Isolé parmi les 270 évêques américains, Mgr Joseph Strickland (Texas), a fait l’objet d’une visite apostolique en juin dernier à la suite d’un commentaire public qu’il a adressé directement au Saint-Père, sur les dérives actuelles dans le processus entamé par le Synode sur la synodalité. Après une enquête à ce jour injustifiée, le Vatican semble vouloir l’écarter.
« On nous fait croire que Jésus est un homme parmi d’autres, qu’il n’est pas nécessaire de partager son message avec toute l’humanité. Cette idée doit être rejetée. » Mgr Strickland est un pasteur plein de douceur, mais il y a en lui un zèle qui ne s’éteint jamais. Évêque depuis bientôt onze ans de Tyler, à l’est de Dallas, il sait que son rôle primordial est de défendre les enseignements millénaires de l’Église. Même – et surtout – sous les pressions venues de Rome. Comme le lui a écrit Mgr Athanasius Schneider, du Kazakhstan, citant saint Basile : « La seule accusation qui est désormais sûre d’entraîner une punition sévère est le respect soigneux des traditions des Pères. » Une visite apostolique du diocèse, mesure disciplinaire ordonnée en haut lieu, généralement à la suite de scandales, a été décidée par Rome et a duré plusieurs jours. Elle s’est terminée le 24 juin par un entretien entre deux investigateurs délégués par Rome – Mgr Kicanas, de Tucson (Arizona), et Mgr Sullivan, de Camden (New Jersey) – et Mgr Strickland. Dans un message direct à ses ouailles daté du 20 septembre, celui-ci affirme qu’il n’a reçu de la part du Vatican, depuis trois mois, aucune information sur les raisons de cette enquête ni sur ses effets. Une réunion aurait eu lieu le 9 septembre entre le pape François et deux archevêques, Mgr Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis, et Mgr Robert Prevost, nouveau chef du Dicastère pour les Évêques, tous deux futurs cardinaux et progressistes notoires. L’objet de cette rencontre aurait été notamment d’examiner des propos de Mgr Strickland qu’il avait « tweetés » en mai dernier : « Il est temps pour moi de dire que je rejette le programme [du pape François] qui sape le dépôt de la foi. » « Je ne peux pas démissionner car cela reviendrait à abandonner le troupeau que m’a confié le pape Benoît XVI, a expliqué sereinement l’évêque visé. Mais je respecterai l’autorité du pape François s’il me retire ma fonction…