À la tête de son pays depuis un an, la présidente du Conseil des ministres, issue du mouvement Fratelli d’Italia, a-t-elle atteint ses objectifs, face au chantage au plan de relance de l’Union européenne, entre l’urgence migratoire et les juges rouges, le soutien à la famille et la dégauchisation des institutions culturelles ? Analyse par une spécialiste de la politique italienne.
Lorsque, le 25 septembre 2022, Giorgia Meloni remporte les élections législatives italiennes, mettant fin à dix années de gouvernements de gauche, toutes les chancelleries européennes, relayées par le système médiatique poussent des cris d’orfraie. On exhume son passé militant au MSI (Mouvement social italien, héritier du post-fascisme d’après-guerre) qu’elle n’a jamais renié, on s’interroge sur la volonté de fer de ce petit bout de femme. Giorgia Meloni a bénéficié lors de cette élection de la prise de conscience du peuple italien de s’être fait voler son destin à coups de gouvernements « techniques », c’est-à-dire non élus, comme celui de Mario Monti (2011-2013), qui furent en réalité des gestionnaires de l’application de la politique – souvent d’austérité – décidée par la Commission européenne.
Un avenir de plus grande liberté
Lors de son discours de politique générale en octobre 2022, elle déclarait : « ce que nous voulons faire, c’est libérer les meilleures énergies de cette nation et garantir aux Italiens, à tous les Italiens, un avenir de plus grande liberté, justice, bien-être et sécurité. Et si pour cela nous devons mécontenter certains potentats ou faire des choix qui pourraient ne pas être compris dans l’immédiat par certains citoyens, nous ne reculerons pas. » Quel bilan peut-on dresser de la première année au pouvoir du gouvernement Meloni ? A-t-elle réussi à incarner une vision, à mettre en œuvre son projet de redressement et de reconquête culturelle ? Les défis à relever sont de taille et embrassent tout le spectre de la vie politique, économique, sociale, culturelle, diplomatique d’un pays. La guerre en Ukraine a vu, sans surprise, Giorgia Meloni s’aligner sur des positions résolument atlantistes, multiplier les manifestations d’amitié envers Volodymyr Zelensky autant que les livraisons de matériel militaire. Pourquoi cet atlantisme sans conditions ? L’Italie, en état de faiblesse économique et structurelle, n’avait pas les moyens de faire entendre une voix un tant soit peu dissonante dans le concert européen pro-ukrainien. Par le biais de ce soutien à l’Ukraine, Giorgia Meloni entendait également désarmer l’hostilité des gouvernants européens à son égard. Présidente du…