Le chevalier de Limoëlan : de la chouannerie à la prêtrise

Publié le 21 Nov 2023

L'attentat de la rue Saint-Nicaise contre Napoléon, le 24 décembre 1800. © Collection Michel Hennin. Estampes relatives à l'Histoire de France. Tome 144.

Joseph de Limoëlan est né en 1768, deux mois après Chateaubriand, qui sera son condisciple au collège, et neuf mois avant Bonaparte, celui qu’il essaiera de tuer, le 3 nivôse an IX, dans l’attentat de la rue Saint-Nicaise, à l’aide de la fameuse « machine infernale ». Il revit sous la plume précise de René d’Ambrières, son biographe.

 

Qu’est-ce qui vous a conduit à vous intéresser au personnage de Joseph de Limoëlan ?

C’est d’abord le pays de Saint-Malo et de Lamballe, que je connais fort bien, qui m’a fait découvrir cette illustre famille d’armateurs malouins, les Picot, dont sont issus le père Pierre Picot de Clorivière et Joseph Picot de Limoëlan. C’est ensuite le destin incroyable de Joseph, sur lequel les historiens comme Lenotre se sont penchés, mais qui nécessitait un approfondissement sur plusieurs aspects, en particulier sur le rapport de Joseph avec la religion. Enfin c’est la richesse des archives que j’ai trouvées, tant en France qu’aux États-Unis, en commençant ce travail, et qui m’a assuré de pouvoir faire une biographie sans impasse.  

Quelles furent les réactions des divers membres de cette famille malouine à l’arrivée de la Révolution ?

À l’approche de la Révolution, le père de Joseph de Limoëlan avait depuis longtemps quitté le commerce maritime et vivait noblement dans sa campagne bretonne qu’il avait embellie d’un beau manoir. Il était ouvert aux idées philosophiques et accueillit aussi favorablement que paisiblement le début de la Révolution en participant aux nouvelles institutions locales. Au contraire, le frère de son père, le père de Clorivière, dès les États généraux, pressentit qu’il n’y aurait rien de bon à attendre pour l’Église, et même pour la France, de ce mouvement. Inversement, la mère de Limoëlan adhéra au parti de la Révolution à Nantes, où Fouché commença sa carrière politique. Sans s’associer aux excès, elle encourageait la Révolution naissante. Dès l’époque de la fuite à Varennes, la famille Picot prit ses distances avec la Révolution, en particulier à cause des atteintes à la liberté de la religion, à tel point que le père de Joseph adhéra à la conjuration de La Rouërie et fut guillotiné le 18 juin 1793.  

Son oncle paternel, le père de Clorivière, a-t-il eu une grande influence sur Joseph ?

Le père de Clorivière devint dès le début de la Révolution le directeur de conscience de Joseph. Avec patience, il lui indiquait au fil de longues lettres les chemins de la foi et…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Anne Le Pape

Ce contenu pourrait vous intéresser

Culture

Ce que l’Europe et l’Amérique doivent à l’Espagne. Entretien avec Marcelo Gullo (1/2)

Entretien partie 1 | Le 7 octobre, l'historien et politologue argentin Marcelo Gullo Omedeo publiait son dernier ouvrage, Lepanto : Cuando España salvó a Europa (Lépante. Quand l'Espagne a sauvé l’Europe). À cette occasion, Arnaud Imatz, docteur en sciences politiques et hispaniste, s’est entretenu avec l’auteur sur l’apport de l’Espagne dans l’histoire de l’Europe et des Amériques.

+

Espagne
ÉgliseLectures

Carte blanche : L’« épouvantail » Rampolla

Jean-Marc Ticchi, spécialiste de l’histoire de l’Église au tournant des XIXᵉ et XXᵉ siècles, offre la première biographie historique du cardinal Rampolla (1843-1913), secrétaire d’État de Léon XIII pendant plus de quinze ans, et qui a eu, dès son vivant, une mauvaise réputation dans certains milieux.

+

cardinal Mariano Rampolla