L’Enfer s’invite au théâtre

Publié le 30 Oct 2017
L'Enfer s'invite au théâtre L'Homme Nouveau

La dernière pièce de Jean-Luc Jeener, L’Enfer nous convie à un débat d’autant plus redoutable qu’il fait partie de ces questions théologiques que les pasteurs d’aujourd’hui n’osent pratiquement plus aborder dans la chaire des églises. L’enfer n’est pas une invention de l’imaginaire médiéval, comme certains le pensent, mais une réalité dont témoignent, à maintes reprises, l’Écriture sainte et l’Évangile en particulier. Il désigne ce lieu où résident ceux qui refusent délibérément le Pardon salvateur et rédempteur donné aux hommes sur la Croix en la Personne du Christ Jésus en conséquence du péché originel. L’enfer est l’expression de la position la plus extrême de la liberté humaine, celle qui consiste à pouvoir dire non à la bonté aimante du Créateur de toute chose. L’intérêt de la pièce ne porte pas sur l’affirmation dogmatique de l’existence de l’enfer, celle-ci n’est pas niée ou décriée, mais plutôt sur la question de savoir si la liberté de l’homme peut à ce point s’opposer à l’Amour divin.

Où se situe la limite où une volonté humaine pourrait mettre en échec la volonté divine ? Peut-on franchir humainement cette limite de l’espérance qui nous autoriserait à prononcer une sentence de damnation à l’égard d’un homme, fut-il le plus méchant des hommes ? Le débat dramatique de la pièce entre ces deux prêtres conviés au chevet d’un mourant se situe, dans une tension palpable, sur cette ligne de crête, où tout jugement paraît péremptoire en face du secret des âmes et de leur débat intime avec Dieu. Leurs positions paradoxalement se rejoignent tout en s’opposant. Il convient bien d’échapper à l’enfer, mais l’un et l’autre n’engagent pas la volonté humaine à un même niveau de consentement. Au fond personne ne peut désirer au nom du bien la damnation d’un autre. Si l’enfer n’est pas impensable, il est insupportable à la structure même de la volonté humaine. Débat impitoyable sur scène joué par une équipe de comédiens remarquables de présence et de densité dans l’expression de l’âpreté et de la dureté du combat intérieur qu’ils incarnent. Un théâtre qui ose se confronter à la réalité du combat spirituel.

Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du Faubourg-Montmartre, Paris IXe : les 4, 17, novembre à 20 h 45 ; le 24 novembre à 21  ; le 3 décembre à 17 h, le 15 à 20 h 45. Les 5, 12 janvier 2018 à 20 h 45, les 21 et 28 à 17 h.  Rés. : 01 47 70 32 75.

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