L’avortement, c’est cool

Publié le 08 Mar 2013
L'avortement, c'est cool L'Homme Nouveau

« J’ai avorté, je vais bien, merci ! ». Elles se disent filles des 343 salopes, celles qui, en 1971, avaient signé dans Le Nouvel Observateur une tribune où elles affirmaient s’être fait avorter, pratique encore illégale à l’époque. Elles pensent que « si en France, on ne meurt plus en avortant depuis 1975, en revanche, on est encore sommée d’en crever… de honte et de culpabilité. » Elles ont créé le site www.jevaisbienmerci.net pour dire haut et fort que l’avortement est un droit et non un drame, pour dire qu’elles ont avorté et qu’elles s’en portent fort bien, merci pour elles.

Le 17 janvier, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, s’était émue, lors de la célébration du 38e anniversaire de la loi Veil à la maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis), de la présence massive sur Internet de sites de désinformation sur l’IVG, comprenez, de sites pro-vie. « Trop bien référencés », ces sites sont souvent les premiers consultés par les femmes qui désirent se renseigner sur l’avortement. Najat Vallaud-Belkacem, considérant toute pensée différente de la sienne comme de la désinformation, avait donc annoncé la création prochaine d’un site officiel sur la question et appelé à la mobilisation afin d’étouffer un discours « faux » et « culpabilisateur » sur l’avortement. 

IVG1

Les témoignages ont fleuri, de femmes heureuses et fières d’avoir pu disposer de leur corps, et de celui de leur enfant par la même occasion. Les séquelles psychologiques invoquées par les militants pro-vie ne seraient que foutaises, et tant pis pour toutes ces femmes qui ont versé des larmes en prenant conscience de l’acte qu’elles avaient posé. Tant pis pour celles qui, des années après s’être fait cureter l’utérus par un médecin sans conscience, comptent de jour en jour l’âge de celui ou celle qui pourrait être à leurs côtés si seulement elles avaient su… si seulement elles avaient pu…

Sur www.jevaisbienmerci.net, la chose a pourtant l’air si simple… Une image montre une femme, deux aiguilles à tricoter ensanglantées dans les mains. La légende indique : « Des moyens pour l’IVG !!! Le grand retour du fait-maison ! Les filles, remettez-vous au tricot ! ».

L’indécence couplée à l’immondice…

Mais les filles des 343 salopes ne sont pas seulement drôles, elles sont aussi informées et désireuses de partager leur science, aussi proposent-elles un vade-mecum « Comment repérer ces sites qui vous manipulent ? ». 

Elles citent www.ivg.net, www.sos-tout-petits.org, www.laissezlesvivre.free.fr et dénoncent tous ces sites qui dédramatisent la grossesse, expliquent que l’avortement n’est pas un acte anodin, publient des témoignages de femmes qui regrettent leur geste. Une petite dizaine de critères sont référencés, qui devraient permettre à toutes les femmes d’échapper aux mensonges…

« Ce blog a pour vocation d’être un espace de parole pour les femmes, qu’elles puissent en toute tranquillité témoigner, sans craindre que leurs témoignages ne soient l’objet de jugement ou de débat », lit-on sur le même site. On se réjouit quelques secondes de cette belle affirmation de la liberté d’expression avant de lire la suite du texte : « Notre blog est modéré a priori. Nous ne publions pas de texte tenant un discours clairement anti-ivg ou clamant que l’IVG est un drame. » Autrement dit, les témoignages ne sont pas jugés… sauf lorsqu’ils sont jugés non conformes à l’idéologie qui meut ces filles de salopes (ce n’est pas moi qui le dis…).

Des couleurs vives, une ligne graphique « jeune », un semblant d’humour, des témoignages-chocs… L’avortement n’est plus seulement une réponse douloureuse mais jugée nécessaire à une situation de détresse, l’avortement c’est cool. L’avortement, c’est citoyen, moderne, jeune, tendance.

Et tant pis pour celles dont le cœur est brisé à vie.

Ce contenu pourrait vous intéresser

Société

L’homme transformé (3/3) | Résister à l’emprise du monde moderne

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Face à un système fondé sur le consensus, la conformité et la servitude volontaire, la résistance ne peut plus prendre la forme des révoltes d’hier. Elle passe aujourd’hui par la lucidité, la formation intellectuelle et la reconstruction d’une vie réellement libre.

+

l’homme transformé totalitarisme
Société

L’homme transformé (2/3) | La métempsychose du totalitarisme

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Sous des formes nouvelles, le totalitarisme poursuit son œuvre de domination. Né du rejet de l’héritage chrétien et de la volonté de refonder l’homme, il s’est recomposé dans les sociétés libérales contemporaines. Sans violence apparente, mais par l’idéologie, le contrôle social et le déracinement, il impose désormais une version de lui-même d’allure douce.

+

homme transformé totalitarisme
Société

L’homme transformé (1/3) | Du totalitarisme au transhumanisme, la tentation de l’homme transformé

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Dans son essai L’Homme transformé, Philippe Pichot Bravard analyse un fil rouge de l’histoire moderne : la volonté de créer un « homme nouveau ». Des régimes totalitaires du XXᵉ siècle aux projets transhumanistes, cette utopie revient sous des formes différentes mais garde la même logique. Entretien.

+

homme transformé homme nouveau
Société

La messe n’est pas dite : Zemmour réclame une bouée trouée

L’Essentiel de Thibaud Collin | Dans son nouvel essai La messe n’est pas dite, Éric Zemmour en appelle à un « sursaut judéo-chrétien » pour sauver la France. Mais sous couvert d’un éloge du catholicisme, l’auteur ne réduit-il pas la foi chrétienne à un simple outil civilisationnel ? Une vision politique, historique et culturelle qui oublie l’essentiel : la source spirituelle de la France chrétienne.

+

la messe n’est pas dite zemmour
Société

« Mourir pour la vérité » de Corentin Dugast : reconstruire notre vie intérieure

Entretien | Dans son nouveau livre, Mourir pour la vérité, Corentin Dugast rend hommage à Charlie Kirk, figure chrétienne assassinée pour son engagement, et appelle les catholiques à renouer avec une vie intérieure authentique. Entre prière, combat doctrinal et exigence de vérité, il invite à sortir de l’indignation permanente pour retrouver un témoignage chrétien ferme, paisible et profondément incarné.

+

Charlie kirk Amérique Corentin Dugast