Le travail de 70 spécialistes

Publié le 29 Déc 2015
Le travail de 70 spécialistes L'Homme Nouveau

Président de la Commission des Épiscopats francophones pour les textes liturgiques, à l’œuvre pour la nouvelle traduction en français du Missel romain, Mgr Bernard-Nicolas Aubertin explique l’avancée de ces travaux.

Mgr Aubertin, vous présidez la Commission des Épiscopats francophones pour les textes liturgiques, qui travaille actuellement sur une nouvelle traduction française du Missel romain en latin. Quel est l’objectif de cette nouvelle traduction ?

La Congrégation pour le Culte divin souhaitait que l’ensemble du monde bénéficie de traductions du Missel romain qui respectent les consignes d’une instruction, Liturgiam authenticam, parue en 2001. Les directives de celle-ci ont pour but d’obtenir les traductions les plus littérales possibles du texte latin originel. Il s’agissait donc de procéder à une nouvelle traduction française du Missel romain réédité par Jean-Paul II et paru en 2002, afin d’obtenir une traduction qui soit plus précise et plus proche du Missel romain latin que la version précédente.

Ces règles de traduction prescrites par Liturgiam authenticam ont d’abord été employées pour une nouvelle traduction intégrale de la Bible, pour la liturgie. Parue en 2013, cette nouvelle traduction francophone était une première : jusque-là, des traductions de la Bible avaient été publiées pour un usage de lecture mais non liturgique. Les précédentes traductions étaient ainsi destinées à être lues mais non pas proclamées.

Les lectionnaires ont ensuite fait l’objet d’une nouvelle traduction, également basée sur les critères de l’instruction Liturgiam authenticam. Ceux du dimanche et des jours ordinaires ont été publiés à l’Avent 2014. Le lectionnaire des saints et pour les messes rituelles vient, lui, de recevoir la reconnaissance de Rome et sera donc prochainement publié.

Faut-il s’attendre à beaucoup de changements pour cette nouvelle traduction ?

Cette nouvelle traduction comporte, en effet, de très nombreuses modifications mais qui sont mineures. Elles lui permettent de davantage correspondre au texte original. L’ensemble des oraisons et des préfaces ont ainsi été retraduites.

Quant au Notre Père, la sixième demande sera conforme à la traduction faite dans les évangiles de saint Luc et saint Matthieu de la nouvelle version de la Bible, avec la formule « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ».

À qui avez-vous fait appel pour travailler sur cette nouvelle traduction ?

Selon un principe de base de la Commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques, les traductions sont anonymes. La Commission réunit une équipe internationale composée d’experts possédant des connaissances exégétiques et linguistiques. Ces experts, qui appartiennent au monde de la Francophonie et proviennent donc de France, Belgique, Suisse mais aussi du Luxembourg ou encore du Canada, sont agréés par Rome pour mener les travaux.

Pour la nouvelle traduction de la Bible, nous avions, par exemple, fait appel à 70 spécialistes.

À quelle date le nouveau missel pourra-t-il être utilisé ? Quelles sont les étapes ?

L’adoption d’une nouvelle traduction liturgique se fait en plusieurs étapes. Celle-ci est, tout d’abord, soumise à trois votes successifs des évêques des différentes Conférences épiscopales concernées.

Les experts proposent un premier texte qui est soumis au vote de l’ensemble des évêques des Conférences épiscopales. Ceux-ci peuvent alors faire des demandes d’amendements qui amènent à modifier le texte initial en fonction des corrections suggérées.

Une deuxième version de la traduction du texte est ensuite présentée aux évêques. Ceux-ci doivent à nouveau voter et sont encore en mesure de demander des modifications. Lors de ces deux premières étapes, il y a un véritable va-et-vient entre la Commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques et la Congrégation pour le Culte divin qui prend connaissance des changements apportés et les soumet à ses propres experts.

À l’issue de ces divers remaniements, une troisième version est alors soumise à un vote final. Les évêques doivent se prononcer en faveur ou non du texte proposé mais ne peuvent plus y apporter de corrections. Si ce dernier vote est positif, la Commission demande alors à Rome la « recognitio », une reconnaissance ultime du texte, préalable nécessaire à sa publication.

Pour cette nouvelle traduction française du Missel romain, nous nous trouvons entre la deuxième et la troisième étape : le vote définitif des évêques aura lieu au printemps 2016. Il sera ensuite soumis à la « recognitio ». Nous devrions ainsi pouvoir utiliser le nouveau texte pour Pâques 2017.

Propos recueillis par Anne-Laure Debaecker.

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