Le Kivu congolais sous domination rwandaise 

Publié le 12 Mar 2025
Le Kivu congolais sous domination rwandaise  M23

Les troupes rebelles du M23 ont repris le contrôle de Goma en RDC. (Al Jazeera English, CC BY-SA 2.0) 

Depuis janvier 2025, la milice M23, sous commandement rwandais, a pénétré le Congo et pris le contrôle de Goma.

  Le 12 février, une délégation de représentants congolais des Églises catholique et protestante se rendait à Goma au Kivu, dans l’est de la RDC (République démocratique du Congo, ex-Zaïre et autrefois Congo belge). Les représentants de ces deux Églises venaient tenter une médiation avec Corneille Nangaa, le coordinateur de l’Alliance fleuve Congo (AFC), la couverture politique du M23. Pourquoi une médiation ? Parce que, latent depuis plusieurs années, un conflit s’est intensifié en janvier 2024 dans le Kivu à l’initiative de la milice dénommée M23. Dernièrement, le 26 janvier 2025, celle-ci prenait le contrôle de Goma et en chassait l’armée nationale de la RDC. Mais que représente le M23 ? Il s’agit d’une véritable armée présentée comme congolaise mais en réalité organisée, armée et largement commandée par des militaires de l’ethnie tutsie du Rwanda. C’est l’élément central à intégrer dans notre réflexion, le premier tiroir à ouvrir pour comprendre les racines d’un conflit à plusieurs facettes.

Remonter à la guerre au Rwanda

Il est nécessaire, pour éclairer la crise, de remonter à l’époque précédant l’indépendance du Rwanda, en 1962. La majorité, les Hutus, y a pris le pouvoir aux Tutsis, la minorité ethnique qui depuis des siècles gouvernait en maître. Ce renversement s’accompagne de plusieurs vagues de massacres de Tutsis dont beaucoup se réfugient en Ouganda. En 1987, ces derniers y forment le FPR (Front patriotique rwandais). Le 1er octobre 1990, le FPR lance une offensive militaire contre le gouvernement hutu du Rwanda à partir de l’Ouganda. C’est le début de la guerre civile. Elle se terminera avec un génocide contre les Tutsis, en 1993 et surtout en 1994, et la prise de contrôle du Rwanda par le FPR et son ethnie. Mais le « train » de la revanche tutsie cache un autre « train ». Sous les Hutus, le Rwanda était un pays francophone allié de la France. Comme la RDC qui lui est frontalière. En revanche, la plupart des États de la région, dont l’Ouganda, sont anglophones et proches des États-Unis, plus largement d’une mouvance anglo-saxonne à laquelle est agrégé l’État d’Israël. Cette mouvance compte étendre son influence dans la région aux dépens de celle de la France. Or, et c’est là le déclencheur économique de tout, le Rwanda, l’Ouganda et les autres sont pauvres en ressources…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Alain Chevalérias 

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneInternational

Un budget canadien controversé menace les organismes religieux et pro-vie

Le gouvernement canadien, sous la direction du Parti libéral, prépare son budget 2025, qui inclut des recommandations préoccupantes pour l’Église catholique, les organisations religieuses et les groupes pro-vie. Alors que Mark Carney, futur Premier ministre du Canada, s’apprête à prendre les rênes du pays le 28 mars, en pleine crise avec les États-Unis, la Conférence épiscopale canadienne (CECC) demande des comptes.

+

budget canada pro-vie
InternationalSociété

Intelligence artificielle (3/5) : Des enjeux géopolitiques et économiques de taille

DOSSIER « L’intelligence artificielle : entre innovation et responsabilité » | L'intelligence artificielle est devenue un enjeu majeur dans la compétition technologique mondiale, suscitant des investissements colossaux et des stratégies géopolitiques ambitieuses. Entre course à la puissance, dépendance aux capitaux privés et régulation incertaine, l'équilibre entre innovation et souveraineté reste à trouver.

+

Intelligence artificielle enjeux géopolitiques et économiques
International

Allemagne : la gauche écrasée

Décryptage | Les dernières élections législatives en Allemagne ont vu la victoire de la droite (208 sièges), suivie de près par l'extrême droite (152 sièges). La coalition de gauche qui était alors au pouvoir s'est effondrée.

+

allemand allemagne gauche