Devant les évêques du Bénin en visite ad limina, le Pape, dans un important discours, a mis en garde contre la sécularisation et le laïcisme anticatholique qui, sous prétexte de rendre à César ce qui est César, oublierait de rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Il faut dire que le Bénin a connu une longue dictature communiste des plus cruelles et des plus sectaires.
Commençons par donner un aperçu sur les visites ad limina. Si celles-ci s’avèrent très anciennes puisqu’elles remontent à saint Léon et donc au Ve siècle, leur structure actuelle est moderne puisque nous la devons à saint Pie X qui fut, comme on aurait trop tendance à l’oublier, un très grand pape réformateur. Pour ce qui concerne les visites ad limina, il octroya à la Consistoriale (aujourd’hui congrégation pour les évêques) compétence pour organiser ces visites et il fixa en 1911 la périodicité à cinq ans, ce qui fut accompli à la lettre jusqu’aux dernières années du pontificat de Jean-Paul II. Alors, en raison de la maladie du pape, mais aussi du nombre croissant des évêques (plus de cinq mille maintenant) le délai fut élargi. Paul VI, en 1976 en fixa la répartition : première année : Italie, Espagne, Malte, Afrique du Nord du Nord, de l’Est et de l’Ouest ; deuxième année : autre pays d’Europe et d’Afrique ; troisième année : Amérique du Nord et centrale et Océanie ; quatrième année : Amérique du Sud (sauf le Brésil), Asie du Sud et Moyen Orient ; cinquième année : Brésil et reste de l’Asie. On connaît bien le triple but de ces visites : 1) vénérer les tombeaux des saints martyrs Pierre et Paul. 2) Rencontrer le successeur de Pierre et avoir des contacts avec tous les dicastères de la Curie romaine. 3) Enfin, présenter un rapport sur l’état de son diocèse.
Rester vigilants
Le Pape François appelle donc les évêques béninois à rester vigilants, comme le demandait déjà saint Pierre (1 P, 5) contre le diable qui, par le moyen de la sécularisation et les agressions idéologiques et médiatiques de tout genre, œuvre en faveur de l’apostasie générale et de la destruction du christianisme. Depuis Paul VI qui affirmait que « la religion est une exigence ontologique qu’aucun athéisme, aucun sécularisme ne saurait annuler », les papes ne cessèrent de mettre en garde contre ce véritable fléau. Jean-Paul II prit sans cesse son bâton de pèlerin pour le rappeler surtout aux nations nanties et soit disant libres de l’Occident. Il disait par exemple en 1982 à des évêques français en visite ad limina : « Les Églises d’Occident, qui ont leurs problèmes de sécularisation, pourraient profiter de l’expérience de certains pays où les libertés religieuses sont réduites ou étouffées et où l’Église essaye par tous les moyens d’avoir des repères, des lieux, des communautés capables de nourrir la foi des fidèles et de lui permettre de s’exprimer. Oui ! L’Église a besoin de signes visibles et de soutiens. Et ces soutiens, nécessaires à l’identité et à la fidélité des chrétiens, sont tout autant indispensables à leurs engagements apostoliques et missionnaires. Ce serait une erreur psychologique et pastorale de les mépriser ou de les faire disparaître. »
Et tout en rappelant que les prêtres ne doivent pas s’engager activement dans la politique, ce qui est réservé aux laïcs, le Pape encourage les évêques à œuvrer énergiquement pour défendre la famille, la vie et favoriser tout ce qui enrichit par la culture chrétienne la vie en société. Il confie à Marie cette tâche primordiale, comme l’avait déjà fait Benoît XVI, qui disait : « Avec Marie, nous apprenons à résister à cette “sécularisation intérieure” qui menace l’Église de notre temps, conséquence de processus de sécularisation qui ont profondément marqué la civilisation européenne. »