L’onction des malades, sacrement de la vie

Publié le 08 Fév 2017
L’onction des malades, sacrement de la vie L'Homme Nouveau

Le 11 février, où l’Église fera mémoire de Notre Dame de Lourdes, aura lieu la 25e journée de prière pour les malades. Cet évènement, pas directement liturgique, est l’occasion de rappeler comment l’Église transmet la grâce de Dieu à ceux qu’affecte la maladie.

C’est principalement par un sacrement spécifique qu’est répandue cette grâce : l’extrême-onction. À ce terme, le dernier Concile préfère celui d’onction des malades, car ce « n’est pas seulement le sacrement de ceux qui se trouvent à la dernière extrémité » (SC 73). Suggéré par saint Marc (6,13), il fut « recommandé aux fidèles et promulgué par Jacques (…). “Si l’un de vous est malade, dit-il, qu’il appelle ceux qui exercent dans l’Église la fonction d’Anciens : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur (Jc 5, 14)” » (Paul VI, const. Sacram unctionem, 30 novembre1972).

Le rituel de Cluny

Si l’onction est une constante depuis l’Antiquité, les prières et gestes qui l’entourent ont varié selon les lieux et époques. Au XIIIe siècle, Rome adopte officiellement un rituel hérité de Cluny : le ministre marque d’huile sainte le malade sur les points principaux du corps en prononçant une prière.

Selon le rituel tridentin (1614), la célébration suit plusieurs étapes. Après le souhait de paix et une aspersion, le prêtre dit plusieurs prières pour le malade puis lui impose les mains en disant : « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, que toute puissance du démon soit anéantie en vous par l’imposition de nos mains (…) ». Viennent alors les onctions, avec l’huile des malades bénie par l’évêque au cours de la Semaine sainte. À chaque onction, le ministre dit la formule suivante : « Que par cette onction sainte et sa miséricorde toute paternelle (piissimam), le Seigneur vous pardonne tous les péchés que vous avez commis par… la vue (yeux), l’ouïe (oreilles), la parole (lèvres), le toucher (mains) et la démarche (pieds) ». (En cas d’urgence, on se limite à une onction sur le front.) Après le concile Vatican II, les paroles sacramentelles ont été ainsi modifiées : « Que par cette onction et sa miséricorde toute paternelle, le Seigneur vous aide par la grâce du Saint-Esprit, afin que, vous ayant libéré du péché, Il vous sauve et, dans sa bienveillance, vous relève » (trad. privée). Plusieurs versets suivis d’oraisons concluent le rite. On y demande à la fois le pardon des péchés et la guérison du corps, « afin que guéri grâce à (la) miséricorde (de Dieu), il reprenne comme auparavant son activité ».

La Parole de Dieu plus centrale

La réforme liturgique de ce sacrement (1972) a apporté certaines modifications. La formule sacramentelle a été remaniée, pour coller de plus près aux paroles de saint Jacques, et les onctions se limitent au front et aux mains. Une place centrale est faite à la parole de Dieu, avant le sacrement. Parmi les lectures proposées, notons la profession de foi de Job (19,23-27) ou encore la foi du centurion qui obtient la guérison de son enfant (Mt 8,5-10.13) ; deux perspectives sont toujours en présence : la guérison, vie du corps, et la vie éternelle. Le rite se conclut par une prière, adaptée à l’état du malade (grand convalescent, personne âgée…) et la bénédiction du prêtre.

Cette onction, « extrême » ou non, s’entoure forcément d’un climat de gravité, car souvent, « la mort et la vie engagent une guerre formidable » (séq. Victimæ paschali). Que son évocation nous pousse à prier davantage pour les malades, car « il en est peu que la maladie rend meilleurs » (Imitation de Jésus-Christ, I, 23, 4).

L’Onction des Malades

(traduction privée)

Le texte qui suit est une traduction privée de l’Ordo Unctionis Infirmi (1972), aux numéros 68 à 79 : ritus ordinarius (célébration ordinaire).
Les astérisques désignent les prières pour lesquelles existent d’autres formules au choix, que l’on trouve à la fin du volume.

Rites d’introduction

En entrant, le prêtre dit la salutation suivante* :
Paix à cette maison et à tous ceux qui l’habitent.

ou bien :
Que la paix du Seigneur soit avec vous !

Puis le prêtre asperge le malade d’eau bénite en disant :
Que cette eau vous rappelle à la fois le baptême que vous avez reçu
et le Christ, qui vous rachète par sa Passion et sa Résurrection.

Il dit ensuite* :

Frères très chers,
le Seigneur Jésus Christ, vers lequel, dans l’Évangile, les malades venaient en implorant leur guérison et qui a souffert tant de choses pour nous, se rend présent au milieu de nous qui sommes réunis en son nom. Par l’apôtre Jacques, il a donné ce commandement : « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les prêtres de l’Église. Qu’ils prient sur lui et l’oignent avec de l’huile au Nom du Seigneur ; et cette prière de foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés. »
Confions donc notre frère malade à la grâce et à la force du Christ, afin qu’il trouve le soulagement et le salut.

Si le malade ne s’est pas confessé au préalable, on fait ici une préparation pénitentielle, comme au début de la messe.

Lecture de la Parole de Dieu

Ensuite, le prêtre, ou l’un des assistants, lit un texte bref tiré de la Sainte Écriture* :
Écoutez, frères, les paroles du saint Évangile selon saint Matthieu (Mt 8, 5-10.13) :
Comme Jésus était entré à Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui et le supplia : « Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé, et il souffre terriblement. » Jésus lui dit : « Je vais aller moi-même le guérir. » Le centurion reprit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Moi-même qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
À ces mots, Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient : « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. Et Jésus dit au centurion : « Rentre chez toi, que tout se passe pour toi selon ta foi. » Et, à l’heure même, le serviteur fut guéri.

Litanie

La litanie* qui suit peut se faire maintenant ou après l’onction, ou encore, si le cas se présente, aux deux moments.

Le prêtre pourra encore, selon les circonstances, adapter le texte ou le raccourcir.

Frères, dans une prière de notre foi pour notre frère N., adressons humblement nos supplications au Seigneur :

– Afin que vous le visitiez avec miséricorde et daigniez le réconforter par la sainte Onction

R/. Nous vous en prions, écoutez-nous.

– Afin que vous daigniez le délivrer de tout mal.

R/. Nous vous en prions, écoutez-nous.

Afin que vous daigniez soulager les peines de tous les malades alités.

R/. Nous vous en prions, écoutez-nous.

Afin que vous daigniez assister ceux qui soignent les malades.

R/. Nous vous en prions, écoutez-nous.

Afin que vous daigniez le délivrer du péché et de toute tentation.

R/. Nous vous en prions, écoutez-nous.

Afin que vous daigniez accorder la vie et la santé (ou le salut) à celui à qui nous imposons les mains en votre nom.

R/. Nous vous en prions, écoutez-nous.

Si l’huile a déjà été bénie, le prêtre dit sur elle la prière d’action de grâces suivante :

– O Dieu, Père tout-puissant, soyez béni,

vous qui pour nous et notre salut,

avez envoyé son Fils dans le monde.

R/. Béni soit Dieu !

– O Dieu, Fils unique, qui en prenant notre nature humaine, avez voulu nous guérir de nos infirmités.

R/. Béni soit Dieu !

– O Dieu, Esprit saint Consolateur, qui venez fortifier la faiblesse nos corps par votre vigueur éternelle.

R/. Béni soit Dieu !

Faites, Seigneur, que votre serviteur, qui, dans la foi, sera marqué de cette Huile, mérite d’être rétabli dans ses douleurs et réconforté dans ses infirmités. Par le Christ, notre Seigneur.

R/. Amen.

Onction sainte

Le prêtre prend alors l’Huile sainte et en marque le malade sur le front et sur les mains, en disant une seule fois :

Que par cette sainte onction et sa miséricorde toute paternelle, le Seigneur vous aide par la grâce du Saint-Esprit ;

R/. Amen.

afin que, vous ayant libéré du péché, il vous sauve et, dans sa bienveillance, vous relève.

R/. Amen.

Il dit ensuite la prière suivante :

Prions.

Soignez, s’il vous plaît, Seigneur, les souffrances de ce malade par la grâce du Saint-Esprit ; guérissez ses blessures et pardonnez-lui ses péchés ; chassez de lui toutes les douleurs de son esprit et de son corps, et, dans votre miséricorde, rendez-lui la pleine santé intérieure et extérieure, afin que rétabli par l’œuvre de votre miséricorde, il puisse retourner à son activité première. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles.

R/. Amen.

ou bien :

Seigneur Jésus-Christ, pour racheter l’homme et guérir les malades, vous avez voulu assumer la substance de notre chair : regardez avec bienveillance votre serviteur que voici, lui qui demande la guérison de son corps et de son âme, afin que celui que nous marquons en votre nom de l’Onction sainte vous le rétablissiez par votre puissance, le consoliez par votre soutien qui refasse ses forces et chasse le mal (et accordiez d’espérer dans la vertu de ses souffrances, à celui que vous avez voulu rendre participant de votre Passion). Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles.

R/. Amen.

Rite de conclusion

Le prêtre introduit la prière du Seigneur par ces paroles ou d’autres semblables* :

Maintenant, tous ensemble, prions Dieu, comme notre Seigneur Jésus Christ nous a appris à le faire :

et tous disent ensemble :

Notre Père, etc.

Si le malade doit recevoir la communion, il le fait maintenant, selon les rites prescrits.

Le prêtre conclut la célébration par la bénédiction :

Que Dieu le Père vous bénisse.

R/. Amen.

Que Dieu le Fils vous guérisse.

R/. Amen.

Que le Saint-Esprit vous illumine.

R/. Amen.

Qu’il garde votre corps et sauve votre âme.

R/. Amen.

Qu’il inonde de lumière votre cœur

et vous conduise à la vie éternelle.

R/. Amen.

(Et vous tous, qui êtes ici présents, que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, le Fils + et le Saint-Esprit. R/. Amen.)

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