Mois de Marie : La royauté universelle de la Sainte Vierge

Publié le 01 Mai 2023
Mois de Marie

Mois de marie

Royauté au sens propre ? 

 

Peut-on dire que la Sainte Vierge participe à la royauté universelle de Dieu, en ce sens que, d’une façon subordonnée au Christ, elle est à proprement parler reine de toutes les créatures ? 

Elle pourrait déjà être appelée ainsi au sens impropre du terme, du fait qu’elle est, par ses qualités spirituelles, par sa plénitude de grâce, de gloire et de charité, supérieure à toutes les autres créatures. Par exemple, au sens impropre du terme, le lion est nommé roi des animaux pour signifier seulement sa supériorité sur eux. 

Mais ce titre lui convient-il aussi au sens propre du terme, en tant qu’elle a reçu l’autorité et la puissance royale ? A-t-elle, au-dessous du Christ et par lui, non seulement une primauté d’honneur sur les saints et les anges, mais également un véritable pouvoir de commander aux hommes et aux anges ? 

Les Pères de l’église, d’Orient et d’Occident, ont très souvent appelé Marie Domina (souveraine) et Regina (Reine), en particulier Saint Éphrem, Saint-Germain de Constantinople, Saint-Jean Damascène, Saint-Pierre Chrysologue, etc.  Les théologiens du Moyen Âge, et ensuite les papes après eux, ont toujours employé les mêmes expressions. De même aussi la liturgie romaine et les liturgies orientales ont toujours appelé Marie reine des cieux, reine des anges, reine du monde, reine de tous les saints. 

 

Les raisons théologiques de cette royauté

 

Deux raisons théologiques sont invoquées par les théologiens pour montrer que la royauté universelle confié à Marie au sens propre du mot : Jésus-Christ homme, en tant que sa personne divine, est, par l’union hypostatique, roi de l’univers. Or Marie, comme mère de Dieu fait homme, appartient à l’ordre de l’union hypostatique et participe à la dignité de son fils ; elle participe donc, de manière connaturelle, en tant que mère de Dieu, à sa royauté universelle. 

Jésus-Christ est également roi de l’univers par sa victoire sur le démon au calvaire et sur le péché, par son obéissance souffrante sur la croix, qui est cause de ce que « Dieu l’a souverainement exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur ». Or Marie, au calvaire surtout, en s’unissant aux souffrances et aux humiliations de son fils, a été associée aussi intimement que possible à sa victoire sur le démon et sur le péché. Elle est donc associée aussi véritablement à sa royauté universelle qui récompense son obéissance souffrante. 

Cette royauté de Marie s’exerce au Ciel bien sûr où la vision de la gloire de Marie fait partie du bonheur des élus, elle s’exerce sur terre par la distribution des grâces, elle s’exerce au purgatoire également en ce sens que Marie encourage les fidèles de la terre à prier pour les âmes du purgatoire. Enfin, cette royauté de Marie s’exerce même à l’égard des démons, qui sont obligés de reconnaître en tremblant sa puissance car elle est capable d’écarter les tentations qu’ils provoquent, de repousser leurs attaques : Saint Louis-Marie Grignon de Montfort souligne à juste titre que « les démons souffrent plus d’être vaincus par l’humilité de Marie que d’être immédiatement écrasés par la toute-puissance divine ». 

« Vous êtes belle et pleine de grâce, ô fille de Jérusalem, terrible comme une armée rangée en bataille. » (Cantique des cantiques 6,3) 

Tout ceci montre que la royauté de Marie est bien universelle, et s’exerce sur tout l’univers. 

 
La réalité de cette royauté mariale, d’après les Litanies de Lorette  

 

Reine des Anges, elle l’est parce que sa mission est supérieure à la leur. Elle est mère de Dieu, les anges ne sont que ses serviteurs. Elle se trouve autant élevée au-dessus des anges qu’il y a de différence entre le nom de mère et celui de serviteur. Elle seule avec Dieu le Père peut dire à Jésus-Christ : « vous êtes mon fils, je vous ai engendré ». 

D’ailleurs, en concevant le Christ, en le nourrissant, en prenant soin de lui, elle-même a servi le Christ plus directement que tous les anges ont pu le faire. Les anges n’ont chacun que la garde d’un homme ou d’une communauté, tandis que Marie est la gardienne de tout le genre humain. Les anges repoussent les démons, Marie a écrasé la tête du serpent infernal. 

Reine des patriarches, son intimité avec Dieu dépasse de beaucoup l’intimité qu’ont eue Abel, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph. L’acte le plus héroïque d’Abraham fut celui par lequel il s’apprêta à immoler son fils Isaac, qui était le fils de la promesse. Avec un mérite beaucoup plus grand, Marie offrit son fils, qui lui était incomparablement plus cher que sa propre vie, et aucun ange du Ciel ne vint, comme pour Isaac, empêcher l’immolation sanglante de Jésus sur la croix. 

Reine des prophètes, Marie a non seulement prédit elle-même l’avenir lorsqu’elle a chanté dans le magnificat que toutes les nations l’appelleront bienheureuse, mais elle est également reine des prophètes parce qu’ils ont parlé d’elle, par exemple Isaïe lorsqu’il écrivit : « Voici qu’une vierge conçoit, et elle enfante un fils, et on lui donne le nom d’Emmanuel ». 

Marie a eu le don de prophétie à son degré le plus élevé après Jésus, et en même temps la compréhension parfaite de la plénitude de la Révélation que Notre-Seigneur est venu apporter au monde. 

Reine des apôtres, après l’Ascension, les apôtres avaient encore besoin d’aide, de conseil, de secours, et personne ne pouvait mieux les leur prodiguer que Marie qui les a consolés dans la tristesse immense qu’ils éprouvèrent après le départ de Notre-Seigneur pour le Ciel, quand il se sentirent seuls et impuissants à travailler à l’évangélisation du monde païen au milieu de difficultés insurmontables, avec la perspective des persécutions annoncées. Jésus leur avait laissé sa mère pour les fortifier. Aucun des apôtres ne devait la quitter sans avoir été éclairé, consolé, sans être devenu meilleur et plus fort. Personne mieux qu’elle ne pouvait leur parler de l’enfance du Christ et de ce qui s’était passé dans l’âme de son fils sur la croix. Il n’est pas surprenant que saint Jean ait parlé du mystère de l’incarnation mieux que les autres. Étant l’apôtre le plus proche de Marie, il était celui qui pouvait le mieux comprendre le Christ. 

Reine des vierges, Marie inspire aux jeunes hommes et aux jeunes femmes le désir de la virginité consacrée à Dieu. C’est elle qui permet à tous les chrétiens de vivre la chasteté dans un monde aujourd’hui plus dépravé que ne l’était l’empire romain à son époque. 

 La Sainte Vierge fait comprendre aux vierges consacrées à Dieu qu’elles peuvent humblement aspirer à une maternité spirituelle qui est un reflet de la sienne. La vraie pureté, dit saint Charles de Foucauld, ne consiste pas dans cet état neutre, où l’on n’appartient à personne, mais dans cet état où l’on adhère totalement à Dieu.  

 

 

D’après « La Mère du Sauveur et notre vie intérieure » du Père Garrigou-Lagrange, O.P. 

 

 

Abbé Christophe Toulza, FSSP

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