La pilule a toujours mauvaise presse

Publié le 04 Jan 2013
La pilule a toujours mauvaise presse L'Homme Nouveau

Le ministère de la Santé pourrait se montrer plus ferme que prévu quant aux pilules contraceptives de troisième et quatrième générations, tristement célèbres depuis que des accidents graves leur étant imputés ont été révélés.

Les faits datent. Marion Larat est handicapée depuis 2006, suite à un AVC dû à la pilule de troisième génération Méliane qu’elle prenait depuis quatre mois. Son cas n’est pas isolé mais il a fallu du temps pour que l’enquête médicale confirme les raisons de l’accident. Désormais, les choses sont claires, établies par la Haute Autorité de Santé (HAS) : ces produits comportent un risque de complications thrombo-emboliques veineuses (constitution de caillots de sang dans le réseau veineux).

Marisol Touraine, ministre de la Santé, annonçait donc le 19 décembre dernier que ces pilules de troisième génération ne seraient plus remboursées dès septembre 2013, les pilules de quatrième génération n’étant déjà pas prises en charge par la Sécurité sociale. Les pilules de première et deuxième générations (qui ne sont pas fabriquées à partir du même type d’hormones) étant tout aussi efficaces sur le plan contraceptif, elles devront désormais être proposées en priorité par les médecins, sauf cas spécifiques. Mercredi 2 janvier, Marisol Touraine a finalement avancé l’arrêt du remboursement des pilules de troisième génération au 31 mars prochain. Plus encore, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a ajouté qu’elle n’hésiterait pas à « aller encore plus loin en retirant du marché des pilules de 3ème et 4ème génération si leur consommation ne baissait pas suffisamment vite ».

La diminution de consommation de ces produits espérée par le gouvernement sera-t-elle effective ? La pilule est sans conteste le moyen de contraception le plus répandu en France. Selon le Baromètre de la santé, 55,5% des femmes sous contraceptifs prenaient la pilule en 2010. La pilule est aussi utilisée comme médicament dans certains cas, et de plus en plus souvent pour résoudre des problèmes d’acné, de taille de poitrine ou de pilosité. C’est donc sans surprise que l’on apprend, de la même étude citée plus haut, que 83% des femmes sous contraceptifs et âgées de 20 à 24 ans sont sous pilule. Et justement, les pilules de première et deuxième génération étaient connues pour engendrer des effets secondaires indésirables, notamment la prise poids et l’augmentation de la pilosité… De quoi rebuter nombre de femmes et jeunes filles. Enfin, Marisol Touraine expliquait le 2 janvier dernier sa décision d’avancer les mesures gouvernementales et de favoriser la prise des pilules de première et deuxième générations : « le risque de complications thrombo-emboliques veineuses (phlébites) est deux fois moins élevé que chez les femmes sous pilules de troisième et quatrième générations ». Un risque deux fois moins élevé, certes, mais un risque quand même.

Que le ministère semble prendre sans complexe.

Que l’on ne s’y trompe pas, les médecins prendront-ils vraiment le temps de faire tous les examens nécessaires pour dépister d’éventuelles prédispositions aux complications thrombo-emboliques veineuses chez les femmes qui viennent se faire prescrire la pilule ?

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

Nos raisons d’espérer

L’Essentiel de Joël Hautebert | Malgré l’effondrement des repères et la crise des institutions, il demeure des raisons d’espérer. On les trouve dans ces hommes et ces femmes qui, par leurs vertus simples et leur fidélité au devoir d’état, sont capables d’assumer des responsabilités au service du bien commun.

+

espérer vertu
À la uneSociétéFin de vie

Euthanasie : « Pierre Simon voulait faire de la vie un matériau à gérer »

Entretien | Alors que le Sénat reporte une nouvelle fois l’examen du projet de loi sur la fin de vie, l’essayiste Charles Vaugirard publie La face cachée du lobby de l’euthanasie (Téqui). En s’appuyant sur les écrits oubliés de Pierre Simon, fondateur de l’ADMD et ancien grand maître de la Grande Loge de France, il dévoile les racines eugénistes et prométhéennes d’une idéologie qui, selon lui, continue d’inspirer les lois bioéthiques contemporaines.

+

euthanasie pierre Simon
SociétéPhilosophie

La logique, un antidote à la crise de la vérité

C’est logique ! – Entretien | Dans son nouvel ouvrage Devenir plus intelligent, c’est possible ! (Le Cerf), François-Marie Portes invite à redécouvrir les outils logiques de la tradition antique et médiévale. Pour lui, apprendre à définir, énoncer et argumenter n’est pas réservé aux spécialistes : c’est un savoir-faire accessible à tous, indispensable pour retrouver le goût de la vérité dans un monde saturé de discours trompeurs. Entretien.

+

penser portes intelligent logique
SociétéLectures

Maurras, pour la Nation, contre le racisme

Entretien | En août, les éditions de Flore publiaient un petit livre d'Axel Tisserand, Maurras, pour la Nation, contre le racisme. À cette occasion, Philippe Maxence s’est entretenu avec l’auteur, agrégé de lettres classiques et docteur en philosophie, au sujet de Charles Maurras (1868-1952).

+

charles maurras racisme nation patrie
SociétéPhilosophie

Le Centre culturel Simone Weil : redonner à la médecine son âme

Entretien | Créé par des professionnels de santé pour leurs confrères, le Centre culturel Simone Weil propose des formations alliant médecine et philosophie. À l’occasion de son séminaire de novembre, il invite praticiens, étudiants et aidants à redécouvrir la vocation profondément humaine et éthique de la médecine face aux défis contemporains. Présentation par François et Marie Lauzanne, pharmaciens et fondateurs du centre.

+

Centre culturel Simone Weil médecine
SociétéBioéthique

« 40 Jours pour la Vie » : prier et jeûner contre l’avortement

Initiatives chrétiennes | Depuis le 24 septembre et jusqu’au 2 novembre, des bénévoles se relaient chaque jour devant l’hôpital de Port-Royal, à Paris, pour prier le chapelet et jeûner dans le cadre de la campagne internationale 40 Days for Life. Clotilde Chompret, responsable de l’antenne parisienne, explique le sens de cette démarche de témoignage public et ses fruits spirituels.

+

40 jours pour la vie