jean-Paul II, lors de son voyage en Pologne en 1979, en ces termes : « Une nouvelle évangélisation est commencée, comme s’il s’agissait d’une deuxième annonce, bien qu’en réalité ce soit toujours la même. La Croix se tient debout sur le monde qui change. » Mais déjà Paul VI, dans son admirable exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, parlait, au n. 18, du « renouvellement de l’humanité par l’Évangile ». Et au n. 23 il parlait « d’adhésion au Règne, c’est-à-dire au “monde nouveau”, au nouvel état de chose, à la nouvelle manière d’être, de vivre ensemble, que l’Évangile inaugure ». Et surtout au n. 52, il remarquait que l’évangélisation s’avère « toujours plus nécessaire à cause des situations de déchristianisation fréquentes de nos jours, pour des multitudes de personnes qui ont reçu le baptême mais vivent en dehors de toute vie chrétienne ». Plusieurs fois aussi, au cours de l’Année sainte 1975, il a invité les hommes à « introduire dans leur vie une mentalité nouvelle ou renouvelée : la mentalité chrétienne. » De même, au cours d’une audience générale en 1976, il précisait que, « dans la construction de l’Église, l’œuvre à accomplir, spécialement sur le plan spirituel et pastoral, est toujours nouvelle, se trouve toujours à ses débuts ». Et à plusieurs reprises il parla de donner à la pastorale une « impulsion nouvelle qui a sa source dans le concile Vatican II ». C’est précisément en référence à Vatican II que Jean-Paul II, tout au long de son pontificat, précisa le rôle et insista sur l’importance de cette nouvelle évangélisation, qui ne supprime pourtant pas la première évangélisation aux païens et aux non chrétiens. Cela est d’autant plus important à souligner que, de nos jours, au nom du dialogue et dans le contexte relativiste et syncrétiste que nous vivons, cette mission ad gentes apparaît à beaucoup comme une utopie.
On sait que le Pape François vient de confier à ce dicastère l’Année sainte extraordinaire de la miséricorde. Il y insiste donc dans son discours, en rappelant que la miséricorde n’est absolument pas une idée abstraite, mais bien une expérience concrète, car elle est le fruit d’une rencontre avec un Dieu personnel. C’était là une idée très chère à Benoît XVI. Et cette rencontre se fait grâce au Saint-Esprit, âme de l’Église et protagoniste de toute évangélisation. Avec le Pape, demandons donc à Marie, Mère de miséricorde, d’intercéder pour que chaque chrétien devienne un véritable évangélisateur.