Un héritage des Lumières : la misogynie dans le Code civil (3/4)

Publié le 24 Sep 2023
La femme, être trop sensible pour être vraiment humain, selon les Lumières et le Code Civil

La femme, être trop sensible pour être vraiment humain, selon les Lumières.

Le statut inférieur de la femme dans le Code civil est hérité de la vision réductrice et purement organique qu’eurent les Lumières de l’être humain en général. Conçu après dix années de violences et de troubles révolutionnaires, le Code se veut aussi un corset aux tendances anarchistes de la France, considérée comme un être féminin.

  Quelle est la place de la femme dans le Code civil naissant ? Elle est vue comme mineure, « faible et dépendante ». « Elle ne peut faire un pas dans la vie civile, résume un orateur, que dans des cas infiniment rares et jamais sans le consentement de son mari, ou l’autorisation de la justice. »  Le prétexte est de protection. Selon l’article 213 : « Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari ». Premier artisan et théoricien du Code civil neuf, Portalis ponctue là : « Voilà toute la morale des époux », puis il raffine : « L’obéissance de la femme est un hommage rendu au pouvoir qui la protège. » Que les jeunes épouses, renchérit Jacques de Maleville, autre artisan du Code, aient le clair « sentiment de leur infériorité ».    Les vrais motifs relèvent, d’abord, de l’image humaine issue des Lumières ; ils ont trait, ensuite, à certaines leçons révolutionnaires.    

L’image de la femme selon les Lumières  

La femme, vue du côté des Lumières, est en effet déficitaire en humanité, en maturité.   La féminité sous-humanisée. En 1840, Tocqueville s’étonnera qu’on refuse aux femmes « quelques-uns des plus grands attributs de l’espèce humaine ». Comte enseigne alors que les « diversités anatomiques éloignent l’organisme féminin du grand type humain ». Proudhon dispute à la femme la dignité de « compagne de l’homme ». Ces traits procèdent du scientisme des Lumières : il réduit l’homme à l’organique, et rétrécit sa vie intérieure à la sensation. Aucune frontière entre hommes et bêtes : au savant, la maîtrise du curseur. C’est lui qui spécifie qui est (vraiment) humain. D’où une misogynie « rationalisée ». Tout, pour la médecine, côté masculin, « porte l’empreinte du sexe qui doit asservir et protéger l’autre ».  De plus, « il n’est pas bon que l’homme soit…

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Xavier Martin

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