Les Apôtres se souviennent de leur appel par le Christ

Publié le 09 Sep 2017
Les Apôtres se souviennent de leur appel par le Christ L'Homme Nouveau

Le Pape poursuit toujours ses réflexions sur l’espérance. Lors de l’Audience du 30 août, il a abordé un thème biblique fondamental déjà plusieurs fois abordé : celui de la mémoire toujours rattachée au drame tragique de l’oubli et particulièrement celui de Dieu. La mémoire est elle-même en lien très étroit avec l’histoire : l’homme se souvenant des bienfaits de Dieu, en garde souvenir et ce souvenir est porteur d’espérance car il est une route pour l’avenir. Ainsi la mémoire prolonge dans le présent et même quelquefois dans le futur l’efficacité du passé historique. C’est pourquoi, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, elle fait partie intégrante du culte lui-même, car elle ravive le souvenir, le mémorial au sens biblique et fort du terme, de l’Alliance.

L’orientation de la mémoire du passé vers l’avenir renforce donc l’espérance et surtout l’espérance de la vocation. Le Pape prend en exemple l’appel des premiers disciples au chapitre 1er de saint Jean. Celui-ci se souvient si bien du fait, bien des années après, qu’il précise que c’était la dixième heure. Cela renforce la crédibilité de son témoignage. On notera ici au passage l’importance de la tradition orale qui nous permet d’affirmer avec sûreté l’historicité des évangiles qui ne sont en aucun cas des mythes. Saint Jean se souvient donc de son appel par Jésus, sur le bord du Jourdain là où le Baptiste prêchait le repentir et préparait les voies pour le Messie à venir. Le Baptiste montra à ses disciples l’Agneau de Dieu et ces derniers se mirent à l’école de leur nouveau maître après avoir entendu de Celui-ci la question déterminante : «Que cherchez-vous ?» Jésus, expert du cœur humain, tape toujours dans le mille. C’est en effet le propre des jeunes d’être en recherche. Leur flamme intérieure brûle et leur cœur ne demande qu’à être incendié. Or le vrai incendiaire, c’est Jésus. L’évangile nous en donne maints exemples. Le Seigneur sait bien ce que les deux disciples recherchent, mais il pose la question, car il veut les inviter à faire une démarche personnelle et se plonger dans leur intériorité la plus profonde. Et le Pape en profite pour poser la même question aux jeunes présents à son audience : qu’est-ce que mon cœur recherche ? Qu’y a-t-il au plus profond de moi ? En nous posant nous aussi ces questions, on se rappellera toujours d’une autre parole du Seigneur : « Nul ne peut avoir deux maîtres ».

Mais Jésus ne s’arrête pas à l’appel, car celui-ci doit engendrer en chaque personne une amitié profonde avec Notre Seigneur. Cette amitié engendre une unité profonde dans la communion de vie et du coup toute vocation devient missionnaire, car le trésor que l’on vient de découvrir on veut en faire bénéficier les autres. Ainsi Jean et André, ayant trouvé le Messie, ont-ils appelé aussitôt leurs frères Jacques et Pierre à la suite de Jésus, comme Philippe le fera par la suite avec Nathanaël. Appel, mission et témoignage marchent donc ensemble. Associons-y la joie, car quand on a trouvé Jésus, on ne peut être que joyeux, même si le chemin passe par la Croix. C’est le chemin qu’a pris Jésus, c’est le chemin que nous devons prendre également. On voit l’importance de la vocation, aussi bien la vocation au mariage que la vocation religieuse ou sacerdotale. Dans tous les cas, on doit être disciple de Jésus et on ne le sera vraiment que si l’on devient comme saint Jean fils de Marie. Ce n’est qu’avec elle qu’on pourra faire tout ce que nous dit Jésus, de la même façon que Marie l’avait demandé aux serviteurs des noces de Cana.

Le discours du Pape :

Aujourd’hui, je voudrais revenir sur un thème important: le rapport entre l’espérance et la mémoire, avec une référence particulière à la mémoire de la vocation. Et je prends comme icône l’appel des premiers disciples de Jésus. Dans leur mémoire, cette expérience demeura tellement gravée qu’un d’entre eux en indiqua même l’heure: «C’était environ la dixième heure» (Jn 1, 39). L’évangéliste Jean raconte l’épisode comme un souvenir précis de jeunesse, demeuré intact dans sa mémoire de personne âgée: parce que Jean écrivit ces choses quand il était désormais âgé.

La rencontre a eu lieu près du fleuve Jourdain, où Jean-Baptiste baptisait; et ces jeunes de Galilée avaient choisi Jean-Baptiste comme guide spirituel. Un jour, Jésus vint et se fit baptiser dans le fleuve. Le lendemain, il passa de nouveau et alors le Baptiseur – c’est-à-dire Jean-Baptiste –, dit à deux de ses disciples: «Voici l’agneau de Dieu!» (v. 36).

Et pour ces deux personnes, c’est l’«étincelle». Elles quittent leur premier maître et se placent à la suite de Jésus. Sur le chemin, Il se tourne vers elles et pose la question décisive: «Que cherchez-vous?» (v. 38). Jésus apparaît dans les Évangiles comme un expert du cœur humain. À ce moment-là, il avait rencontré deux jeunes en recherche, sainement inquiets. En effet, quelle jeunesse serait une jeunesse satisfaite, sans se poser de question sur le sens? Les jeunes qui ne cherchent rien ne sont pas jeunes, ils sont à la retraite, ils sont vieux avant l’heure. Il est triste de voir des jeunes à la retraite… Et Jésus, à travers tout l’Évangile, dans toutes les rencontres qu’il fait le long du chemin, apparaît comme un «incendiaire» des cœurs. D’où sa question qui cherche à faire émerger le désir de vie et de bonheur que chaque jeune porte en lui: «Que cherches-tu?». Moi aussi, je voudrais demander aux jeunes qui sont ici sur la place et à ceux qui écoutent à travers les médias: «Toi qui es jeune, que cherches-tu? Que cherches-tu dans ton cœur?».

Le début d’une amitié

La vocation de Jean et d’André commence ainsi: c’est le début d’une amitié avec Jésus si forte qu’elle impose une communion de vie et de passion avec Lui. Les deux disciples commencent à demeurer avec Jésus et immédiatement, ils se transforment en missionnaires, parce que quand la rencontre prend fin, ils ne rentrent pas chez eux tranquilles: au point que leurs frères respectifs – Simon et Jacques – sont bientôt entraînés à leur suite. Ils sont allés les voir et ont dit: «Nous avons trouvé le Messie, nous avons trouvé un grand prophète»: ils donnent la nouvelle. Ils sont missionnaires de cette rencontre. Ce fut une rencontre si touchante, si heureuse que les disciples se rappelleront à jamais de ce jour qui illumina et orienta leur jeunesse.

Comment découvre-t-on sa vocation dans ce monde? On peut la découvrir de nombreuses façons, mais cette page de l’Évangile dit que le premier indice est la joie de la rencontre avec Jésus. Mariage, vie consacrée, sacerdoce: toute vocation véritable commence par une rencontre avec Jésus qui nous donne une joie et une espérance nouvelle; et elle nous conduit, également à travers les épreuves et les difficultés, à une rencontre toujours plus pleine, cette rencontre croît, toujours plus grande, la rencontre avec Lui et avec la plénitude de la joie.

Le Seigneur ne veut pas d’hommes et de femmes qui marchent derrière lui à contrecœur, sans avoir dans le cœur le vent de la joie. Vous, qui êtes sur la place, je vous demande – que chacun réponde en lui – avez-vous dans le cœur le vent de la joie?». Que chacun se demande: «Ai-je en moi, dans mon cœur, le vent de la joie?». Jésus veut des personnes qui ont fait l’expérience qu’être à ses côtés procure une joie immense, qui peut être renouvelée chaque jour de notre vie. Un disciple du Royaume de Dieu qui n’est pas joyeux n’évangélise pas ce monde, c’est quelqu’un de triste. On ne devient pas prédicateurs de Jésus en affinant les armes de la rhétorique: tu peux parler, parler, parler, mais s’il n’y a pas autre chose… Comment devient-on prédicateurs de Jésus? En conservant dans les yeux l’étincelle du véritable bonheur. Nous voyons tant de chrétiens, même parmi nous, qui avec les yeux, te transmettent la joie de la foi: avec les yeux!

Être amoureux de Jésus

Pour cette raison le chrétien – comme la Vierge Marie – conserve la flamme de son amour: amoureux de Jésus. Certes, il y a des épreuves dans la vie, il y a des moments où il faut aller de l’avant malgré le froid et les vents contraires, malgré tant d’amertumes. Mais les chrétiens connaissent la route qui conduit à ce feu sacré qui les a enflammés une fois pour toutes.

Mais, s’il vous plaît, je compte sur vous: n’écoutons pas les personnes déçues et malheureuses; n’écoutons pas ceux qui recommandent de façon cynique de ne pas cultiver d’espérances dans la vie; ne nous fions pas de ceux qui étouffent dès le départ tout enthousiasme en disant qu’aucune entreprise ne mérite le sacrifice de toute une vie; n’écoutons pas les «vieux» de cœur qui étouffent l’euphorie des jeunes. Allons voir les personnes âgées dont le regard brille d’espérance! Cultivons au contraire de saines utopies: Dieu veut que nous soyons capables de rêver comme Lui et avec Lui tandis que nous marchons en étant bien attentifs à la réalité. Rêver d’un monde différent. Et si le rêve s’éteint, en rêver à nouveau, en puisant avec espérance à la mémoire des origines, à ces braises qui, sans doute après une vie pas si bonne, sont cachées sous les cendres de la première rencontre avec Jésus.

Voilà donc une dynamique fondamentale de la vie chrétienne: se souvenir de Jésus. Paul disait à son disciple: «Souviens-toi de Jésus Christ» (2 Tm 2, 8); tel est le conseil du grand saint Paul: «Souviens-toi de Jésus Christ». Se rappeler de Jésus, du feu d’amour avec lequel nous avons conçu un jour notre vie comme un projet de bien, et raviver avec cette flamme notre espérance.

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