Le Saint-Esprit dans ma vie : relier les dons du Saint-Esprit et les béatitudes

Publié le 02 Fév 2018
Le Saint-Esprit dans ma vie : relier les dons du Saint-Esprit et les béatitudes L'Homme Nouveau

Prieur de la Fraternité Saint-Vincent Ferrier, dont il est aussi le fondateur, le Père Louis-Marie de Blignières a publié récemment, Le Saint-esprit dans ma vie, un petit ouvrage qui allie avec intelligence spiritualité et théologie. Préfacé par Mgr David Macaire, ce livre qui n’hésite pas à aller au fond des choses tombe particulièrement à quelques jours de l’entrée en Carême. Si vous ne saviez pas encore quoi lire pendant cette période, n’hésitez plus ! Vous avez encore le temps de vous le procurer. En voici d’ailleurs un avant-goût.

Comme le souligne dans sa belle préface Mgr David Macaire, vous employez résolument la première personne du singulier dans cet ouvrage. Une note de la page 19 indique qu’il s’agit de rendre plus vivante la méditation. Est-ce la seule raison ?

Père Louis-Marie de Blignières : Mgr Macaire, sans se préoccuper outre mesure de l’humilité de l’auteur, écrit dans sa préface : « Le je de l’auteur, à l’instar des grands maîtres comme saint Augustin dans ses Confessions, est un je universel. Un je qui est tout autant celui du lecteur qui veut bien se laisser séduire par le Saint-Esprit dans sa vie. Ce je-là nous invite à adhérer intimement et à accueillir intérieurement le regard que Dieu pose sur chacun. » Oui, c’est bien le lecteur dans sa singularité qui est impliqué par cette figure littéraire du je. Dans la note dont vous parlez, j’explique pourquoi j’étends ce procédé aux citations des auteurs, qui utilisent souvent la première personne du pluriel. J’ai voulu éviter la rupture de style dans le texte, ainsi que la chute d’attention qui accompagne souvent les citations. D’une certaine façon, je cherche à entraîner le lecteur dans l’âme de ces géants de la spiritualité que je cite : « Ce qu’ils disent, ce qu’ils vivent, c’est moi, lecteur, qui le dis et qui le vis ». D’ailleurs un des fruits étonnants de l’Esprit Consolateur n’est-il pas l’unité des cœurs catholiques dans leur diversité ? Dès lors, quand saint Augustin, saint Thomas ou saint Jean de la Croix se font l’écho de ce que dit l’Esprit Saint dans leur âme, cela résonne en la mienne, et en celle du lecteur, comme un bien commun catholique qui devient mon propre bien.

Dans un passé récent, vous avez insisté dans d’autres textes sur la vertu de force et sur la nécessité d’une éducation virile. Cet usage de la première personne du singulier ne vise-t-elle pas aussi à engager le lecteur pour qu’il s’approprie virilement ce qu’il lit et médite ?

Sans doute. Faisons un parallèle avec la prédication sacrée. Elle doit s’adresser directement aux auditeurs, elle touchera leur conscience dans la mesure où ils se sentiront « pris à partie » par celui qui prêche : dans sa voix, la foi de leur baptême entend l’écho de Dieu. Notre Seigneur donne l’exemple, dans son enseignement direct, qui est souvent à la deuxième personne du singulier. « Insensé, cette nuit on te redemande ton âme » (Lc 12, 20). Le Prophète Nathan, pour reprocher à David son adultère et son homicide, lui raconte d’abord une parabole qui met en scène de façon vivante la monstruosité du crime, avant de lui percer le cœur par le fameux : « Tu es cet homme ! » (2 S 12, 7).

De même, me semble-t-il, la lecture spirituelle est un acte vital du lecteur, répondant à l’acte vital de l’auteur, qui cherche à n’être qu’un instrument du Saint-Esprit. L’« appropriation » que vous évoquez peut être vue comme une ascension vers le bien, qui comporte deux faces inséparables : l’une ascétique, l’autre mystique. Selon la première, on peut en effet parler de virilité. Et ceci même pour les femmes, d’après le mot savoureux de sainte Thérèse d’Avila à ses filles : « Seais hombres, hijas (Soyez des hommes, mes filles) » ! C’est cette face de l’ascension que saint Jean de la Croix décrit surtout dans la Subida, La Montée du Mont Carmel. Selon la seconde, que le Docteur mystique décrit dans la Noche, La Nuit obscure, l’âme se livre à l’action cachée du Saint-Esprit. Et c’est ainsi qu’elle devient elle-même. C’est ainsi qu’elle peut dire, de plus en plus en vérité, sous la motion de Dieu : je. Romano Guardini l’explique de façon saisissante dans son maître-livre : « Plus Dieu agit puissamment dans un homme, plus il le pénètre de part en part, et plus cet homme conquiert son véritable moi. […] Plus Dieu m’applique sa force créatrice, plus je deviens réel » (Le Seigneur, Alsatia, 1945, t. 2, pp. 172-173).

Est-il habituel d’associer comme vous le faites chaque don du Saint-Esprit à une béatitude ? Et pourquoi ce choix ?

À ma connaissance, cette correspondance a pour origine le Docteur de la grâce, saint Augustin. Il estime que le Sermon sur la Montagne de Notre Seigneur (Matthieu, chap. 5 et suiv.), contient « toute la perfection de la vie chrétienne ». Dans le texte qu’il lui consacre, il établit un parallèle entre les sept opérations du Saint-Esprit dont parle Isaïe (Is 11, 2) et les sept premières béatitudes, qui sont le prologue du Discours sur la Montagne (De sermone Domini in monte, livre 1, chap. 4). Saint Thomas d’Aquin souscrit à cette lecture. Dans la Somme de théologie, il met en forme, avec la sagesse de son génie théologique, la riche intuition du docteur d’Hippone. Il montre que les dons du Saint-Esprit sont des facultés stables qui, perfectionnant les vertus, rendent l’âme (en état de grâce) sensible en permanence aux souffles de l’Esprit (ST, I-II, q. 68).

L’Aquinate traite des béatitudes juste après (ST, I-II, q. 69), montrant qu’elles sont en fait des actes excellents, qui nous font marcher vers la Béatitude. Ces actes, l’âme peut les poser, parce qu’elle a en elle ces capacités stables de réception des grâces que sont les dons. Chaque don est comme une souplesse, une qualification, qui permet à nos facultés de faire, avec le mode divin que le Saint-Esprit met dans nos facultés, des actes qui nous rapprochent du Ciel. Le don de crainte nous rend sensible à la grâce pour faire les actes de la pauvreté selon l’Esprit ; le don de conseil nous fait poser les actes de la suprême prudence qu’est la miséricorde ; le don d’intelligence nous fait contempler le mystère de Dieu, etc. C’est ainsi que Thomas explicite la richesse contenue dans le parallèle d’Augustin. Le Père Ambroise Gardeil a présenté de façon vivante cette connexion des dons aux béatitudes dans une retraite prêchée qui a été publiée dans notre collection Les classiques spirituels (DMM, 1994). Et c’est avec bonheur que je cherche à m’inscrire dans cette belle tradition.

Bien que nous l’invoquions chaque jour par le signe de la croix, le Saint-Esprit ne reste-t-il pas un grand inconnu pour la majorité d’entre nous ? 

Cette façon poétique de parler du Saint-Esprit comme d’un « grand inconnu » est en effet à la mode. Elle me semble discutable. Si l’on pose la question d’une connaissance spéculative, qui fait face à son objet, et qui peut s’exprimer en propositions, il est vrai qu’il est plus difficile de « connaître » le Saint-Esprit que le Verbe. Dans la Trinité, celui-là procède par mode d’amour, celui-ci procède par mode d’intelligence. Chacun sait qu’il est plus aisé de vivre l’amour pour une personne que d’en donner une définition satisfaisante.

En outre, c’est le Verbe qui s’est incarné, c’est lui qui s’est rendu accessible à la connaissance sensible des hommes. Il a proposé à nos intelligences le mystère de Dieu en propositions intelligibles. « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jn 1, 18). Alors que le Saint-Esprit, dans l’Économie du salut, est certes présent, mais Il est invisible en lui-même. Il se manifeste indirectement par quelques signes, comme la colombe au baptême du Christ. Sous ce rapport, le Père est d’ailleurs tout aussi « inconnu » que le Saint-Esprit.

Le Saint-Esprit est cependant bien connu, mais par connaturalité, par l’effet de l’amour de Dieu qu’il infuse en nos âmes. « L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5). C’est d’ailleurs par cette connaissance de sympathie spirituelle que nous connaissons notre filiation adoptive : « L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8, 16). De même que nous connaissons naturellement l’existence de Dieu par un effet, les perfections des créatures (cf. Rm 1, 19-20), de même nous connaissons la présence surnaturelle de la Trinité en nous par un effet, l’amour que le Saint-Esprit y répand.

Dira-t-on que cette connaissance affective (d’une affection spirituelle) n’est pas une connaissance ? Alors qu’en est-il de l’enfant qui aime sa mère, d’une façon qu’il ne peut exprimer, ou de l’époux qui sait aimer sa femme, mais qui découvre chaque jour qu’en fait il l’aime plus qu’il ne le savait jusqu’ici ? Faudra-t-il dire que ces amoureux ne connaissent pas l’objet de leur amour ? Personne ne s’y risquera.

Il faut aussi souligner que la transcendance de Dieu appelle cette connaissance par connaturalité dans un amour surnaturel. La connaissance spéculative que nous avons de lui, tant par les créatures (cf. Rm 1, 19-20) que, plus pleinement, par la foi en la révélation (cf. ST I, 12, 13, ad 1), reste enveloppée d’un profond mystère. Nous savons par exemple que Dieu est Être, Sagesse et Amour. Mais, dit saint Thomas, « nous sommes unis à lui comme inconnu » (SCG, livre III, chap. 49), car ces perfections subsistent en Dieu selon un mode divin ineffable. Nous ne pouvons que les étreindre, dans la foi perfectionnée par les dons, et dans l’adoration, précisément grâce au Saint-Esprit : « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; ce sont de tels adorateurs que le Père demande » (Jn 4, 23).

L’Esprit Saint est comme l’atmosphère que nous respirons dans la vie chrétienne, c’est l’oxygène qui nous permet de nous imprégner du mystère du Verbe, et ainsi nous conduit au Père. Nous allons vers le Père, par le Fils, dans l’Esprit. Dira-t-on que l’atmosphère terrestre ou la chaleur du soleil nous sont inconnues, seulement parce que nous baignons tellement en elles que nous n’y pensons pas ? Dira-t-on que le Saint-Esprit est un grand inconnu, parce que c’est en lui que nous connaissons ? Ce n’est pas l’avis d’un certain Basile de Césarée : « Le Paraclet, comme un soleil s’emparant d’un œil très pur, te montrera en lui-même l’Image de l’Invisible ; dans la bienheureuse contemplation de l’Image [le Fils], tu verras l’ineffable beauté de l’Archétype [le Père] » (Traité du Saint-Esprit, IX).

Vous offrez là un ensemble de méditations, s’appuyant sur les dons du Saint-Esprit et les Béatitudes. Livre spirituel donc, on y sent une constante fermeté doctrinale qui ne vise pas l’érudition, mais soutient la vie de prière. En quoi et comment la doctrine catholique peut-elle être source de vie spirituelle ?

Ce livre est l’aboutissement de nombreuses années de réflexion, de prédications et d’enseignements, soit aux novices de notre Fraternité, soit aux fidèles, notamment dans les Retraites du Rosaire. L’une des intuitions qui a présidé à la fondation de ces Retraites, puis de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, était la nécessité d’une intime union entre la vie doctrinale et la vie spirituelle. Saint Thomas d’Aquin et des maîtres de la tradition dominicaine, comme Gardeil, Garrigou-Lagrange, Guérard des Lauriers, m’ont convaincu qu’il fallait donner une très solide assise métaphysique, non seulement à la morale en général, mais en particulier à la spiritualité, sous peine de glisser, soit dans un fidéisme quiétiste, soit dans un activisme pélagien. C’est la contemplation désintéressée de la Vérité qui doit féconder la vie intérieure comme l’apostolat, selon la formule du Docteur commun : « Contempler et livrer aux autres le fruit de la contemplation ».

La recherche ingénieuse de l’efficacité ascétique et le souci préoccupant d’exercer une influence, sont, tôt ou tard, source de graves déconvenues, dans un ordre qui est celui de la gratuité… de la grâce. L’histoire de la spiritualité dans les temps modernes, avec certains courants nés à l’époque (mais pas à cause) de l’admirable Réforme tridentine (molinisme, probabilisme, volontarisme), a montré les faiblesses d’une formation qui n’enracine pas assez la vie spirituelle dans la contemplation des grands mystères : habitation de la Trinité dans notre âme et motion cachée du Saint-Esprit.

Cette tendance, quand elle ne débouche pas, sous couvert de « discernement », sur une casuistique malsaine, peut laisser sans ressource, lorsque sonne pour l’âme chrétienne l’heure des nécessaires purifications. Je suis persuadé que certains des catholiques qui abandonnent la pratique religieuse ne le feraient pas, si on leur parlait davantage de l’aspect mystique de la vie chrétienne et notamment des purifications passives. Les dons du Saint-Esprit sont nécessaires au salut, comme l’affirmait Léon XIII (Encyclique Divinum illud munus) à la suite de saint Thomas (ST, I-II, q. 68, a. 3). Il importe donc de savoir qu’ils existent et de connaître l’heureuse liberté qu’ils nous confèrent, pour tenir dans l’épreuve et pour aller à Dieu !

Des auteurs comme Max Weber et, plus proche de nous, Marcel Gauchet ont beaucoup parlé du lien entre le christianisme et le désenchantement du monde. Vous reprenez en quelque sorte l’expression, mais pour appeler à un « désenchantement salutaire » du monde. Qu’est-ce à dire ? 

Je parle de « désenchantement salutaire » à propos du don de science et de la béatitude de ceux qui pleurent. Oui, il y a une salutaire prise de conscience de la vanité du monde, conséquence du péché originel. Les « éléments du monde » (Ga 4, 3), comme parle saint Paul, ne sont pas des dieux ! En outre, les créatures gémissent dans la corruption d’un univers où la part de l’absurde cruauté est évidente. N’en déplaise aux contempteurs du christianisme – qui idéalisent d’ailleurs le paganisme –, c’est une gloire de la religion chrétienne d’avoir libéré les hommes de l’esclavage d’un monde magique ou prétendument divin – qu’il soit de type animiste, polythéiste ou panthéiste. Les missionnaires savent combien ceux qui quittent ces sphères religieuses sont éblouis, lorsqu’ils découvrent un Dieu personnel et provident qui les aime. C’est d’ailleurs en partie cette libération qui a permis l’essor de la science et de la technique modernes. 

Mais il ne faut pas oublier le deuxième effet du don de science : une « ascension vers le règne de Dieu ». Les créatures sont finies et elles sont blessées, certes, mais elles sont bonnes ! Ce sont des vestiges de Dieu, et, dans le cas de l’homme, des images de Dieu. Elles doivent conduire vers lui. Le cardinal Ratzinger soulignait naguère, contre les progressistes qui le contestent, l’importance d’une saine théologie de la nature comme porteuse d’une rationalité, non seulement mathématique, mais morale. Il stigmatisait l’attitude de l’homme moderne dont « le rapport avec la nature (qui désormais n’est donc plus création) reste celui de la manipulation et ne devient pas celui de l’écoute » (Difficultés de la foi dans l’Europe d’aujourd’hui, mai 1989, DC n° 1991).

Le chrétien, loin de se situer, à l’instar de certains athées ou agnostiques, dans un rapport de pure manipulation en face du cosmos, porte sur lui un regard contemplatif de respect et d’amour. Relisons les paraboles de l’Évangile, le Cantique des créatures de saint François, la Somme de théologie de saint Thomas d’Aquin, que Chesterton appelait « Thomas du Créateur ». Écoutons le magistère catholique, de Rerum novarum de Léon XIII à Laudato si de François, en passant par le discours au Bundestag de Benoît XVI. Il nous apparaîtra que ce n’est pas vraiment le christianisme qui est responsable de la dérive matérialiste, technologique et hédoniste actuelle, qui, après avoir abîmé la nature, est en train de détruire l’homme.

Certes, le christianisme a joué un rôle dans le désenchantement du monde ! Il a dit que le monde n’était pas Dieu et que l’homme était une vraie cause seconde responsable de ses actes. Faut-il le déplorer ? Faut-il lui attribuer les abus que la découverte de cette grandeur a en effet indirectement rendus possibles, et qui ont été souvent le fait de ses ennemis, les chantres d’un homme sans Dieu et donc d’un monde sans Créateur, offert à la rapacité des humains ? 

Votre ouvrage se termine par une prière pour recevoir son nom d’éternité. De quoi s’agit-il ?

Depuis une retraite de communion solennelle, où l’on m’avait offert un Nouveau Testament, je suis fasciné par le livre de l’Apocalypse. Un passage m’a toujours intrigué : « Au vainqueur, je donnerai de la manne cachée et je lui donnerai aussi un caillou blanc, un caillou portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit » (Ap 2, 17). Ce caillou avec un nom symbolise la façon singulière de chaque élu de participer à l’Éternité bienheureuse de Dieu, et de devenir ce que, de toute éternité, Dieu a voulu qu’il soit. Ce que saint Jean exprime par l’expression « nom nouveau », le nom étant pour les Sémites comme l’épiphanie de ce qu’est la personne qui le reçoit. C’est seulement en arrivant au Ciel que l’on découvre pleinement cette identité voulue par Dieu et préparée par la vie de la grâce sur terre.

Je l’ai compris en lisant les œuvres de sainte Élisabeth de la Trinité, cette merveilleuse carmélite de Dijon. Elle a eu l’audace de deviner son propre nom d’éternité : Laudem gloriæ, louange de gloire. C’est évidemment un privilège singulier, mais chacun peut prendre conscience que sa personnalité éternelle se prépare et s’esquisse dans le chemin de sa vie, et il peut prier pour recevoir ce nom, c’est-à-dire pour marcher humblement dans le sillon de sa prédestination à être tel reflet du Mystère trinitaire. Je m’adresse au Père et au Saint-Esprit, à l’Ange Gabriel, à Marie et à Joseph pour les raisons que le lecteur découvrira.

Mgr Macaire parle de votre livre comme un « délice spirituel, une gourmandise théologique ». Qui peut en goûter ? Autrement dit, à quel public s’adresse cet ouvrage ?

En parlant de façon hyperbolique de « gourmandise théologique », Mgr Macaire ne veut certainement pas nous inciter à tomber dans le vice de gourmandise spirituelle ! Il a lu saint Jean de la Croix, qui met en garde contre cette imperfection (Nuit obscure, livre I, chap. 6) et généralement contre la recherche délibérée des jouissances sensibles dans la vie spirituelle. Je pense qu’en bon thomiste, il sait que la morale chrétienne est une morale du bonheur, et que la joie y tient une place éminente. Selon saint Thomas, la joie est le premier effet intérieur de la charité (ST, II-II, q. 28, a. 1) et elle s’accroît par la contemplation des mystères divins (ST, II-II, q. 180, a. 7). C’est pourquoi la méditation des dons et l’ascension des béatitudes est la source d’un vrai bonheur spirituel. Pour le Docteur Angélique « cette délectation surpasse toute délectation humaine » (ibid.).

Je crois que c’est ce que vise le préfacier, qui sait que la poursuite désintéressée de la vérité s’accompagne, comme par surcroît, d’un plaisir qu’il n’y a aucune raison de ne pas accueillir. Le livre s’adresse à ceux qui veulent faire cette expérience émouvante de cette « heureuse aventure » (saint Jean de la Croix, Poème de la Nuit obscure), où chaque pas nous découvre un horizon plus large du mystère du Christ souffrant et glorieux. Le livre, ajoute Mgr Macaire, « est, ce qui ne gâche rien, écrit de façon simple. On s’y embarque tranquillement et on s’y laisse porter sans s’en rendre compte vers les sommets de la sagesse ». Nul besoin donc d’être théologien de métier pour s’embarquer !

le saint esprit dans ma vie

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Père Louis-Marie de Blignières, Le Saint-Esprit dans ma vie, DMM, 76 p., 10,50€

 

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