L’espérance du semeur

Publié le 28 Mai 2025
parabole du semeur

La parabole du semeur dans l'Hortus Deliciarum par Herrade de Landsberg (mont Sainte-Odile).

Le 21 mai, le pape Léon XIV a repris le Cycle de catéchèse entamé par le pape François pour le Jubilé : « II. La vie de Jésus. Les paraboles 6. Le semeur. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles (Mt 13,3a) ». Les audiences de la partie I portaient sur « L’enfance de Jésus ».

 

Le Pape a repris le cycle des catéchèses jubilaires sur le thème de Jésus notre espérance commencé par le pape François qui avait arrêté avec la parabole du père de l’enfant prodigue.

Léon XIV nous a donné lors de l’audience générale du 21 mai dernier un enseignement clair et spirituel sur la parabole du semeur. Ces paraboles nous aident à redécouvrir la vertu d’espérance si difficile à pratiquer dans un monde violent, sensuel et surtout apostat. Et pourtant, la vertu d’espérance nous est si précieuse dans des temps de calamités comme les nôtres. Dans l’Ancien Testament déjà tous les prophètes avaient ranimé pour Israël cette vertu si chère aux derniers papes. Dieu n’abandonne jamais les siens, même dans les pires temps. Que l’on se souvienne combien Jésus réprimanda les disciples d’Emmaüs !

Le Pape aborde donc la parabole du semeur. C’est un bon choix, car elle peut servir d’introduction et surtout de modèle à toutes les paraboles. Remarquons que chaque parabole, chez saint Matthieu, se situe en fonction d’un lieu précis autour de Capharnaüm. C’est, en effet, une constante des paraboles, que le Seigneur adapte son message au lieu même où il se trouve, afin que ses disciples saisissent davantage la portée de son enseignement.

Ainsi, près des terres cultivées de Capharnaüm, Jésus enseigne la parabole du semeur et de la semence. Il voit sur place les éléments géographiques et géologiques mentionnés dans le récit : terrain caillouteux, épines et ronces ; zone envahie par les mauvaises herbes et, enfin, les céréales poussant dans la bonne terre.

Ainsi encore, le long des champs qui bordent la route conduisant au village, Jésus voyait-il facilement l’ivraie pousser. Le terme hébreu, qui a donné en français le terme de zizanie, est un mot tout à fait indiqué pour noter quelque chose qui sème le trouble. L’ivraie était une graine qui ressemblait étrangement au blé, d’où une difficulté supplémentaire pour les différencier. Elle proliférait aussi à une vitesse vertigineuse.

Jésus veut se servir de cet exemple, pour nous montrer l’étendue du mal à travers le monde. N’oublions jamais que les paraboles sont destinées à nous interroger. Elles ont toutes un sens profond que nous devons découvrir, car elles nous poussent à ne pas nous arrêter, comme nous le faisons si facilement, aux seules apparences.

La parabole du semeur parle de la dynamique de la Parole de Dieu et, en conséquence, des effets qu’elle produit dans les âmes. Nous devons beaucoup aimer la Parole de Dieu. C’est notre nourriture. Le pape François insistait avec raison pour que chaque jour nous lisions un passage de l’Évangile, car toute parole évangélique est comme une graine semée sur le sol de notre vie.

Mais il faut se souvenir que la Parole de Dieu agit de manière bien différente en chacun. C’est ce que veut nous signifier précisément la parabole du semeur. Car le semeur n’est pas un homme ordinaire. Il paraîtrait plutôt comme un semeur gaspilleur, en tout cas c’est un semeur original, parce qu’il ne se soucie guère de savoir sur quel terrain tombe la graine. En général un paysan ne sème pas là où la graine a peu de chances de porter du fruit.

Alors, on est en droit de se poser des questions devant ce semeur étrange. Que veut nous dire Jésus par cette parabole ? Nous avons l’habitude de calculer les choses. Cela est certes nécessaire, mais cette façon de raisonner ne s’applique jamais à l’amour. Quand il s’agit d’amour, il faut savoir gaspiller. Entendons-nous. Dieu sème sur toutes sortes de sol, pour provoquer les plus récalcitrants à se convertir, à changer de vie, car Dieu aime tout le monde.

Nous-mêmes changeons perpétuellement. Nous passons facilement de l’accablement des soucis de la vie à une espérance confiante dans notre Salut éternel. Cette parabole nous provoque. Si nous avons semé sur un champ non fertile, il est grand temps de semer dans la bonne terre, car nous sommes faits pour porter du fruit.

Que Marie nous aide à devenir cette bonne terre ! Qu’elle nous fasse toujours accueillir la parole de Dieu, semence en vie éternelle ! Qu’elle rende de plus en plus féconde la terre de notre âme !

 

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Un moine de Triors

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