Les Missions étrangères de Paris proposent jusqu’en juillet une rétrospective de l’évangélisation du Japon depuis le XVIe siècle jusqu’à aujourd’hui.
« Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19). Ces paroles du Christ après sa résurrection furent mises en pratique dès le début du christianisme mais aussi dans les siècles qui suivirent. Les Missions étrangères de Paris en témoignent avec leur nouvelle exposition consacrée à « l’épopée chrétienne au Japon ». Dès le XVIe siècle, saint François-Xavier (1506-1552), qui se trouvait en Asie, se rend au sud de ce pays.
Deux très beaux Portraits en émail sur cuivre de saint Ignace de Loyola (1491-1556) et de saint François-Xavier (1506-1552) accueillent le visiteur qui descend vers la crypte des martyrs des Missions étrangères. L’histoire de cette « épopée » est présentée de façon chronologique. Soulignant les aspects contrastés de cette évangélisation, le parcours montre dans ces premiers siècles des périodes d’« expansion rapide aux effets bénéfiques » auxquelles succèdent de terribles répressions.
Partis du sud du Japon où ils ont accosté, les missionnaires jésuites connaissent des débuts très difficiles à cause de la langue et des coutumes. Au XVIe siècle, un système féodal perdure et certains Seigneurs acceptent le baptême, cela entraîne un grand nombre de conversions. Mais à la fin de ce siècle et au début du XVIIe siècle, les Puissants veulent réunir le Japon dans un pouvoir centralisé où le christianisme n’a pas sa place, en particulier à cause de polémiques avec le bouddhisme. Rappelons-nous le film Le Silence de Martin Scorcese, adapté du roman de Shusaku Endo Silence, qui illustre parfaitement cette tragique époque.
En 1865, le père Petitjean (1829-1884) des Missions étrangères de Paris, qui s’était établi à Nagasaki, inaugure une église. Peu de temps après des chrétiens, vivant leur foi dans la clandestinité, se font connaître à ce religieux. Ils ont réussi à garder la foi chrétienne pendant plus de 200 ans sans prêtre ! S’ensuit une nouvelle période de persécution jusqu’en 1873…
Toute cette bouleversante histoire est déclinée dans un parcours ponctué de beaux objets : magnifique Écritoire en forme de cabinet, du XVIe siècle, en bois, or, nacre, portant l’emblème de la Compagnie de Jésus, IHS ; lettres manuscrites de missionnaires ; photographies de peintures évoquant l’école d’art fondée par les Jésuites à Nagasaki ; gravures du XVIIe siècle montrant le martyr de saint Paul Mikki et de ses compagnons ; un panneau de bois Kösatsu de 1868 qui rappelle l’interdiction du christianisme, l’obligation de la dénonciation et la promesse de récompense… et de touchantes Maria Kannon (Vierge à l’Enfant dissimulée sous les traits de la déesse bouddhique de la Compassion).
La constitution de 1946, qui autorise la liberté religieuse, a permis la publication de livres de catéchèse, de prières et de mangas.
Aujourd’hui malgré le petit nombre de chrétiens – environ 1% sur 127 millions d’habitants –, de nombreuses institutions (hôpitaux, écoles, universités, centre d’aide) témoignent de la présence du catholicisme dans la société japonaise.
Passionnant et poignant !
Jusqu’au 13 juillet 2024.
Missions Étrangères de Paris, 128 rue du Bac. 75007 Paris.
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h. Entrée Libre. Fermé le lundi et le dimanche.
Catalogue : Des samouraïs aux mangas. L’épopée chrétienne au Japon, ouvrage collectif, Missions étrangères de Paris, « Héritage architectural », Éditions Invenit, 176 p., 25 €.
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