Le centurion qui crut en Jésus (3/3) : À quoi servent les miracles ?

Publié le 22 Mar 2024
miracles
Signe ou effet de la puissance divine, les miracles conduisent-ils certainement à la foi ? Quelle est leur raison d’être profonde ? Une réflexion déjà conduite au Moyen Âge par saint Thomas d’Aquin et prolongée au XXe siècle par le père de Broglie.

  «Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » : face au paradoxal miracle de la Croix, le centurion confesse la divinité du Christ. Dix-neuf siècles plus tard (1902), à Lourdes, le Dr Alexis Carrel assiste à une guérison fulgurante : le futur prix Nobel reconnaît l’inutilité de la médecine face à l’impossible mais ne croit pas pour autant. Sa conversion attendra trente-six ans. Onze ans auparavant (1891), Émile Zola avait fait le même pèlerinage et assisté à deux miracles, revenant pourtant plus incrédule que jamais. Le miracle provoque-t-il la foi ? À quoi sert-il en définitive ?  

Le miracle, signe ou effet ? 

Le père Guy de Broglie oppose deux aspects du miracle, qui peut être considéré selon lui en tant que fait extraordinaire – c’est l’aspect métaphysique ou le « miracle effet » –, ou en tant que signe du surnaturel (1). En disciple de saint Augustin, il voit d’abord dans le miracle un signe propre à attirer l’attention des hommes vers le message chrétien : en tranchant sur le cours des choses et suscitant l’étonnement, il agit plus comme une invitation à croire que comme une démonstration rigoureuse ou une garantie directe de la divinité de la doctrine. Pour le père de Broglie, le miracle serait donc avant tout noétique – un signe. Il semble aller jusqu’à reprocher implicitement à saint Thomas d’insister sur le fait miraculeux comme effet de la puissance divine et sur la notion de miracle métaphysique, trop hasardeuse, difficile à définir et à assurer.  

Chez saint Thomas d’Aquin 

Or il ne nous semble pas que saint Thomas ait ignoré cet aspect essentiel du miracle en tant que signe, qui nous aidera à circonscrire sa raison d’être. Notons toutefois que, fidèle à sa démarche réaliste, héritée d’Aristote, le Docteur angélique ne s’intéresse pas seulement à la connaissance humaine mais d’abord à la réalité qui en est l’objet. Dans le miracle, il considère le fait, non pas isolé mais en rapport à sa cause : «il y a miracle quand un effet est produit en dehors de l’ordre de la cause propre qui est apte par nature à le produire » (2). Mais…

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Abbé Paul Roy (FSSP)

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