Le Verbe grandissait en saint Joseph le silencieux

Publié le 22 Déc 2021
Le Verbe grandissait en saint Joseph le silencieux L'Homme Nouveau

Pour sa quatrième intervention sur saint Joseph, lors de l’audience du 15 décembre 2021., le Pape aborde l’une des vertus fondamentales de saint Joseph (avec l’obéissance) : le silence.

Le Père Gasnier (op) a écrit un magnifique petit livre : Les silences de saint Joseph, dont on ne peut que recommander la lecture pour compléter l’enseignement du Pape. De même, chaque fois qu’est évoqué le silence de saint Joseph, je ne puis m’empêcher de penser aux magnifiques paroles que Paul VI prononça à Nazareth lors de son premier voyage et pèlerinage en Terre Sainte. Dans une herméneutique de continuité, elles complètent bien l’enseignement de cette audience et méritent d’être citées : « Que renaisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’esprit ; en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne bruyante et hyper sensibilisée. Ô silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret. »

Le pape François nous invite aussi au silence dont notre monde contemporain a tant besoin. Comme preuve, il cite le verset de la Sagesse que la liturgie applique à la naissance du Verbe éternel, bien que dans son sens littéral il s’agisse du silence qui a enveloppé le massacre des premiers-nés égyptiens lors de l’Exode et de la Pâque : « Alors qu’un silence paisible enveloppait toutes choses et que la nuit parvenait au milieu de sa course rapide, du haut des cieux, ta Parole toute-puissante s’élança du trône royal ». Dieu se manifeste toujours dans le silence et bien souvent au milieu de la nuit. Ce fut le cas pour l’époux de Marie dont l’Évangile rapporte des songes, mais aucune parole. Faisons bien attention pourtant. Saint Joseph était silencieux, mais pas taciturne. Il ne parlait pas, nous dit saint Augustin, parce que grandissait en lui le Verbe. Cela vaut aussi pour nous : au fur et à mesure que Jésus grandit en nous, les mots diminuent. C’est Jésus qui doit parler en nous et par nous. Pour cela, nous devons nous taire. Notons ici que le silence de saint Joseph n’est pas mutisme. C’est un silence rempli d’écoute ; un silence actif qui révèle sa profonde intériorité. À ce propos, le Pape cite la phrase très connue de saint Jean de la Croix : « Le Père ne prononça qu’une parole, ce fut son Fils et il parle toujours dans un silence éternel et c’est dans ce silence qu’il doit être entendu par l’âme ». C’est ce que faisait saint Joseph à longueur de journée, près de Jésus vrai Dieu et vrai homme.

Comme il serait beau et grandement souhaitable que chaque chrétien, à cet exemple, parvienne à retrouver cette dimension contemplative du silence-écoute. Si ce n’est pas facile, comme l’expérience nous le prouve, cela est pourtant absolument nécessaire. La transformation du monde passe par là. Et pourtant, d’ordinaire, le silence fait peur. Pourquoi lui préfère-t-on le bruit quand ce n’est pas le vacarme ? Parce que tout simplement il suppose d’entrer en nous-mêmes, pour y retrouver les Trois, comme l’avait si bien compris sainte Élisabeth de la Trinité, modèle en ce genre, elle aussi. Demandons à saint Joseph et à son épouse virginale Marie de nous apprendre à cultiver des espaces de silence, d’où puisse émerger la seule vraie parole : Jésus. Pour cela, gardons comme Marie tous ses secrets divins au plus profond de notre cœur.

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