Cette année, la fête de Marie Mère de l’Église, fixée au lundi de Pentecôte depuis 1964, coïncidait avec le Jubilé du Saint Siège à Rome. Dans son homélie, le Pape s’est attardé sur la fécondité de l’Église, issue de la croix et de la maternité de Marie.
C’est le 21 novembre 1964 que Paul VI proclamait solennellement et donc infailliblement Marie Mère de l’Église en ces termes :
« Nous proclamons la Très Sainte Vierge Marie Mère de l’Église, c’est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des pasteurs, elle que nous appelons Mère très aimante ; et Nous voulons que, dorénavant, avec ce titre si doux, la Vierge soit encore davantage honorée et invoquée par tout le peuple chrétien. »
Cette invocation fut aussitôt rajoutée aux Litanies de Lorette et, il y a quelques années, quand le cardinal Sarah était préfet du dicastère de la Liturgie, la fête fut inscrite au calendrier de l’Église universelle, le lundi de Pentecôte.
Cette année, ce jour coïncidait avec le Jubilé du Saint-Siège. Le Pape relève au début de son homélie de la messe du lundi de Pentecôte, le 9 juin, cette heureuse coïncidence : au lendemain du jour de la Pentecôte qui a vu le Saint Esprit se répandre en abondance sur l’Église primitive, une source de lumière et d’inspiration intérieure se diffuse encore aujourd’hui grâce à l’Esprit, auquel Marie a toujours été d’une fidélité et d’une docilité absolues.
Les lectures de la messe de Marie Mère de l’Église font comprendre le mystère de l’Église qui est inséparable du mystère du Christ, du mystère de Marie et du mystère de l’Eucharistie, c’est-à-dire inséparable du mystère de Dieu lui-même. Il faudrait relire ici l’admirable prologue de l’Épître de saint Paul aux Éphésiens.
Tout commence par le récit fondamental de la mort de Jésus sur la Croix. Jean, le fils de Zébédée, était le seul apôtre présent au pied de la Croix. Il était près de la Mère de Jésus et c’est à lui que Jésus confia sa Mère.
Remarquons au passage que cet épisode est une preuve irréfutable de la virginité perpétuelle de Marie, car si Marie avait eu d’autres enfants, c’est à eux, selon l’obligation inconditionnelle de la loi juive, que Jésus aurait confié sa Mère. Sur la Croix le mystère de la maternité divine a trouvé son plein épanouissement. Marie, la femme aux douze étoiles de l’Apocalypse, est à la fois la Mère de Jésus, la Mère de l’Église et la Nouvelle Ève, comme l’ont affirmé les Pères de l’Église, en particulier saint Irénée.
Elle est aussi la Socia Christi, l’Associée du Christ, terme plus théologique que celui de corédemptrice. Ce terme a l’avantage d’éviter toute ambiguité : il n’y a en effet qu’un Rédempteur, comme l’affirme saint Paul. C’est du Crucifié que provient la fécondité de Marie et en conséquence celle de l’Église.
La collecte de la messe demande en ce sens : que l’Église soutenue par le Christ et Marie soit toujours plus féconde dans l’Esprit Saint. En effet, la fécondité de l’Église a la même origine que celle de Marie et elle se réalise dans chacun des membres du Corps mystique, quand celui-ci écoute la brise de l’Esprit qui souffle dans son cœur, loin des tapages du monde. C’est et ce sera toujours de la Croix du Christ que l’Église sera féconde.
Encore une fois, le Pape proclame une vérité fondamentale de la foi chrétienne, même si elle n’est pas à la mode chez certains théologiens et liturgistes modernes. Le Pape cite le père Von Balthasar : « l’Église est l’arbre qui a poussé à partir du petit grain de sénevé de la Croix, cet arbre destiné à produire à son tour des grains de sénevé et donc des fruits qui répètent la forme de la Croix, car c’est précisément à la Croix qu’ils doivent leur existence. »
Enfin, la fécondité de Marie tout comme celle de l’Église doit nous inviter à grandir en sainteté. Le monde a besoin de saints. Le monde et l’Église ont besoin de familles de saints. Dans son noyau originel, le Siège apostolique est saint (Saint-Siège) car il dépend uniquement de la fécondité de Marie et de l’Église par la Croix du Christ.
Stat Crux dum volvitur orbis, selon la devise des Chartreux.
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