Journaliste indépendant, spécialiste du milieu agricole et rédacteur en chef de la revue de presse agricole Argos, Guy Laluc dresse un portrait des revendications des agriculteurs et des raisons du monde paysan plus compliqué qu’on ne pourrait le croire au premier coup d’œil.
Le Figaro du 24 novembre 2023 a été le premier à faire part de « la colère paysanne » vis-à-vis d’une Politique agricole commune (Pac) « de plus en plus bureaucratique » qui impose 4 % de jachère en période de tensions alimentaires. Quant à Damien Greffin (FDSEA Île-de-France), il dénonçait notamment la suppression de la défiscalisation du gasoil non routier. Avec les panneaux indicateurs des communes la tête à l’envers, M. le magazine du Monde du 2 décembre 2023 considère que les agriculteurs en colère ont « le sens de la communication ». Ce mouvement parti du Sud-Ouest entendait protester contre le non-versement de certaines aides de la Pac et les normes en vigueur.
Le grand ras-le-bol des agriculteurs
Hausse des taxes, prolifération de normes, etc. Valeurs Actuelles du 7 décembre 2023 titre : « Le grand ras-le-bol des agriculteurs ». « Cette noble profession est au bord de la crise de nerfs », lâche l’hebdo. Thierry Coué, éleveur de porcs en Bretagne, témoigne en tant que secrétaire général adjoint de la FNSEA, notamment à propos des obligations administratives. En fin d’article, Arnaud Rousseau (vice-président de l’organisme) prévient dans une menace à peine voilée : « tout dépend de la façon dont le président de la République a envie de déambuler dans le Salon ». Le syndicat majoritaire obtiendra de la Première ministre l’abandon de la taxe sur les produits phytosanitaires et celle sur les prélèvements d’eau, taxes qui vont aux agences de l’eau pour financer notamment les mesures agro-environnementales et climatiques. Or, les caisses étant à sec, les paiements pour ces aides environnementales n’étant pas honorés, 150 paysans membres de la Confédération paysanne sont venus occuper la direction régionale de l’agriculture à Rennes. Ils se sont fait asperger de gaz lacrymogène et sortir de l’enceinte administrative par les forces de police. Interrogé dans Le Journal du Dimanche du 24 décembre 2023, à l’issue des manifestations, le président de la FNSEA évoquera (légitimement) « un trop grand décalage en France entre les hauts fonctionnaires qui créent ces mesures environnementales et le quotidien des agriculteurs ».
Trois mesures demandées
Il y aura la manifestation sur la place du Capitole à Toulouse qui verra…