De superbes Méditations sur la messe figurent parmi les ouvrages précédents de l’abbé de Tanoüarn. Dans le même esprit vient de paraître, tout aussi riches et émouvantes, ses Méditations sur le Credo, Credo qui constitue la porte d’entrée dans la vie chrétienne. Entretien.
| Monsieur l’Abbé, faut-il, pour lire votre ouvrage, avoir fait ses études de philosophie ?
Je ne le crois pas – même si je suis mauvais juge en la matière. Ce livre se veut un résumé de la pédagogie que j’ai utilisée en tant que prêtre depuis trente ans. J’ai commencé en Afrique, cela m’a obligé à parler simplement, et je crois vraiment que vous trouverez une parole simple dans ces méditations. Le tout début est un peu compliqué, aussi le lecteur rebuté peut-il sauter les premiers chapitres, car ils consistent à montrer en quoi la foi n’est pas la raison. C’est quelque chose dont on ne peut pas se dispenser aujourd’hui, mais très vite on est ramené au fait que Dieu, on le porte en soi. Dieu n’est pas objet de démonstration, mais sujet d’affirmation. Ou, comme disait Descartes, « une idée innée ».
| Vous avez choisi le Symbole des Apôtres plutôt que le Symbole de Nicée. Pour quelle raison ?
Parce que le Symbole des Apôtres est plus court, et parce qu’il est aussi plus disert dès qu’on touche à l’anthropologie. Toute la fin du Credo définit ce qu’est l’anthropologie chrétienne : « Je crois dans le Saint-Esprit, la sainte Église catholique, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle » définit bien la conception de l’homme que se fait le christianisme. Cela manque dans le Credo de Nicée. Alors prenons le symbole des Apôtres !
| Ce dernier étant cependant le plus ancien ?
Exactement.
| Qu’implique le mot « Père » appliqué à Dieu, comme Jésus nous a appris à l’utiliser ?
Le mot « Père » nous dit trois choses. La première est qu’il n’y a pas de piège en matière religieuse. Un bon résumé théologique se trouve dans l’adage : « Celui qui fait ce qu’il peut, Dieu ne lui refuse pas sa grâce », parce qu’il est père, et qu’il ne cherche pas à condamner sa progéniture, mais à la réhabiliter. Deuxièmement, cela indique que notre relation à Dieu est une relation d’amour. Nous sommes « aimés de Dieu », comme…