Depuis quelque temps, le bruit courait de la reconnaissance des vertus héroïques du père Jacques Sevin, l’un des fondateurs des Scouts de France. Le 10 janvier dernier, les évêques et cardinaux membres de la Congrégation pour les Causes de saints ont reconnu officiellement ses vertus. Le statut de vénérable sera probablement accordé fin juin lorsque le Pape Benoît XVI autorisera la publication du décret reconnaissant les vertus héroïques de Jacques Sevin. C’est donc une nouvelle étape franchie en vue de la béatification.
Né à Lille en 1882, décédé à Boran-sur-Oise au sein de la congrégation contemplative et missionnaire fémine de la Sainte-Croix de Jérusalem qu’il avait fondée, le père Sevin rencontre Robert Baden-Powell en 1913 et développe dès lors sa connaissance du scoutisme naissant. Il publie notamment un livre fondateur intitulé Le Scoutisme.
En 1920, il prend part à la création de la Fédération des Scouts de France, réunissant les différentes expériences de scoutisme catholique existant alors en France. Il donne à la nouvelle association non seulement toute son énergie, mais il la dote également de ses fondements pédagogiques par l’association des vertus du scoutisme et de celles de l’Évangile, dans une perspective catholique missionnaire et chevaleresque.
Ce fils de saint Ignace transmet la prière du saint aux scouts, développe la loi scoute de Baden-Powell, oriente le texte de la promesse dans un sens catholique et, plus généralement, constitue la base doctrinale du scoutisme catholique. Il forme à Chamarade une célèbre école de formation des chefs puis la Conférence internationale catholique du scoutisme.
En 1933, des luttes de personnes mais aussi des oppositions à son projet d’Ordre scout font qu’il est démis de ses fonctions au sein des Scouts de France. L’Ordre scout voit pourtant une première réalisation en 1944 par la fondation de la branche féminine de la Sainte-Croix de Jérusalem, engagée dans l’éducation des jeunes, à l’école de saint Ignace, des deux saintes Thérèse et du scoutisme. À la fin de sa vie, le père Sevin confie à Mgr Rupp la tâche de fonder la branche masculine, ce que réalisera le père Revet avec la Sainte-Croix de Riaumont.
La pédagogie développée par le père Sevin ainsi que les textes qu’il a fournis au scoutisme (promesse, prière scoute, loi scoute, etc.) forment aujourd’hui le bien commun de l’ensemble des associations de scoutisme catholique françaises, bien au-delà de l’Association des scouts et guides de France. Si ceux-ci ont abandonné la loi et la promesse formulée par le père Jacques Sevin, et jusqu’à la structure même organisant la pédagogie scoute héritée de Baden-Powell, les associations de scoutisme classique (Scouts d’Europe, Scouts unitaires de France, Europa-Scouts, Scouts de Riaumont, Scouts de Doran, etc.) continuent de les utiliser.
Introduite en 1989, la cause de béatification du père Sevin vient de franchir une nouvelle étape avec cette reconnaissance des vertus héroïques.
Pour aller plus loin :
– S’il plait à Dieu, toujours du père Alain Hocquemiller de la Sainte-Croix de Riaumont.
– Jacques Sevin de Mère Madeleine de la Sainte-Croix de Jérusalem.