Le pape finit ses audiences sur la famille

Publié le 11 Nov 2015
Le pape finit ses audiences sur la famille L'Homme Nouveau

Le Pape termine la série d’audiences du mercredi consacrées à la famille par le thème de la fidélité. La famille étant une petite église domestique, elle participe comme elle, et comme auparavant Israël, à l’Alliance divine. La famille est fondée sur une promesse d’amour et de fidélité entre les deux époux, mais cette promesse est le signe de la promesse et de l’amour du Christ pour son Église. Déjà dans l’Ancien Testament, le Cantique des cantiques lu à Pâques, la fête juive par excellence qui commémorait la libération d’Égypte, chantait l’amour de Dieu pour son peuple fondé sur une alliance gage d’indéfectible fidélité. Dans le cadre du sacrement de mariage, la promesse entre les époux est au service des enfants désirés, accueillis et éduqués. C’est pourquoi toutes les fautes commises à un de ces trois stades sont des ruptures graves des promesses conjugales. Et on n’insistera jamais assez sur la gravité de l’avortement, mais aussi sur le manque d’éducation. Les promesses conjugales ne regardent pas simplement les parents mais aussi toute la famille fondée sur elles. Elles concernent encore toutes les relations étroites qui se noueront naturellement avec la société et les autres familles. Comme le souligne fortement le Pape, l’identité familiale s’élargit forcément, l’homme étant par nature social. Si une famille se referme sur elle-même, elle commet une offense non seulement envers le Créateur et envers elle-même, mais aussi envers la société et les autres familles. Elle se retranche dans ce qu’on appelle parfois le nosisme ou égoïsme à plusieurs.

Laxisme

De nos jours on le sait, le sens de la fidélité et de l’honneur s’est énormément affaibli. Le Pape y voit deux raisons principales. En premier lieu, et c’est évident, le laxisme hédoniste ambiant. Sous prétexte d’une fausse liberté, on en vient à proclamer comme des droits des désirs et des satisfactions non seulement purement égoïstes, mais encore antisociaux. Et pire, on en fait des droits de l’homme non négociables. D’autre part, le danger légaliste rôde et en vient à ne confier qu’au seul respect de la loi des liens spirituels et un engagement relationnel au bien commun. On fait fi du véritable amour qu’on ne pourra jamais codifier en termes législatifs. On supprime ainsi la véritable liberté et on aliène la beauté de l’engagement qui avant d’être juridique est un acte et une réponse d’amour. Sans liberté, il ne peut y avoir de mariage.

Le drame de l’infidélité provient donc finalement d’une fausse conception de la liberté, sur laquelle les papes depuis Léon XIII n’ont cessé de revenir. La liberté et la fidélité ne s’opposent pas. Au contraire, elles se soutiennent mutuellement. Et l’inflation de promesses non tenues à laquelle on assiste de nos jours, et pas seulement dans le mariage, s’avère un grand dommage tant pour les individus que pour les familles. Malheureusement, puisqu’on identifie la liberté au fait de vouloir ce que l’on veut, on prend un chemin sans issue. Pire, la notion de fidélité devient de plus en plus incompréhensible pour nos contemporains. Or le Pape rappelle que la fidélité aux promesses est en réalité le « véritable chef-d’œuvre de l’humanité Â». Notre monde vit sans amour, parce qu’il n’est pas libre mais esclave des contre façons de l’amour. Å’uvrons donc chacun à notre niveau pour que ce monde apostat retrouve le sens de la fidélité en retrouvant le sens de Dieu. Le grand moyen d’y parvenir est la prière et spécialement la prière à Marie par le chapelet, surtout celui récité dans des familles fidèles et unies.

L’audience du 21 octobre :

Dans la dernière méditation, nous avons réfléchi sur les promesses importantes que les parents font à leurs enfants, à partir du moment où ces derniers sont pensés dans l’amour et conçus dans leur sein.

Nous pouvons ajouter que, si l’on y réfléchit bien, la réalité familiale est fondée sur la promesse – il faut bien réfléchir à cela : l’identité familiale est fondée sur la promesse – : on peut dire que la famille vit de la promesse d’amour et de fidélité que l’homme et la femme se font l’un à l’autre. Celle-ci comporte l’engagement à accueillir et à éduquer les enfants ; mais elle se réalise aussi en prenant soin des parents âgés, en protégeant et en s’occupant des membres les plus faibles de la famille, en s’aidant mutuellement pour développer ses propres qualités et accepter ses limites. Et la promesse conjugale s’élargit pour partager les joies et les souffrances de tous les pères, les mères, les enfants, avec une généreuse ouverture à l’égard de la coexistence humaine et du bien commun. Une famille qui se ferme sur elle-même est comme une contradiction, une offense à la promesse qui l’a faite naître et la fait vivre. Ne l’oubliez jamais : l’identité de la famille est toujours une promesse qui s’élargit, et elle s’élargit à toute la famille et aussi à toute l’humanité.

De nos jours, l’honneur de la fidélité à la promesse de la vie familiale apparaît très affaiblie. D’une part parce qu’un droit mal compris de rechercher sa propre satisfaction, à tout prix et dans chaque rapport, est exalté comme un principe non négociable de liberté. D’autre part, parce que l’on confie uniquement au respect de la loi les liens de la vie de relation et d’engagement pour le bien commun. Mais en réalité, personne ne veut être aimé uniquement pour ses propres biens ou par obligation. L’amour, comme également l’amitié, doivent leur force et leur beauté précisément à ce fait: qu’ils créent un lien sans ôter la liberté. L’amour est libre, la promesse de la famille est libre, et c’est ce qui est beau. Sans liberté, il n’y a pas d’amitié, sans liberté il n’y a pas d’amour, sans liberté il n’y a pas de mariage.

La liberté et la fidélité ne s’opposent donc pas l’une à l’autre, elles se soutiennent même réciproquement, que ce soit dans les relations interpersonnelles, ou dans les relations sociales. En effet, si nous pensons aux dommages que produisent, dans la civilisation de la communication mondiale, l’inflation de promesses qui ne sont pas tenues, dans divers domaines, et l’indulgence à l’égard de l’infidélité à la parole donnée et aux engagements pris !

La richesse de fidélité

Oui, chers frères et sœurs, la fidélité est une promesse d’engagement qui s’autoréalise, en grandissant dans la libre obéissance à la parole donnée. La fidélité est une confiance qui « veut » être réellement partagée, et une espérance qui « veut » être cultivée ensemble. Et en parlant de fidélité, il me vient à l’esprit que les personnes âgées, nos grands-parents disent : « À cette époque, quand on faisait un accord, une poignée de main était suffisante, car la fidélité aux promesses existait ». Et cela aussi, qui est un fait social, a origine dans la famille, dans la poignée de main de l’homme et de la femme pour aller de l’avant ensemble, pour toute la vie.

La fidélité aux promesses est un véritable chef-d’œuvre d’humanité ! Si nous regardons sa beauté audacieuse, nous sommes effrayés, mais si nous méprisons sa ténacité courageuse, nous sommes perdus. Aucune relation d’amour – aucune amitié, aucune forme d’amour, aucun bonheur du bien commun – n’arrive à la hauteur de notre désir et de notre espérance, s’il n’arrive pas à habiter ce miracle de l’âme. Et je dis « miracle », car la force et la persuasion de la fidélité, malgré tout, ne finissent pas de nous enchanter et de nous étonner. L’honneur à la parole donnée, la fidélité à la promesse, ne peuvent ni s’acheter ni se vendre. On ne peut pas obliger par la force, mais pas davantage protéger sans sacrifice.

Aucune autre école ne peut enseigner la vérité de l’amour, si la famille ne le fait pas. Aucune loi ne peut imposer la beauté et l’héritage de ce trésor de la dignité humaine, si le lien personnel entre amour et engendrement ne l’écrit pas dans notre chair.

Promesse de l’amour

Frères et sœurs, il est nécessaire de rendre son honneur social à la fidélité de l’amour: rendre son honneur social à la fidélité de l’amour ! Il est nécessaire de faire sortir de la clandestinité le miracle quotidien de millions d’hommes et de femmes qui régénèrent son fondement familial, dont chaque société vit, sans être en mesure de le garantir d’aucune autre façon. Ce n’est pas un hasard si ce principe de la fidélité à la promesse de l’amour et de l’engendrement est écrit dans la création de Dieu comme une bénédiction éternelle, à laquelle le monde est confié.

Si saint Paul peut affirmer que dans le lien familial est mystérieusement révélée une vérité décisive également pour le lien du Seigneur et de l’Église, cela veut dire que l’Église elle-même y trouve une bénédiction à conserver et de laquelle toujours apprendre, avant encore de l’enseigner et de la réglementer. Notre fidélité à la promesse est toujours confiée à la grâce et à la miséricorde de Dieu. L’amour pour la famille humaine, dans le bon et le mauvais sort, est un point d’honneur pour l’Église ! Que Dieu nous accorde d’être à la hauteur de cette promesse. Et prions aussi pour les pères du synode: que le Seigneur bénisse leur travail, exercé avec une fidélité créative, avec la confiance que Lui le premier, le Seigneur – Lui le premier ! –, est fidèle à ses promesses. Merci.

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