Mayotte, département français de l’océan Indien, traverse une crise sans précédent. Ce samedi 14 décembre 2024, le cyclone Chido a frappé de plein fouet l’île, causant de lourdes conséquences pour la population et le territoire.
Pour le territoire français de Mayotte, c’est la pire tempête depuis quatre-vingt-dix ans. Les autorités craignent que, à la suite du passage du cyclone Chido avec des vents de plus de 225 km/h et des vagues pouvant atteindre huit mètres, une centaine de personnes, voire quelques milliers, aient trouvé la mort. Elles préviennent que, à mesure que les opérations de recherche et de récupération s’intensifieront, le nombre de morts pourrait continuer d’augmenter.
De nombreuses infrastructures essentielles ont été gravement endommagées : les lignes électriques sont tombées, les routes sont impraticables, des hôpitaux ont été inondés et de nombreux bâtiments détruits. Plus de 15 000 foyers sont privés d’électricité et l’aéroport de Pamandzi, gravement endommagé, restera fermé jusqu’à lundi au moins.
« Tout est coupé : les liaisons téléphoniques, WhatsApp, Facebook, les lignes électriques, les routes… On ne peut pas avoir de nouvelles des gens qui sont au sud, au centre, ni au nord, ni en Petite-Terre (la petite île en face de Mamoudzou) », annonce Ousseni Balahachi, secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) à Mayotte.
Bruno Retailleau a annoncé l’envoi de « cinq vagues successives de renfort pour la Sécurité civile », soit à peu près 800 personnes, en plus de 210 personnels médicaux d’ici mercredi. Parmi eux, un avion militaire a décollé samedi soir de la base aérienne d’Orléans pour l’archipel. À son bord, 26 membres de la Sécurité civile et 19 tonnes de matériel. Il a précisé que « l’habitat précaire a été entièrement détruit ». « Il est essentiel de sauver des vies humaines », a-t-il ajouté. Vendredi, il a mentionné sur X l’envoi de 140 personnels supplémentaires dimanche, en plus des 110 déjà déployés depuis la métropole et La Réunion.
L’habitat précaire, c’est-à-dire les bidonvilles, touchant environ un tiers de la population de l’archipel, estimée à 320 000 habitants, a été entièrement détruit, selon les autorités qui se sont rendues sur place ce lundi.
Pour les Mahorais, cette tempête n’est pas seulement un événement climatique, mais un rappel brutal des vulnérabilités du territoire. Les infrastructures de l’île, déjà bien fragilisées par des décennies de sous-investissement, peinent à faire face à ces catastrophes, aggravant encore davantage les conditions de vie des habitants.
Depuis une dizaine d’années, Mayotte sombre lentement dans le chaos, avec une situation qui se dégrade chaque jour un peu plus. Un couvre-feu sera donc instauré dès mardi soir à Mayotte pour des raisons de sécurité, dans le but d’éviter les pillages, qui ont commencé dès le soir de la catastrophe. Bien que le préfet François-Xavier Bieuville ait souligné une diminution de la « délinquance générale de 5,8 % » entre janvier et octobre 2024, par rapport à la même période en 2023, Mayotte reste confrontée à une insécurité persistante.
L’archipel de Mayotte, situé au cœur de l’océan Indien à 8 000 kilomètres de Paris, accueille chaque jour des embarcations chargées de migrants en provenance des Comores. Plus de la moitié de ses 300 000 habitants sont d’origine étrangère, et 74 % des femmes qui accouchent sur l’île ne possèdent pas la nationalité française.
Face à cette immigration incontrôlée, des voix s’élèvent pour suspendre le droit du sol et renforcer les contrôles aux frontières. D’après un dernier bilan, 85 % des titres de séjour délivrés sur l’île le sont pour des motifs familiaux, contre 38 % en métropole.
La gestion non maîtrisée de la situation migratoire n’a fait qu’aggraver un bilan déjà dramatique. La fragilité des habitats précaires, souvent occupés par des populations en situation irrégulière, a intensifié les pertes humaines et matérielles. Selon des sources humanitaires, plus de 200 volontaires de la Croix-Rouge pourraient avoir disparu, soulignant l’ampleur de la tragédie et l’urgence d’une réponse humanitaire d’envergure.
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