La vertu des vertus oubliées

Publié le 21 Jan 2024
vertu

Un vrai dévot est un homme joyeux mais aussi un pénitent. Saint Jérôme dans le désert par Cima da Conegliano, Museum of Fine Arts (Budapest).

Dominicain, théologien, directeur de la Revue thomiste, le père Philippe-Marie Margelidon, après plusieurs ouvrages sur la grâce, les fins dernières ou le mal, vient de publier De quelques vertus oubliées. Il y explique, en suivant l’enseignement de saint Thomas d’Aquin, l’urgence de remettre au goût du jour trois de ces vertus « démodées » qui pourtant fondent la sainteté. Entretien.

 

Quelles sont ces vertus que vous considérez comme oubliées ? 

Il y a des vertus méconnues, celles dont nous parlerons dans un prochain livre, et il y a des vertus oubliées, trois exactement : la religion, qui est une vertu fondamentale pour l’homme qui est par nature un être religieux, ce que nos sociétés méconnaissent ; la chasteté, qui règle l’exercice de la sexualité, n’a pas la faveur du temps où la liberté sexuelle est une valeur majeure ; quant à la pénitence, hormis les repentances commandées, on ne peut pas dire qu’elle a la faveur des catholiques. Ce sont trois vertus, profondément humaines, ascétiques sans aucun doute, pour notre époque peu portée à l’ascèse, encore moins à la mortification, pourtant elles façonnent de belles humanités, mieux encore des saints.   

Plus largement, les vertus dans leur ensemble n’appartiennent-elles pas à un monde passé ? 

Le monde des vertus n’a pas la côte c’est vrai, ça ne date pas d’aujourd’hui, mais encore une fois on ne peut s’en passer. La vie morale ça se construit, on l’éduque par l’acquisition des bonnes dispositions. Ce n’est pas théorique, c’est pratique. Le sens du bien consiste non seulement à éviter de faire le mal, mais à former en nous ce qui est bel et bon, voilà ce que font les vertus.  

Qu’est-ce que la vertu de religion exactement ?

C’est la vertu du culte à rendre à Dieu, ce que nous lui devons en justice. Nous l’honorons par des actes cultuels d’adoration, par des prières et des sacrifices, qui sont l’expression de notre dévotion. Le mot dévotion qui est religion exprime cette ferveur, cet empressement, que la foi et la charité théologale suscitent et animent.   

La chasteté a complètement disparu jusque dans les discours chrétiens. 

La chasteté semble ridicule. On n’en parle pas à l’heure de la liberté sexuelle, ou si peu. Les comportements sexuels qui ne sont pas réglés par la vertu de chasteté conduisent à des aberrations dont les médias nous…

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Philippe Maxence

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