Dans un billet précédent, nous avions attiré l’attention sur la fin d’un éditorial de Mgr Yves Patenôtre, archevêque de Sens-Auxerre, qui affirmait que « le Pape n’est pas le chef de l’Eglise ». Cette information a spontanément provoqué une vague de réactions. Afin de dissiper tout malentendu, nous publions le texte intégral du texte de Mgr Patenôtre, intitulé « Il est venu confirmer ses frères dans la foi », suivi d’une précision qu’il a tenu à nous communiquer:
« De retour de Lourdes, où j’ai pu participer avec des milliers de personnes au pèlerinage du Pape Benoît XVI, voici quelques notes à chaud dès mon retour à Auxerre.
La majorité des pèlerins étaient plutôt jeunes. Bien sûr il y avait des cheveux blancs – ou plus de cheveux du tout – mais un regard rapide sur la foule donnait une impression de jeunesse. Y compris parmi les prêtres ou les religieux et religieuses. Je trouve cela assez intéressant. Il y a une recherche spirituelle de plus en plus évidente chez les jeunes. Je le constate aussi dans l’Yonne en lisant les lettres que m’envoient les confirmands. Cela ne me surprend pas tout à fait. En fait, un jeune a soif d’absolu. Il y a un moment où la superficialité ou la médiocrité ne suffisent plus. Alors les jeunes viennent puiser aux sources. Et une source a jailli à Lourdes des mains de la petite Bernadette. Le symbole est fort. Les jeunes ne s’y trompent pas.
Le pape, dans le style de Marie et de Bernadette, est toujours resté humble et simple. Il a proposé une route. C’est celle que propose l’Église d’aujourd’hui. Celle du Concile. Celle qui ouvre des chemins vers la recherche de Dieu. Des chemins qui orientent vers l’essentiel. Le pape Benoît n’a pas cherché à être centre. Il a désiré nous inviter à aller vers le Christ. À ce propos, vous pourrez reprendre le texte de sa méditation devant le Saint-Sacrement à la procession du dimanche après-midi. Elle est splendide. Il l‘a lue avec une douce ferveur. Il nous parlait en disant « frères et sœurs, amis ». Au cœur d’un long temps de silence. C’est impressionnant un long silence de milliers de personnes réunies au même endroit. Un temps pour Dieu. Parce que c’est Dieu. Voir un Pape prier, entendre le murmure de son cœur en prière, donne envie de garder le temps de la prière au cœur de nos vies.
De l’arrivée à l’aéroport d’Orly jusqu’au départ de Lourdes, nous gardons beaucoup de textes du Pape Benoît. Certains plus difficiles que les autres. Cela vaudra la peine de les reprendre. Ils éclairent la notion de laïcité et celle de l’apport des religions au service du bien commun, dans le respect des responsabilités diverses. Ils s’offrent, pour un dialogue et une construction commune, à tous ceux et celles qui pensent ou croient autrement. Ils sont vraiment proposition de sens. C’est sûr qu’ils ne sont pas matière à articles ou propos outranciers. Ils prennent les questions au plus haut niveau. C’est, en général, le moins encombré. Ils nous sont offerts. Cela vaudra la peine de les reprendre pour ne pas en rester à de simples impressions, mais pour qu’ils puissent nourrir notre réflexion et guider nos engagements au sein de la société.
Évêques, réunis autour de celui qui établit notre communion, nous avons vécu des moments forts et simples. Ces deux adjectifs se supportent bien ensemble. Bien sûr, il y a toujours le côté solennel et bien huilé des cérémonies pontificales. La qualité de leur préparation leur permet de se déployer dans la beauté. En tout cas, j’ai bien réalisé qu’évêque, successeur des apôtres, je me trouvais à côté de celui qui, au nom du Christ, venait « confirmer ses frères dans la foi ». Le Pape n’est pas le chef de l’Église. (Souligné par L’Homme Nouveau) C’est le Christ qui est tête du Corps. Mais il est premier parmi ses frères. Et s’il ne nous a pas fait de révélations extraordinaires, il nous a confortés dans le bonheur d’annoncer l’Évangile, source de bonheur pour le monde. Et je trouve que se remettre avec lui sur ce chemin-là fut un moment de grâce sous le regard de Marie et de Bernadette. »
Précision de Mgr Patenôtre :
« Mon texte dit toute mon admiration et mon affection pour notre Saint Père ! C’est le Christ qui est le chef de l’Eglise. Relisons les épîtres de Paul, et en particulier l’hymne des Colossiens (1,12-20) : « Il est l’image du Dieu invisible…Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Eglise …»
Le pape est le chef du Collège des évêques, à la suite de saint Pierre, et ce n’est pas la même chose. »