Dans la forme ordinaire, la page de l’Évangile de ce dimanche narre l’une des plus belles et des plus fascinantes rencontres de Jésus.
On connaît le contexte : Jésus rentre de Jérusalem pour aller en Galilée. Le passage par la Samarie est obligatoire, sauf à passer de l’autre côté du Jourdain en traversant la Décapole. Le Seigneur arrive donc en Samarie. En passant par cette contrée, Jésus allait inévitablement se faire mal voir par les Juifs qui jugeaient tous les Samaritains comme hérétiques et schismatiques.
Là, à Sichar, se trouvait le puits de Jacob. Le puits réserve d’eau, rappelle l’amour de Dieu pour son peuple. Par ce lieu visible, saint Jean entend montrer le lien entre les deux alliances, entre les deux Israël. En pays sémite, le puits est également la figure traditionnelle du métier de la femme. L’initiative de Jésus surprend par son immédiateté : Donne-moi à boire.
Le contraste avec le chapitre 3 rapportant l’entretien de Jésus avec Nicodème est saisissant : là, un notable, et de haute morale selon la Loi. Ici, une femme de mauvaise vie, Samaritaine et immorale. À Nicodème, Jésus annonçait la renaissance par l’eau du baptême. Ici, il a affaire à une femme assoiffée.
Le pape insiste sur le Donne-moi à boire, belle image d’un Dieu qui s’abaisse. Jésus possédait une vraie nature humaine. C’est pour cela, comme le fait remarquer magnifiquement saint Augustin, qu’il était fatigué, comme nous le serions tous après une longue marche. Près du puits, il parle à la Samaritaine : une femme, pécheresse et de plus samaritaine, trois bonnes raisons pour que Jésus ne puisse pas lui parler. D’où l’étonnement de cette femme. Insistons donc avec le pape sur ces paroles de Jésus.
À travers la demande de l’eau à une femme, Jésus prend l’initiative et l’appelle au don suprême d’elle-même, dans la foi et dans l’amour ; de ce don, la maternité charnelle ou spirituelle demeure tout le symbole. Le puits est aussi le symbole de la Croix. C’est, en effet, du haut de la Croix que le Seigneur poussera son Sitio.
Jésus établit avec la Samaritaine une relation qui va devenir une véritable Révélation : la personne humaine ne peut accueillir l’Esprit Saint qu’en se donnant lui-même. C’est en fait la continuation de l’enseignement déjà donné à Nicodème. Jésus aborde avec cette femme un dialogue inlassable, digne du Bon Pasteur, qui va chercher sa brebis perdue. C’est pourquoi Jésus conduit cette femme d’étonnement en étonnement.
Il demande certes à boire, mais ensuite il lui dit que c’est lui qui donne à boire. Et cette eau qu’il donne, c’est une eau éternelle qui étanche toute soif : l’eau de l’Esprit Saint, l’eau sortie de son côté transpercé sur la Croix, fontaine des Sacrements. Comme toujours, le pape tire la leçon actuelle du passage évangélique. Cette eau nous concerne aussi. Nous devons prendre soin non seulement de notre soif, mais aussi de celle des autres.
Le pape nous pose alors à tous des questions auxquelles nous devons répondre dans notre for intérieur, corrigeant au besoin ce qui n’irait pas. De quelle eau avons-nous soif ? Avons-nous soif de Dieu ? Est-ce que je me rends compte que j’ai besoin de son amour comme de l’eau pour vivre ? Et moi qui ai soif, est-ce que je me préoccupe de la soif des autres, de la soif spirituelle, de la soif matérielle ?
Tournons-nous vers Notre Dame de Cana. Elle a fait changer par Jésus l’eau en vin. Elle connaît tous nos besoins et ceux de nos frères. Disons-lui tous les jours : Marie donnez nous à boire à nous et à nos frères. Souvenons-nous aussi qu’il y a beaucoup de soifs et que c’est seulement Jésus qui par sa Mère les étanche.
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