Poursuivant son enseignement sur le décalogue, le Pape en arrive à la sixième parole : « Tu ne commettras pas d’adultère ». Une lecture chrétienne de ce commandement doit se faire à la lumière de l’enseignement de Jésus sur le mariage qui se réfère aux origines. La dimension affective et sexuelle de l’homme doit être jugée par la création de l’homme et de la femme qui, unis, ne forment plus qu’une seule chair, si bien que l’on ne pourra jamais désunir ce que Dieu a uni. Pour bien comprendre également ce commandement qui réclame fidélité et loyauté totales, il faut se rappeler de l’importance de l’Alliance dans la Bible. Dieu est un Dieu jaloux qui ne supporte pas l’adultère. Le prophète Osée, qui a expérimenté dans sa chair les ravages de ce péché, nous a transmis un enseignement toujours valable sur la fidélité éternelle de Dieu qui devient miséricorde face à son peuple à la nuque raide qui ne cesse de le trahir. La fidélité implique en conséquence la durée dans le temps et donc le caractère indissoluble et définitif du lien conjugal. Si nos contemporains ont tant de mal à le comprendre, c’est que les notions de gratuité dans l’amour et de durée ont complètement disparu de leur esprit. On veut s’essayer avant de prendre un engagement définitif, ou encore s’aimer uniquement pour un temps, en ne comprenant pas que la fidélité est exigée par la liberté qui en face de Dieu prend une décision responsable. L’amitié elle-même exige déjà la durée, car on ne s’aime vraiment que pour toujours. À plus forte raison quand on s’engage dans un lien qui unit deux êtres jusque dans leur chair.
L’homme éprouve un besoin d’être aimé sans conditions. Dans la ligne du prophète Isaïe, Jésus ne cesse de nous le rappeler. Il nous a enseigné l’amour authentique en nous montrant l’amour qu’il avait de toute éternité pour son Père. C’est pourquoi toute médiocrité et tout compromis dans ce domaine conduisent à la ruine de l’amour et à la caricature du sacrement du mariage signe de l’amour du Christ pour son Église. Le mariage est certes un risque et, pour fortifier les contractants, le Christ en a fait un sacrement qui procure la grâce quotidienne de répondre toujours oui à l’engagement donné une fois pour toutes. Mais pour se garder de toute illusion en ce domaine, on doit aller au fond des choses. L’amour véritable ne s’arrête pas à l’affectif, au plaisir éprouvé devant une beauté passagère. Il atteint le cœur même de la personne. Pour être fidèle à son conjoint, il faut l’aimer d’un amour authentique qui ne s’arrête pas à l’attraction physique, mais atteint le conjoint dans sa profonde intimité, ce qui exigera à l’évidence l’union constamment renforcée par la persévérance. Il faudrait ici méditer toutes les catéchèses de Jean-Paul II sur la théologie du corps, en ne lui faisant cependant pas dire ce qu’il ne dit pas, ni en l’opposant à ses prédécesseurs en particulier à Paul VI qui a si bien parlé du sacrement du mariage dans Humanæ vitæ. Mais sans le Christ, sans sa grâce, cette fidélité demeure impossible. Et pour recevoir efficacement cette grâce dans le Sacrement, pour apprendre avec Marie à être fidèle même dans la maladie, le handicap l’épreuve ou la tentation, pour apprendre à devenir mature, une préparation est nécessaire : c’est le temps des fiançailles, comme l’avait rappelé Jean-Paul II aux jeunes à Gerland. Avec le Christ, avec Marie, la fidélité est possible, comme l’ont montré tant de saints couples, dont les Martin canonisés par l’Église.