Le synode allemand de la rupture

Publié le 10 Mar 2023
allemand

CC BY-SA 4.0, Christian Pulfrich

Alors que le « Chemin synodal » allemand allait s’achever, quatre de ses membres l’ont quitté, jugeant que « l’Église d’Allemagne s’éloigne de l’Église universelle ». Un désaveu qui fait écho à une lettre officielle de mise en garde des cardinaux Parolin, Ouellet et Ladaria, reprise par le nonce apostolique à Berlin, ainsi qu’aux inquiétudes exprimées par le cardinal allemand Paul Josef Cordes, ancien président du Conseil pontifical Cor Unum.   Le Synodale Weg (« Chemin synodal »), dans lequel l’Église d’Allemagne s’est engagée en décembre 2019, avait pour but initial d’apporter une réponse au problème dramatique des abus sexuels. Un rapport, demandé par les évêques d’Allemagne, avait révélé en septembre 2018 l’ampleur de ces abus sexuels commis par des clercs entre 1946 et 2014. Le Chemin synodal, codirigé par la Conférence des évêques allemands et le puissant Comité central des catholiques allemands (ZdK), a multiplié depuis 2019 les forums, les réunions locales, les rapports, les « textes de base » et les assemblées synodales (la 5e et dernière se tenant du 9 au 11 mars 2023). Au fil de ses travaux et de ses débats, il a formulé des propositions qui, sur de nombreux points, remettent en cause la doctrine et la discipline de l’Église. En particulier sur le mariage des prêtres, le ministère des femmes dans l’Église, l’homosexualité et le gouvernement des diocèses. Au sein de l’épiscopat allemand, quelques rares voix se sont élevées pour mettre en garde contre ces dérives, notamment celle du cardinal Woelki, archevêque de Cologne. Les interventions du Saint-Siège et du Pape lui-même n’ont pas manqué, comme on l’a vu dans de précédents articles. À quelques jours de la clôture de ce Chemin synodal, ce sont quatre déléguées qui l’ont quitté avec éclat, affirmant ne plus pouvoir « suivre cette voie par laquelle l’Église d’Allemagne s’éloigne de plus en plus de l’Église universelle ». Il s’agit de deux professeurs de théologie, Katharina Westerhorstmann et Marianne Schlosser, d’une philosophe, Hanna-Barbara Gerl-Falkovitz, et d’une journaliste, Dorothea Schmidt. Marianne Schlosser est une théologienne réputée, membre de la Commission théologique internationale depuis 2014 et lauréate en 2018 du prestigieux prix Ratzinger. Par une tribune publiée dans le quotidien Die Welt le 22 février dernier, les quatre déléguées ont déclaré renoncer à leur mandat parce que le Chemin synodal « jette le doute sur des doctrines et des croyances catholiques centrales » : « les résolutions de ces trois dernières années ont non seulement remis…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Chiron

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseAnnée du Christ-Roi

Bernard Dumont : Quas Primas, cent ans après : la vision politique et spirituelle de Pie XI

Enquête Quas Primas 14 | Face au désordre issu de la Grande Guerre, Pie XI élabora une réponse à la fois doctrinale et pastorale : restaurer le « règne du Christ » comme fondement de paix. En arrière-plan, l’analyse attentive d’Antonio Gramsci, fasciné par la vitalité du catholicisme italien, souligne l’enjeu d’hégémonie culturelle que l’Église, sans se confondre avec une idéologie, sut assumer pour nourrir et protéger la foi des fidèles. 

+

Quas Primas