Le mariage de l’abbé Gréa : simple « départ » ou… faute grave et scandale ?

Publié le 20 Fév 2017
Le mariage de l’abbé Gréa : simple « départ » ou… faute grave et scandale ? L'Homme Nouveau

Le quotidien Le Progrès a annoncé le départ du célèbre curé lyonnais, David Gréa, de la paroisse Lyon-Centre-Sainte-Blandine et a publié le communiqué du diocèse de Lyon ainsi que la lettre de l’abbé Gréa à ses paroissiens, expliquant les raisons de ce départ. Ayant rencontré une femme, l’abbé Gréa a décidé de se marier. L’abbé Gréa est notamment connu pour les messes de sa paroisse, animées par le groupe Glorious, sur des rythmes très actuels et loin des règles liturgiques rappelées par le cardinal Sarah, sans même parler de la question du silence (cf. vidéo ci-dessous).

Les circonstances du « départ » du ministère de l’abbé David Gréa, l’emblématique curé de Sainte-Blandine de Lyon, posent bien des questions sur la manière dont on présente une telle nouvelle. En effet, je cours le risque de paraître « suranné » et « rigide » en rappelant que lorsqu’un prêtre « quitte » ou « renonce » au ministère (selon les expressions de la novlangue ecclésiastique « bien-pensante ») pour une femme, comme c’est le cas ici, il commet une faute grave, pour ne pas dire plus, car il piétine notamment l’engagement au célibat qu’il a prononcé devant la communauté ecclésiale le jour de son ordination diaconale. Il est donc très préoccupant de constater que, du moins pour le moment, ce « départ » est présenté comme le « parcours de vie » normal d’un prêtre très apprécié, qui franchit donc une nouvelle étape de son existence après un beau témoignage rendu à la dynamisation des paroisses du centre-ville de Lyon…« le sacerdoce à contrat déterminé», dont l’équivalent est le « mariage temporaire », n’est-il pas l’illustration de la « culture du déchet » dont parle le Pape François à propos de notre Occident décadent ? 

« Sois un saint prêtre »

De plus, il semble que tout va continuer comme auparavant à Sainte-Blandine : ainsi, « l’ami, le Père Arnaud » va prendre la relève, et il continuera à célébrer les « show-messes »… Je me suis souvenu de ce qu’avait dit au pape saint Pie X sa propre mère, le jour de son ordination sacerdotale :

« Sois un saint prêtre : je préférerais te voir mort plutôt que de constater que tu n’es pas fidèle aux promesses de ton ordination ».

Et plus récemment, j’ai bien connu une dame déjà âgée et aujourd’hui décédée, qui avait eu la douleur d’apprendre le « départ du sacerdoce » de son fils : trente ans plus tard, cette mère, une vraie « stabat mater », ressentait la même souffrance ; elle priait pour le salut de son fils, et elle faisait pénitence pour lui… Autre temps, autres mœurs ?

Quelle intégrité ?

Non : le mensonge, paré de faux bons sentiments, d’un côté, et la VERITÉ de l’autre ! Ainsi, dans l’affaire de l’abbé Grua, un terme revient, celui d’ « intégrité », qui fait sursauter, à moins que l’on ne connaisse plus le sens des mots. Certes, il s’agit de la version du prêtre, qui a bénéficié d’une entrevue avec le Pape François, accompagné de l’archevêque de Lyon, le Cardinal Barbarin. Le Pape et l’archevêque auraient donc loué son « intégrité »… L’article du journal « Le Progrès » fait aussi état de l’émotion de certains fidèles, qui avaient la larme à l’œil : était-ce dû au départ d’un prêtre « sympathique » et « dynamique », comme s’il s’agissait d’un changement de paroisse, ou de larmes de souffrance en présence de ce scandale, et, finalement, d’avoir été trompés ?

Deux questions

On peut espérer que les autorité hiérarchiques de l’Eglise, pour le bien des fidèles, fassent le point sur ces deux thèmes :

1. « Quitter » le sacerdoce est-ce encore une faute grave et un scandale ?

2. N’y-a-t-il pas un lien entre la manière, elle aussi, scandaleuse dont on traite, à Sainte-Blandine, en toute bonne conscience, la liturgie de l’Eglise, et donc le Christ lui-même substantiellement présent dans la sainte Eucharistie, à seule fin de « dynamiser » la pastorale, et le sacerdoce du prêtre, qu’une telle attitude met en péril ?…

Faute de répondre à ces questions, ces mêmes autorités pourraient être contraintes – elles ou leurs successeurs – à l’une de ces repentances, dont on a pris goût aujourd’hui, et qui, cette fois, serait pleinement justifiée. Alors, pour les prêtres fidèles qui éprouvent légitimement de la honte et une grande souffrance, pour la formation des séminaristes et pour tous ces jeunes qui sont appelés au sacerdoce, enfin pour les fidèles, autant ceux qui sont scandalisés (il y en a plus qu’on ne le croit) que ceux dont la conscience a besoin d’être éclairée, et aussi en souvenir de cette dame qui pleurait son fils prêtre infidèle, telle sainte Monique avant la conversion de saint Augustin, nous supplions l’autorité hiérarchique de l’Eglise de dire la VERITÉ sur ce scandale !

Documents

Communiqué du diocèse de Lyon :

« Le père David Gréa a fait part au cardinal Barbarin de ses questions liées au célibat sacerdotal et de sa décision de s’engager dans la vie conjugale. Après l’avoir écouté, l’évêque de Lyon a demandé au père David Gréa de prendre un temps de discernement et de recul, accompagné par le diocèse, et de quitter sa charge de curé de la paroisse Lyon Centre – Ste Blandine.

Le père David Gréa a écrit une lettre aux paroissiens de Ste Blandine pour leur expliquer sa situation. Le père Patrick Rollin, vicaire général, en charge de ce territoire, a fait lecture de cette lettre aux fidèles au cours de la Messe du dimanche 19 février 2017.

Le cardinal viendra à la rencontre des paroissiens de Ste Blandine pour les écouter et prier avec eux ; il célébrera les Messes du dimanche 5 mars à 10h30 et 18h30.

Un prêtre sera prochainement désigné pour administrer la paroisse dans l’attente d’une nomination d’un nouveau curé pour la rentrée de septembre.

Le diocèse souhaite que cette belle communauté poursuive son itinéraire selon ses charismes et sa vocation. Le cardinal Barbarin invite chacun à prier pour le Père David et pour les paroissiens de Lyon Centre – Ste Blandine. »

Lettre aux paroissiens  de l’abbé David Gréa

Chers frères et sœurs de l’église Lyon Centre Ste Blandine,
Depuis bientôt six ans, je vis avec vous un grand bonheur. Ensemble, nous avons patiemment cherché comment vivre et annoncer la foi selon ce que Dieu attendait de nous, pour ce lieu et pour ce temps. Nous avons mis la louange de Dieu au coeur de notre église, en cherchant à adopter un langage accessible et pertinent pour transformer nos coeurs et nos semaines. Ainsi, nous avons permis à de nombreuses personnes de revenir à l’Eglise et de s’y trouver bien, d’entendre l’Evangile d’une manière fraîche et de s’en trouver renouvelées. Nous avons développé une louange vivante, les parcours alpha et de nombreuses initiatives, en particulier un bel accueil et des liens fraternels magnifiques. J’ai vécu avec vous mes plus belles années de ministère et je rends grâce à Dieu pour tous ces beaux moments, en même temps que je vous en remercie du fond du coeur.

Heureux comme prêtre je suis convaincu d’être appelé par Dieu pour ce beau ministère. Il y a quelques temps, j’ai commencé à construire une relation avec une femme avec laquelle je pense que Dieu m’appelle a vivre. Je découvre une joie insoupçonnée qui me semble dans la continuité de ce que j’ai vécu jusque là en me donnant corps et âme à votre service. J’ai souhaité être en vérité avec l’Eglise en disant ma joie d’être prêtre et mon désir de me marier. J’en ai donc fait part au cardinal et nous avons évoqué l’idée d’un dialogue avec le pape. Cette rencontre en tête à tête a pu avoir lieu. ll m’a écouté avec bienveillance et a honoré ma démarche d’intégrité. Puis le pape et Mgr Barbarin ont échangé et notre évêque m’a demandé de prendre, dès à présent, un temps de discernement et de recul. C’est une tristesse pour moi de ne pas pouvoir terminer l’année avec vous et j’imagine que vous la partagez. J’aurais aimé vous parler aujourd’hui de vive voix, comme je l’ai fait chaque dimanche.

Je suis témoin de votre amour pour Dieu et je sais que vous cherchez à mettre Jésus au cœur de votre vie. J’ai vu notre communauté grandir en nombre, mais surtout dans la foi, changer d’attitude et s’impliquer dans la prière et dans le service. J’ai vu des chrétiens devenir véritablement adultes dans la foi. C’est pourquoi je veux vous dire mon admiration et ma reconnaissance, en particulier pour l’engagement fidèle de nombre d’entre vous. Je rends grâce à Dieu pour l’oeuvre qu’il accomplit depuis des années à sainte Blandine. J’ai confiance dans le fait que Dieu accompagnera l’équipe qui conduit l’église, et le père Arnaud, un ami qui m’est cher, et qui a accepté, avec l’accord de son supérieur, d’être davantage disponible jusqu’à l’été. Je prie pour notre église en me souvenant de ces paroles que nous entendons à chaque messe :  »Vraiment il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tous lieux. » »

p. David, le 19 février 2017

Vidéo du groupe Glorious lors d’une messe à la paroisse Lyon-centre

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSpiritualité

Europe : les pèlerinages en 2024

Les pèlerinages sont un phénomène quasiment universel. Le mot pèlerinage vient du latin peregrinatio qui exprime l’idée de « voyager loin » et dérive de per ager « à travers champs ». En passant par les lieux liés à la vie du Christ, ceux qui ont été sanctifiés par des apparitions mariales ou encore les nombreux sanctuaires liés à des saints, quels sont les succès et nouveautés des pèlerinages de l’année 2024 ? 

+

homme nouveau Chartres pèlerinage
ÉgliseLectures

Côté éditions | La Tradition liturgique, par Anne Le Pape

Les Éditions de L'Homme nouveau vous présentent La Tradition liturgique, Les rites catholiques, latins et orientaux, reçus des Apôtres, (Anne Le Pape, Novembre 2024, 98 pages, 15 €). Avec cet ouvrage sur les liturgies orientales, Anne Le Pape offre une enquête passionnante sur un univers souvent ressenti comme étranger, malgré l'appartenance de ces rites à l'Église catholique.

+

la tradition liturgique
ÉgliseThéologie

Un nouveau manuel de patristique

Carte blanche d'Yves Chiron | Le Nouveau Manuel de patristique qui vient de paraître chez Artège est appelé à devenir un livre de référence, « le Lagarde et Michard des Pères de l’Église », dit l’éditeur. L’ouvrage est publié sous la direction de Marie-Anne Vannier, rédactrice en chef de la revue Connaissance des Pères de l’Église depuis 1996 et professeur de théologie à l’université de Lorraine.

+

peres de leglise Louis Cazottes CC BY SA 4.0 Lavaur Cathedrale Saint Alain Chapelle des Peres de lEglise patristique
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Sanctus 8, De angelis (Messe des Anges)

Le Sanctus 8 est la plus ancienne des quatre pièces de l’ordinaire de la messe des anges, puisqu’il est daté du XIIe siècle. Il est représenté par une centaine, au moins, de sources manuscrites. Sa mélodie est reprise, sans que l’on puisse affirmer avec certitude laquelle des deux est l’original, dans l’antienne O quam suávis est des premières vêpres à Magnificat de la fête du Saint-Sacrement.

+

communion alleluia sanctus agnus