Le problème israélo-palestinien est une histoire de famille, celle de frères ennemis dont les premiers furent Caïn et Abel. En l’occurrence, ce sont les fils d’Abraham – l’un, Isaac, le fils légitime, né de l’épouse, Sarah ; l’autre, Ismaël, celui de la servante. Dans l’héritage, la question survient : qui est le continuateur d’Abraham ? Tous les habitants de la région du Proche-Orient peuvent se réclamer de sa paternité : le patriarche fut celui qui jadis reçut la promesse et l’alliance avec le Très-Haut. Tous attendaient le Messie qui réglerait le litige. À l’époque de Jésus, la région est peuplée de païens et de croyants. En gros, les sectes juives – Esséniens, Saducéens et Pharisiens qui constituent l’élite – et les anawim, la masse des pauvres d’Israël, côte à côte avec les ismaélites, futurs adeptes de Mahomet et Bédouins du désert, sont des descendants d’Abraham. En face se trouvent les polythéistes de Sumer, d’Égypte, de Grèce, de Rome et de Perse. Tous ont été les témoins de la venue du Messie Jésus et l’ont entendu prêcher l’Évangile, lui qui prétend accomplir les prophéties des anciens ; tous ont pu constater les miracles, jusqu’à la Résurrection. Né juif, Jésus, mis à l’écart par les autorités religieuses, a des disciples qualifiés de chrétiens. La question utile surgit alors : qui reste juif et qui est chrétien ? Dans le chaos du temps, Jérôme écrit à Augustin qu’on ne peut pas être les deux à la fois, matériellement parlant. Cependant, deux réponses parmi d’autres me semblent pertinentes. La première de l’apôtre Paul et la deuxième du philosophe Blaise Pascal. Ces deux penseurs s’efforcent de définir en quoi consistent un « vrai juif » et un « vrai chrétien ». Le premier voit en ces chrétiens d’origine juive le « Nouvel Israël », non l’Israël de leurs pères qui versent dans le judaïsme rabbinique, légaliste et anecdotique. Le deuxième, philosophe et savant, voit la continuité entre vrais juifs et chrétiens spirituels. Car, argue-t-il, il y a bien deux sortes d’hommes en chaque religion – les hommes charnels et les spirituels. Si Pascal remarque une continuité entre vrais juifs et chrétiens spirituels, il note aussi la ressemblance entre païens et Juifs charnels. L’apôtre Paul écrit qu’Abraham eut foi en Dieu et de ce fait il conclut que les vrais fils d’Abraham, ce sont les croyants. Dieu créateur nous a légué des territoires matériels…
Pourquoi il n’y a pas la paix
Carte blanche de Judith Cabaud | Sans idéologie et sans préjugés, un constat simple vient à l’esprit : l’histoire ancienne et moderne nous démontre que ni les rois ni les empereurs et autres monarques – despotes ou libéraux – ne nous ont apporté une paix durable. Les Républiques, les confédérations et les parlements non plus. Au contraire.