Mgr Patenôtre et Benoît XVI

Publié le 27 Oct 2008
Au quotidien n° 247 : état de droit et refondation politique L'Homme Nouveau

 Dans un billet précédent, nous avions attiré l’attention sur la fin d’un éditorial de Mgr Yves Patenôtre, archevêque de Sens-Auxerre, qui affirmait que « le Pape n’est pas le chef de l’Eglise ». Cette information a spontanément provoqué une vague de réactions. Afin de dissiper tout malentendu, nous publions le texte intégral du texte de Mgr Patenôtre, intitulé « Il est venu confirmer ses frères dans la foi », suivi d’une précision qu’il a tenu à nous communiquer:

« De retour de Lourdes, où j’ai pu participer avec des milliers de personnes au pèlerinage du Pape Benoît XVI, voici quelques notes à chaud dès mon retour à Auxerre.

La majorité des pèlerins étaient plutôt jeunes. Bien sûr il y avait des cheveux blancs – ou plus de cheveux du tout – mais un regard rapide sur la foule donnait une impression de jeunesse. Y compris parmi les prêtres ou les religieux et religieuses. Je trouve cela assez intéressant. Il y a une recherche spirituelle de plus en plus évidente chez les jeunes. Je le constate aussi dans l’Yonne en lisant les lettres que m’envoient les confirmands. Cela ne me surprend pas tout à fait. En fait, un jeune a soif d’absolu. Il y a un moment où la superficialité ou la médiocrité ne suffisent plus. Alors les jeunes viennent puiser aux sources. Et une source a jailli à Lourdes des mains de la petite Bernadette. Le symbole est fort. Les jeunes ne s’y trompent pas.

Le pape, dans le style de Marie et de Bernadette, est toujours resté humble et simple. Il a proposé une route. C’est celle que propose l’Église d’aujourd’hui. Celle du Concile. Celle qui ouvre des chemins vers la recherche de Dieu. Des chemins qui orientent vers l’essentiel. Le pape Benoît n’a pas cherché à être centre. Il a désiré nous inviter à aller vers le Christ. À ce propos, vous pourrez reprendre le texte de sa méditation devant le Saint-Sacrement à la procession du dimanche après-midi. Elle est splendide. Il l‘a lue avec une douce ferveur. Il nous parlait en disant « frères et sœurs, amis ». Au cœur d’un long temps de silence. C’est impressionnant un long silence de milliers de personnes réunies au même endroit. Un temps pour Dieu. Parce que c’est Dieu. Voir un Pape prier, entendre le murmure de son cœur en prière, donne envie de garder le temps de la prière au cœur de nos vies.

De l’arrivée à l’aéroport d’Orly jusqu’au départ de Lourdes, nous gardons beaucoup de textes du Pape Benoît. Certains plus difficiles que les autres. Cela vaudra la peine de les reprendre. Ils éclairent la notion de laïcité et celle de l’apport des religions au service du bien commun, dans le respect des responsabilités diverses. Ils s’offrent, pour un dialogue et une construction commune, à tous ceux et celles qui pensent ou croient autrement. Ils sont vraiment proposition de sens. C’est sûr qu’ils ne sont pas matière à articles ou propos outranciers. Ils prennent les questions au plus haut niveau. C’est, en général, le moins encombré. Ils nous sont offerts. Cela vaudra la peine de les reprendre pour ne pas en rester à de simples impressions, mais pour qu’ils puissent nourrir notre réflexion et guider nos engagements au sein de la société.

Évêques, réunis autour de celui qui établit notre communion, nous avons vécu des moments forts et simples. Ces deux adjectifs se supportent bien ensemble. Bien sûr, il y a toujours le côté solennel et bien huilé des cérémonies pontificales. La qualité de leur préparation leur permet de se déployer dans la beauté. En tout cas, j’ai bien réalisé qu’évêque, successeur des apôtres, je me trouvais à côté de celui qui, au nom du Christ, venait « confirmer ses frères dans la foi ». Le Pape n’est pas le chef de l’Église. (Souligné par L’Homme Nouveau) C’est le Christ qui est tête du Corps. Mais il est premier parmi ses frères. Et s’il ne nous a pas fait de révélations extraordinaires, il nous a confortés dans le bonheur d’annoncer l’Évangile, source de bonheur pour le monde. Et je trouve que se remettre avec lui sur ce chemin-là fut un moment de grâce sous le regard de Marie et de Bernadette. »

Précision de Mgr Patenôtre :

« Mon texte dit toute mon admiration et mon affection pour notre Saint Père ! C’est le Christ qui est le chef de l’Eglise. Relisons les épîtres de Paul, et en particulier l’hymne des Colossiens (1,12-20) : « Il est l’image du Dieu invisible…Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Eglise …» 

Le pape est le chef du Collège des évêques, à la suite de saint Pierre, et ce n’est pas la même chose. »

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSociété

Le combat pour la vie sauvera l’humanité

Parole du Pape | S’adressant aux membres du mouvement pro-vie italien venus à Rome en pèlerinage le 8 mars dernier, le pape François a une fois encore insisté sur l’importance de la protection et de l’accueil de la vie, qui peut sembler à rebours de la société actuelle, plus portée sur la rentabilité.

+

pape François pro vie
ÉgliseCarême

« Caridad » : Des projets humanitaires de Redon à l’international

Initiatives chrétiennes | Spécialiste de l’aide au développement, l’association « Caridad » s’est tournée vers l’international et œuvre désormais en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud. Elle intervient dans plusieurs domaines, éducation, accès à l’eau, micro-crédit, mais toujours dans un environnement catholique. Entretien avec Irénée de Poulpiquet responsable projet.

+

caridad humanitaire
Église

Pape : « Les cendres ravivent la mémoire de notre fragilité »

Parole du Pape | Les cendres ravivent la mémoire de notre fragilité hélas trop souvent coupable, mais elles ne doivent pas pour autant nous conduire au désespoir. Le Pape nous invite tout d’abord à faire mémoire. On sait l’importance qu’attache le Pape à cette faculté destinée à nous relier au passé et à nous le remémorer. La crise de civilisation inédite que nous vivons est certainement due à cette perte générale de la mémoire.

+

AdobeStock 189413141 cendres
Église

Dieu existe… ou pas ? Un défi apologétique pour les lycéens

Entretien | Prêtre de la Fraternité Saint-Thomas Becket, l’abbé Aymeric Mehrkens connaît bien la jeunesse qu’il accompagne depuis des années à travers aumôneries, camps et missions d’évangélisation. Fort de cette expérience, il signe Dieu existe… ou pas ?, un livre incisif et accessible pour répondre aux questions des lycéens sur la foi, la raison et l’existence de Dieu. Entretien.

+

man 1853961 1280 cendres
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Introït Justus ut palma florébit (Commun des saints)

Avec cet introït, dont le texte est emprunté au psaume 91 (92 selon l’hébreu), nous nous mettons à l’école et à l’écoute de la nature. La mélodie de cet introït de 1er mode est mystérieuse et très contemplative. Elle prend son temps, et elle nous invite par là à prendre le temps, nous aussi, de contempler la croissance silencieuse et régulière du bien dans l’humanité.

+

communion kyrie introït