Le Christ est la lumière et la Vie

Publié le 14 Avr 2017
Le Christ est la lumière et la Vie L'Homme Nouveau

Lors de son récent voyage en Romagne, le Pape lors de la messe à Carpi le 2 avril a commenté l’évangile du jour, celui de la résurrection de Lazare. Ce passage émouvant annonce avant même la résurrection du Christ qui sera d’un tout autre ordre, la victoire du Rédempteur sur la mort. C’est le dernier miracle accompli par Jésus avant sa Pâque. Tout semblait définitivement terminé pour Lazare au tombeau depuis quatre jours. Le récit extraordinairement vivant et détaillé se déroule avec une parfaite harmonie, qui en fait l’un des joyaux de l’Évangile. Lazare, l’ami intime de Jésus, est malade. Jésus voit dans cette maladie une occasion providentielle pour glorifier son Père. C’est pourquoi il ne se rend pas tout de suite auprès de son ami, mais attend, pour passer aux actes, non seulement que Lazare soit mort, mais qu’il soit enterré. Jésus se décide alors à partir, mais ses disciples veulent l’en empêcher, craignant sa lapidation s’il revenait dans les environs de Jérusalem. Jésus leur rappelle qu’il est la lumière et qu’ils n’ont pas de crainte à avoir : marchant dans la lumière qui guide leurs pas, ils ne sauraient tomber dans les ténèbres. La nuit véritable viendra lorsqu’il leur sera enlevé. Alors, il ne leur sera plus possible de marcher, car ils auront perdu la lumière. Peu à peu, Jésus révèle son dessein, en annonçant finalement clairement que Lazare est mort. Alors, tout est en place pour que s’accomplisse le miracle et Jésus part pour Béthanie.

Une douleur partagée

Sur le point d’arriver, il rencontre Marthe qui, dans sa douleur, lui reproche doucement de ne pas avoir été là. Mais sa plainte se transforme en prière. Jésus comprend le désir et le souhait profond de Marthe, mais n’acquiesce pas tout de suite, pour la faire grandir dans la foi, car c’est bien lui, Jésus, qui est la « Résurrection et la vie. Quiconque vit en lui ne mourra pas ». Jésus, comme pour tous les autres miracles, demande avant tout la foi. Et, c’est devant la foi de Marthe qu’il interviendra. Jésus a donc entraîné Marthe, par la foi, au cœur même du mystère de Dieu, qui est un mystère de vie. Marthe pose un acte de foi remarquable dans la messianité et la divinité du Christ, comme l’avait fait Pierre sur le chemin de Césarée de Philippe. Marthe, comme la Samaritaine, se fait alors témoin, auprès de sa sœur Marie, en des termes très délicats : « Le Maître est là qui t’appelle ». Puis, Jésus se fait conduire au lieu de la sépulture de Lazare. Marthe, malgré la foi qu’elle venait de professer, semble reculer soudain. Jésus est ému jusqu’aux larmes, mais il n’hésite pas. Il sait que le miracle qu’il doit accomplir est pour la gloire de son Père. La résurrection s’accomplit alors.

Le Pape tire de ce magnifique épisode évangélique de profondes leçons spirituelles. Jésus, même aux heures les plus ténébreuses, pense aux autres, cherchant toujours à les consoler. Il ne fuit pas la souffrance, mais lui donne son sens véritable, l’homme n’étant pas fait pour la mort mais la vie. Or, c’est Jésus qui est la Vie. Telle est l’espérance du chrétien qui peut toujours prendre un nouveau départ et reconstruire ce qui aurait été détruit. Il faut quitter l’atmosphère du sépulcre pour le rencontrer en criant le Sursum Corda libérateur. On a tous un petit sépulcre dans notre cœur, une zone d’ombres qui doit être ressuscitée par le médecin céleste. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de sortir de son égoïsme pour aller jusqu’aux périphéries existentielles. Laissons donc Jésus par Marie ouvrir la tombe de notre mort spirituelle pour regarder la lumière de Dieu.

L’homélie du Pape

Les lectures d’aujourd’hui nous parlent du Dieu de la vie qui vainc la mort. Arrêtons-nous en particulier sur le dernier des signes miraculeux que Jésus accomplit avant sa Pâque, au tombeau de son ami Lazare.

Là, tout semble fini: la tombe est fermée par une grande pierre; autour, il n’y a que pleurs et désolation. Jésus aussi est ébranlé par le mystère dramatique de la perte d’une personne chère: il «frémit en son esprit», et «se troubla» (Jn 11, 33). Puis il «pleura» (v. 35) et il se rendit au tombeau, dit l’Évangile, «frémissant à nouveau en lui-même» (v. 38). Tel est le cœur de Dieu: loin du mal, mais proche de celui qui souffre; il ne fait pas disparaître le mal de façon magique, mais il compatit à la souffrance, il la fait sienne et la transforme en l’habitant.

Mais remarquons qu’au milieu de la désolation générale due à la mort de Lazare, Jésus ne se laisse pas emporter par le découragement. Bien que souffrant lui-même, il demande que l’on croie fermement; il ne s’enferme pas dans les pleurs, mais, bouleversé, se met en marche vers le tombeau. Il ne se laisse pas envahir par l’atmosphère d’émotion résignée qui l’entoure, mais il prie avec confiance et il dit: «Père, je te rends grâce» (v. 41). Ainsi, dans le mystère de la souffrance, face auquel la pensée et le progrès se brisent comme des mouches sur une vitre, Jésus nous offre l’exemple de la manière de nous comporter: il ne fuit pas la souffrance, qui appartient à cette vie, mais il ne se laisse pas emprisonner par le pessimisme.

La défaite du tombeau

Autour de ce tombeau, a ainsi lieu une grande rencontre-affrontement. D’une part, il y a la grande déception, la précarité de notre vie mortelle qui, traversée par l’angoisse de la mort, fait souvent l’expérience de la défaite, d’une obscurité intérieure qui paraît insurmontable. Notre âme, créée pour la vie, souffre en sentant que sa soif d’un bien éternel est oppressée par un mal antique et obscur. D’un côté, il y a cette défaite du tombeau. Mais de l’autre côté, il y a l’espérance qui vainc la mort et le mal, et qui a un nom: l’espérance s’appelle Jésus. Il n’apporte pas un peu de bien-être ou un remède quelconque pour allonger la vie, mais il proclame: «Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra» (v. 25). C’est pourquoi il dit avec décision: «Enlevez la pierre!» (v. 39) et à Lazare, il crie à grand voix: «Viens dehors!» (v. 43).

Chers frères et sœurs, nous aussi, nous sommes invités à décider de quel côté nous sommes. On peut être du côté du tombeau ou bien du côté de Jésus. Certains se laissent enfermer dans la tristesse et d’autres s’ouvrent à l’espérance. Certains restent piégés par les décombres de la vie et certains, comme vous, avec l’aide de Dieu, soulèvent les décombres et reconstruisent avec une patiente espérance.

Face aux grands «pourquoi» de la vie, deux voies s’offrent à nous: continuer à regarder de façon mélancolique les tombeaux d’hier et d’aujourd’hui, ou laisser Jésus s’approcher de nos tombeaux. Oui, parce que chacun de nous a déjà un petit tombeau, une zone un peu morte dans son cœur: une blessure, un tort subi ou fait, une rancœur qui ne laisse pas de répit, un remords qui revient encore et encore, un péché que l’on n’arrive pas à dépasser. Identifions aujourd’hui les petits tombeaux que nous avons à l’intérieur de nous et là, invitons Jésus. C’est étrange, mais souvent, nous préférons être seuls dans les grottes obscures que nous avons en nous, au lieu d’y inviter Jésus; nous sommes tentés de nous chercher toujours nous-mêmes, en ruminant et en sombrant dans l’angoisse, en léchant nos plaies, au lieu d’aller à Lui, qui dit: «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos» (Mt 11, 28). Ne nous laissons pas emprisonner par la tentation de rester seuls et découragés à pleurer sur nous-mêmes pour ce qui nous arrive; ne cédons pas à la logique inutile et peu concluante de la peur, à nous répéter, résignés, que tout va mal et que rien n’est plus comme autrefois. Il s’agit là de l’atmosphère du tombeau; le Seigneur désire au contraire ouvrir la voie de la vie, celle de la rencontre avec Lui, de la confiance en Lui, de la résurrection du cœur, la voie du «Lève-toi! Lève-toi, viens dehors!» Voilà ce que le Seigneur nous demande et Il est à nos côtés pour le faire.

Sortir de notre tristesse

Nous entendons alors les paroles de Jésus à Lazare adressées à chacun de nous: «Viens dehors!»; sors du blocage de la tristesse sans espérance; défais les liens de la peur qui entravent le chemin; aux liens des faiblesses et des inquiétudes qui te bloquent, répète que Dieu défait les nœuds. En suivant Jésus, apprenons à ne pas nouer nos vies autour des problèmes qui s’y enchevêtrent: il y aura toujours des problèmes, toujours, et quand on en résout un, ponctuellement il en arrive un autre. Mais nous pouvons trouver une nouvelle stabilité, et cette stabilité est précisément Jésus, cette stabilité s’appelle Jésus, qui est la résurrection et la vie: avec lui, la joie habite le cœur, l’espérance renaît, la douleur se transforme en paix, la peur en confiance, l’épreuve en offrande d’amour. Et même si les poids ne manqueront pas, il y aura toujours sa main qui relève, sa Parole qui encourage et nous dit à tous, à chacun de nous: «Viens dehors! Viens à moi!». Il nous dit à tous: «N’ayez pas peur».

À nous aussi, aujourd’hui comme alors, Jésus nous dit: «Enlevez la pierre!». Si lourd que soit le passé, si grand que soit le péché, si forte que soit la honte, ne barrons jamais l’entrée au Seigneur. Enlevons devant Lui cette pierre qui l’empêche d’entrer: voici le temps favorable pour enlever notre péché, notre attachement aux vanités mondaines, l’orgueil qui bloque notre âme, tant d’inimitiés entre nous, au sein des familles… Voici le moment favorable pour enlever toutes ces choses.

Visités et libérés par Jésus, demandons la grâce d’être des témoins de vie dans ce monde qui en est assoiffé, des témoins qui suscitent et ressuscitent l’espérance en Dieu dans les cœurs fatigués et alourdis par la tristesse. Notre annonce, c’est la joie du Seigneur vivant, qui aujourd’hui dit encore, comme à Ezéchiel: «Voici que j’ouvre vos tombeaux; je vais vous faire remonter de vos tombeaux, mon peuple» (Ez 37, 12).

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