Le Pape revient d’un long voyage, après avoir visité le tout petit troupeau des chrétiens de Mongolie, aux Nord de la Chine. Il y rencontra une Église humble et joyeuse, témoignant de son zèle apostolique, au centre d’un continent à une très forte majorité non chrétienne. Le peuple mongol est assoiffé de vérité et de l’Évangile. C’est précisément sur cette soif de Dieu que s’est concentrée l’homélie de Pape.
Partant du psaume 62 : « Mon âme a soif de vous, après vous languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau », le Pape, en plein pays désertique (le désert de Gobi), a développé le thème de la soif de l’Évangile pendant l’homélie de la messe du 3 septembre, à Oulan Bator. Dans ce pays, l’Évangile est parvenu sur une terre aride. C’est pour nous une grande leçon. Nous ne sommes jamais seuls sur le chemin qui nous conduit vers la Jérusalem céleste. Nous avons la Sainte Trinité, « nos Trois », pour reprendre l’image de sainte Élisabeth de la Trinité. Nous avons Marie et Joseph, les anges et les saints et nous avons tous les saints de la porte d’à côté, tous ceux qui dans le passé se sont désaltérés à l’eau vive de l’Esprit Saint, depuis Nicodème et la Samaritaine jusqu’à Carlo Acutis et tous les saints contemporains. Notre soif doit toujours rejoindre celle de Jésus sur la Croix, quand il poussa son « Sitio », « j’ai soif », qui est la devise des Sœurs de la Charité. Peu avant ce cri, lors du discours après la Cène, Jésus nous avait donné le remède de l’amour pour être toujours désaltéré : « Demeurez dans mon amour. Je vous donne un commandement nouveau ». Mais souvenons-nous aussi que le chemin de l’amour passe toujours par le chemin de la Croix : « Il nous aima jusqu’au bout ».
De ce psaume 62, le Pape tire deux grands enseignements : l’un sur la soif qui nous habite ; l’autre, sur l’amour qui nous désaltère. La soif est un thème que peut parfaitement comprendre le peuple mongol vivant dans un désert aride. Mais l’eau est aussi un grand thème biblique. Ce qui fait la particularité singulière du symbole de l’eau est qu’on ne peut lui opposer aucun autre symbole. Car l’eau inclut en elle toutes les possibilités : vie et mort par exemple. Les symboles de l’eau sont nombreux et saint Jean a su parfaitement les utiliser. Il y a d’abord la source, symbole de pureté et de fraîcheur, de fécondité et de maternité. Il y a aussi le fleuve, et pour les Juifs c’est essentiellement le Jourdain. Mais le fleuve présente une autre face qui est celle du danger. C’est ainsi que l’immersion signifie la mort, tandis que la remontée à la surface signifie la vie nouvelle engendrée par le baptême. Enfin la mer possède elle aussi deux sens symboliques qui sont surtout évoqués dans l’Apocalypse. Si donc la soif nous habite, il faut vérifier de quelle soif il s’agit : d’une soif engendrant la vie ou d’une soif engendrant la mort.
Aussi, devons-nous regarder le deuxième aspect : l’amour qui désaltère. C’est l’essentiel du contenu de la foi : Dieu Amour s’est incarné en prenant notre nature humaine complète, hormis le péché, pour nous sauver. C’est pourquoi, comme le dit saint Augustin : « Si nous nous reconnaissons hélas bien souvent dans l’assoiffé, nous devons également nous reconnaître dans le désaltéré ». Oui, tant de fois nous faisons l’expérience de l’aridité du désert, où nous ne rencontrons personne, sinon Dieu qui bien souvent se cache à nous, et le diable qui aboie si fort que nous croyons succomber. Mais non, nous devons nous désaltérer à l’eau de la grâce, que nous devons implorer de Marie, la Médiatrice de toutes grâces, en évitant toute mondanité et en perdant notre vie pour l’Évangile. Cela en vaut la peine.
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