Marthe Robin (3/3) : Zoom sur les phénomènes extraordinaires

Publié le 24 Oct 2025
phénomènes extraordinaires Marthe robin
> Dossier n° 1841 : « Marthe Robin : La vérité nous rendra libres »
Yves Chiron vient de publier aux éditions Mame le livre Enquête sur les phénomènes mystiques et extraordinaires qui fait le point, sans verser dans le sentimentalisme, sur le regard que leur porte l’Église. Entretien. 

 

| Qu’appelle-t-on un « phénomène mystique extraordinaire » dans le langage de l’Église ?

Le terme « phénomène mystique » ou « phénomène extraordinaire de la vie mystique » est assez récent. Les auteurs classiques en parlent lorsqu’ils évoquent les « grâces d’oraison » ou les « états surnaturels ». Traditionnellement on distingue les phénomènes d’ordre cognitif (les visions, les locutions, les révélations), les phénomènes d’ordre affectif (l’extase, la transverbération) et les phénomènes d’ordre corporel, les plus visibles. Le père Antonio Royo Marín (1913-2005), dominicain espagnol, dans sa Teología de la perfección cristiana (Théologie de la perfection chrétienne, qui a connu 17 éditions depuis 1954), n’évoque les « phénomènes mystiques extraordinaires » qu’en dernier. Ils n’occupent qu’une centaine de pages sur les près de mille que compte son ouvrage. Ils ne sont ni une cause ni une preuve de la « perfection chrétienne ». Le père Auguste Poulain (1836-1919), jésuite, dans son traité classique Des grâces d’oraison (1901, dernière édition en 2022), en parle comme de « phénomènes accessoires de l’extase ».   

| Est-ce qu’ils se manifestent toujours de la même manière ?

Le père Royo Marín distinguait onze phénomènes mystiques d’ordre corporel, notamment la stigmatisation, les larmes de sang, l’inédie, la bilocation, la lévitation, les lumières et odeurs d’origine surnaturelle. Ils ont pour point commun d’être spectaculaires et d’être, le plus souvent, visibles par tout le monde. Le père Poulain disait qu’ils « ne sont pas un effet nécessaire de l’union mystique elle-même. Ils sont surajoutés. Quand Dieu produit ces phénomènes, c’est le plus souvent pour donner du crédit à un de ses serviteurs ». Et aussi pour édifier les fidèles et renforcer leur foi. On peut les qualifier de miracles, en ce sens qu’ils dépassent les lois de la nature. Saint Augustin disait que « pour se proportionner à notre faiblesse, Dieu, par des miracles visibles, nous excite à croire les choses invisibles ».  

| Y a-t-il des manifestations mystiques phénomènes extraordinaires qui ne sont jamais d’origine divine ?

Les théologiens et les spécialistes de la mystique distinguent le naturel, le surnaturel et le préternaturel. Les phénomènes préternaturels sont dus « à l’intervention des anges ou des démons » (père Royo Marín). Il y…

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Philippe Maxence

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