Après le temps de Noël, l’évangile du Missel de 1970 évoque l’identité du Christ, déjà désigné comme la victime sacrificielle pour les péchés du monde, alors que la liturgie traditionnelle reprend l’épisode des noces de Cana, qui souligne le pouvoir d’intercession de Notre-Dame.
Une semaine après l’Épiphanie, la liturgie reste dans le climat d’adoration de l’Homme-Dieu qui se révèle.
L’Agneau sacrificiel
Dans l’évangile du Missel romain de 1970, deux disciples de Jean reconnaissent Jésus comme le Messie (Jn 1, 35-42). Au début de cet épisode, le Précurseur désigne une nouvelle fois Jésus comme l’Agneau de Dieu. Peu avant, il précisait même : « Voici celui qui enlève les péchés du monde » (v. 29). Sitôt achevé le cycle de Noël, nous voici donc, avec cette image sacrificielle, comme engagés dans celui de la Rédemption. Saint Augustin († 430), commentateur le plus souvent retenu par le Bréviaire romain pour l’évangile de saint Jean, précise qu’« à Jésus-Christ seul pouvaient s’appliquer réellement ces paroles : “Voici l’Agneau de Dieu”, parce que les hommes n’ont pu être rachetés que par le sang de cet Agneau unique » (7e Traité sur saint Jean). Les deux disciples de Jean, dont André, s’ils suivent alors Jésus, ne le font pas encore de façon exclusive ; cela viendra plus tard (cf. Mt 4, 19). Toutefois, à Jésus qui leur demande ce qu’ils cherchent, leur curiosité répond : « Rabbi, où demeures-tu ? » (Jean 1, 38) « Il leur montra où il demeurait, commente Augustin; ils vinrent et demeurèrent avec lui. Quel jour heureux ils vécurent, et quelle nuit bienheureuse ! Qui pourrait nous dire ce qu’ils entendirent des lèvres du Seigneur ? » (ibid.). Toujours est-il qu’ils reconnurent en lui le Messie, c’est-à-dire l’Oint, Christos, en grec (v. 41), ce qui peut surprendre a priori pour celui que Jean vient de qualifier d’agneau, car « ce terme est appliqué dans l’Ancien Testament avant tout au roi, puis aux prêtres, enfin de manière éminente au libérateur promis » (Xavier Léon-Dufour). Le libérateur d’Israël sera donc également une victime sacrificielle…
Les noces de Cana
Bien différent est le cadre de l’évangile du Missel romain de 1962 : « Il y eut des noces à Cana de Galilée » (Jn 2, 1-11). Dans la liturgie romaine, cet épisode fait partie, avec l’adoration des Mages et le baptême de Jésus, de l’Épiphanie. Ainsi chante-t-on, au soir de cette fête : « Aujourd’hui (…) l’eau est changée en vin au festin des noces » (vêpres). À la demande discrète de…