La célébration de Pâques met du baume au cœur des fidèles en plus de permettre de placer du chocolat dans leurs poches. Au-delà de la réalité spirituelle du Christ entrant dans sa gloire, le fait historique de la Résurrection nous oblige. N’ayons pas peur de croire aux miracles du Christ dans nos propres vies.
Le carême représentait cette sorte d’Exodus intérieur au cours duquel l’âme du chrétien était pressée de se remettre en question et de recentrer sur le Christ. Durant ces quarante jours de pénitence, quarante jours de combat spirituel à la suite nous avons été dans le désert de nos vies pour mieux apprendre à mourir de nos égoïsmes, de nos haines contre nous-mêmes et de nos indifférences face aux autres. L’Eglise a souhaité que nous nous engagions, dans la prière et le jeûne, à mieux connaître Dieu et à le servir à travers notre prochain. Or une telle période porte toujours en elle un parfum amer de lenteur et de labeur. « Il faut que cela cesse ! »
Pâques vient toujours nous saisir à temps : après l’épreuve, nous le savons, le réconfort réclame légitiment ses droits… Le temps du désarroi de la mort de Notre Seigneur sur la Croix s’efface pour céder la place à celui de la célébration d’une victoire suprême : le miracle indépassable de la Résurrection. Enfin !
Ne pas rester à la surface des choses
Avec Pâques, nous voici donc parvenus à la contemplation de la résurrection bienheureuse de notre Rédempteur. Pâques, victoire du Christ, victoire de la Vie sur la mort, victoire de l’Amour sur la haine, Victoire de la Lumière sur les ténèbres. Victoire totale qui invite à l’émerveillement : quelle vérité incroyable que de se ressusciter soi-même par sa propre puissance. Le catéchisme enseigne à bon droit qu’il s’agit là, et à jamais, du plus grand des miracles.
Mais attention ! L’exultation du baptisé ne doit pas s’exprimer en surface seulement. Ce sont toutes les fibres de notre corps et de notre cœur qui sont invitées à s’imprégner de la lumière de la résurrection. Ressuscité avec le Christ, nous sommes tenus de vivre en ressuscité, c’est-à-dire en homme nouveau. Sommes-nous prêts à nous laisser transformer par les radiations du sépulcre ? Sommes-nous convaincus de l’impérieuse nécessité de quitter nos tombeaux, de sortir du sommeil de la nuit, d’aller vers la lumière pour acclamer le Dieu trois fois saint ?
Le Christ ne veut ni nous alarmer, ni nous rassurer
Cette vie nouvelle n’est, en effet, pas n’importe laquelle. Vie même de Dieu, nous sommes appelés à nous y configurer. Résolument. Le mystère pascal nous indique la trame authentique de la vie digne d’un enfant de Dieu : l’imitation de Jésus Christ, dans ses croix jusqu’à goûter ses gloires. Non la mort du Christ au Golgotha n’était pas un point final. Tout juste un point-virgule laissant planer un doute sur ce qui allait suivre, histoire d’éprouver notre foi !
A y regarder de plus près, nous nous rendons compte que Notre Seigneur ne s’est pas consumé sur la croix pour nous alarmer. Alarmer, c’est affoler et conduire au trouble. La Vierge elle-même reste debout au pied du calvaire : Stabat Mater Dolorosa ! Le message de la crucifixion délivre une leçon de gravité. Il invite à un silence respectueux, à une sérénité d’âme malgré l’effroi du spectacle et à des convictions fermes au-delà de l’incompréhension totale du drame qui se joue.
Dans la même veine, nous aurions tort de penser que Notre Seigneur ressuscite dans sa gloire afin de nous rassurer. « Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire » écrit René Girard dans son livre Achever Clausewitz (Grasset). La résurrection nous indique plutôt où se trouve le chemin de la victoire. Celle qui chasse nos craintes, nous vide de nos torpeurs et nous pousse sur le chemin de la fidélité.
Il nous appartient de faire confiance à la toute-puissance de Dieu. De rester ferme dans la Foi et fidèle à la sagesse de l’Eglise, à l’expérience de son enseignement constant. Si le Christ est ressuscité, alors tous les miracles de grandeurs deviennent possibles dans nos vies. S’y refuser ou en douter, c’est toujours faire obstacle à l’océan de lumière qui est en mesure de nous inonder.
Il a vaincu le monde. Laissons-nous vaincre par lui afin de confondre, à notre tour, les pédants et les mondains. Non pas par vaine gloire. Mais pour rendre hommage au message évangélique que nous avons eu l’honneur de recevoir. Et pour en diffuser ses vertus.
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