Entre le congrès de Vienne de 1815 et la proclamation de l’empire des Hohenzollern en 1871, une réaction eut lieu chez les catholiques allemands, en proie à l’hostilité des protestants et des instances dirigeantes. Un renouveau de l’identité, des symboles et de la foi qui se traduisit politiquement par la création du Deutsche Zentrumspartei en 1870.
Le renouveau historiographique récent a permis de donner un intérêt majeur à l’histoire religieuse allemande. L’Église catholique était auparavant essentiellement étudiée sous un angle institutionnel, ainsi que dans ses rapports avec le pouvoir politique. L’étude plus ou moins objective – selon les écoles – du fait religieux n’a fait qu’un retour très récent au sein des universités d’outre-Rhin (1), dans des domaines aussi variés que l’histoire sociale, l’histoire culturelle ou encore l’histoire des mentalités. Certains auteurs ont pointé du doigt la notion de « confessionnalisation », c’est-à-dire d’un « processus de distinction ou de différenciation confessionnelle entre catholiques et protestants en marche dans le Saint Empire depuis le XVIe siècle, qui s’est traduit dans le domaine religieux, mais aussi dans tous les aspects de la vie sociale et culturelle » (2). Ainsi, le Kulturkampf représente, pour Olaf Blaschke, une « deuxième période confessionnelle » (3) pour l’Allemagne, au cours de laquelle le catholicisme joua un rôle considérable.
À la recherche d’une identité catholique allemande
Par-delà le conflit qui opposa Rome et la hiérarchie catholique allemande au chancelier Bismarck, la période du Kulturkampf fut l’occasion d’une réaffirmation de l’identité catholique. La disparition du Saint Empire, en 1806, avait bouleversé la structure géopolitique de l’Allemagne et le vieux schéma imposé par la paix d’Augsbourg en 1555 – « tel prince, telle religion » – n’avait plus vraiment raison d’être. L’expansion prussienne, qui s’imposa définitivement en 1871 avec la proclamation de l’Empire allemand en faveur des Hohenzollern, favorisa la consolidation du milieu protestant et la diffusion d’une vigoureuse propagande anticatholique. Fortement imprégné des principes de Luther, Bismarck souhaitait fait de l’Église catholique « une Église nationale, complètement dépendante de l’État, comme l’Église protestante » (4). Les vieilles idées fébroniennes (5), désireuses de limiter l’influence et l’implication du Saint-Siège dans les affaires religieuses allemandes, dominaient dans le camp protestant et libéral. En dépit de ces bouleversements politiques et idéologiques, le catholicisme s’imposa comme « un symbole d’identité collective » (6) parmi ses fidèles. Dès le lendemain du congrès de Vienne (1815), les tensions apparurent entre les États protestants et les populations catholiques qui en dépendaient. Le conflit entre les…