Les derniers jours avant la célébration de la Passion sont empreints d’austérité et d’appel à la pénitence. Une invitation de la liturgie à suivre le Christ dans son don de lui-même.
Au début du Carême, l’Église nous a placés devant le Christ qui jeûne et prie dans la solitude du désert, mais nous a aussi désigné la perspective des célébrations de sa Passion et de la Résurrection. Ainsi, le premier dimanche, fait-elle lire à l’office nocturne ces mots de saint Léon le Grand († 461) : « Le retour du jour de notre Rédemption nous invite à tous les devoirs de la miséricorde. Ainsi, le corps et l’âme purifiés, nous célébrerons le mystère qui l’emporte sur tous les autres, la Passion du Seigneur » (4e Sermon sur le Carême). Cependant, c’est plus particulièrement dans la quinzaine qui s’ouvre ce dimanche que le souvenir de la Passion se fait plus présent. À l’office divin retentissent les hymnes latines de Venance Fortunat († 601), évêque de Poitiers, qui chantent la Croix : « Salut, ô Croix, notre unique espérance ! (…) Heureuse es-tu, toi dont les bras ont porté la rançon du monde » (Vexilla Regis, vêpres) et dans la célébration de la messe (MR 1962), tout « Gloire au Père » est désormais banni. Mais la spécificité de ces jours qui frappe sans doute le plus dans les églises concerne les images du Christ et des saints : on les recouvre d’un voile violet. Cet usage a connu diverses explications. Retenons celle-ci :
certes, « l’Église couvre de voiles sombres les images saintes pour marquer que la dévotion aux Saints doit s’effacer devant la grande œuvre de la Rédemption, mais si l’on remarque que le Crucifix lui-même est voilé, on verra plutôt dans cet usage un vestige du rideau que l’on suspendait jadis durant tout le Carême entre la nef et le sanctuaire.
Autrefois, en effet, les pénitents publics expulsés de l’église ne pouvaient y rentrer que le Jeudi saint. Après la suppression de cette cérémonie, tous les chrétiens furent plus ou moins assimilés aux pénitents publics et, sans prononcer contre eux la peine de l’exclusion, on leur cacha le sanctuaire et tout ce qui s’y trouvait, afin de leur montrer qu’ils ne méritaient de prendre part au culte eucharistique par la communion pascale qu’après avoir fait de dignes fruits de pénitence » (dom Gaspard Lefebvre, † 1966).
Dans l’évangile de ce dimanche et des jours…