Notre-Dame de Chrétienté : un pèlerinage au service du prochain

Publié le 25 Avr 2023
Notre-Dame de Chrétienté

Notre-Dame de Chrétienté

Le 41e pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté aura lieu du 27 au 29 mai. La désormais traditionnelle marche de Pentecôte de Paris à Chartres s’accompagne cette année d’une initiative caritative pour mettre concrètement en œuvre avec les pèlerins la vertu de charité. Explications avec Denis Pinoteau, vice-président et directeur des Soutiens de Notre-Dame de Chrétienté.

 

« Dans chaque malade, quel qu’il soit, sachez reconnaître et servir le Christ lui-même » Benoît XVI

Notre-Dame de Chrétienté a décidé cette année de s’associer avec l’Ordre de Malte afin de venir en aide aux personnes handicapées, pourquoi ?

Notre-Dame de Chrétienté souhaite proposer un projet caritatif à ses pèlerins lorsqu’ils s’inscrivent au pèlerinage de Chartres. En effet, le but de Notre-Dame de Chrétienté est de promouvoir le règne du Christ dans nos sociétés, dans nos familles, et bien-sûr au sein de nos chapitres, qui sont eux-mêmes des micro-chrétientés. Ce type de projet caritatif permet de concrétiser cette charité vis-à-vis de notre prochain, vertu naturelle pour un chrétien.

Alors que les pèlerins de chrétienté traversent chaque année les mêmes lieux entre Paris et Chartres, nous voulons laisser une trace de ce passage annuel, comme ce projet caritatif, au cœur du diocèse de Chartres. Nous érigeons également des calvaires, sur les bords des routes, comme à Sonchamp cette année, en partenariat avec SOS Calvaires.

Nous agissons aussi et d’abord par la prière puisque nos 15 000 pèlerins marcheurs prient pour les personnes qui nous observent, parfois avec surprise. Notre chapitre Emmaüs, par exemple, rayonne autour du pèlerinage pour évangéliser et expliquer ce que nous faisons, pourquoi nous marchons, notre foi et notre espérance.

Enfin, nous essayons de développer le plus important chapitre du pèlerinage, celui des Anges Gardiens, qui réunit ceux qui ne peuvent marcher avec nous pendant ce week-end de la Pentecôte, mais sont en union de prières, en France et par-delà les frontières. Nous dépasserons 5 000 pèlerins non-marcheurs cette année. Rien n’est plus simple que de devenir Ange Gardien, tout est expliqué sur notre site !

Pour la première fois, nous avons choisi cette année un projet caritatif spécifique, en émettant un appel aux dons.

Pourquoi le choix de l’Ordre de Malte ?

Depuis 1990, cet ordre de chevalerie – dont les origines remontent au XI° siècle, à Jérusalem où, bien avant la Première Croisade, les pèlerins pouvaient déjà se faire soigner dans un hôpital réputé pour la qualité de ses soins – accompagne maintenant les pèlerins de Chartres, avec un dispositif de premiers secours, qui apporte un soutien sanitaire jour et nuit. Le charisme de l’Ordre de Malte, depuis la Terre Sainte jusqu’à nos jours, est : obsequium pauperum – le service des pauvres et des malades, et tuitio fidei – la défense de la chrétienté et de la foi.

Et cela s’accorde tout à fait à notre propre charisme, bien entendu. Cette relation, aussi ancienne que cohérente, fait qu’il était tout à fait normal pour Notre-Dame de Chrétienté de proposer à l’Ordre de Malte de soutenir un de leurs projets.

Quel est donc le projet qu’ils vous ont proposé de soutenir ?

Après étude de différentes options, nous avons choisi ensemble le projet qui correspondait le mieux au pèlerinage. En effet, il s’agit de soutenir un établissement qui se trouve dans le diocèse de Chartres, non loin de l’itinéraire emprunté par les pèlerins : la maison Saint-Fulbert à Lèves, dans les faubourgs de Chartres, qui est un Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) accueillant et accompagnant des personnes adultes présentant des troubles du spectre autistique.

Nous avons échangé avec eux et la direction de l’établissement nous a soumis un besoin de tricycles à deux places afin de permettre aux résidents de pouvoir sortir sur les routes avec un membre de leur famille, ou quelqu’un venu les visiter. Certains sont en effet assez sportifs, et pour les autres, cela leur offrira une activité ludique à plusieurs.

tricyles Notre-Dame de Chrétienté

Comment cette aide se concrétise-t-elle ?

Au moment où ils s’inscrivent au pèlerinage de Chartres, les pèlerins se voient proposer de faire un don pour le projet Saint-Fulbert, afin de financer l’achat des tricycles. En fonction des dons reçus, nous pourrons financer un ou deux tricycles, peut-être plus.

Depuis combien de temps songez-vous à ce projet ?

Nous avons décidé de monter ce projet caritatif en décembre dernier. Nous avons choisi de proposer à nos pèlerins de soutenir les plus faibles à travers l’autisme, qui est difficile à appréhender et à soigner. Après en avoir parlé avec l’Ordre de Malte France, nous avons rencontré les responsables de l’établissement Saint-Fulbert, à Lèves, et nous avons été touchés par leur investissement charitable dans l’aide apportée à leurs résidents autistes.

Combien de personnes sont impliquées dans le projet ?

Du côté de Notre-Dame de Chrétienté, une petite dizaine de bénévoles est mobilisée pour le succès de cette cause. La direction de la communication, dont la plupart sont de jeunes pros, est très impliquée pour concevoir et relayer les messages d’appel aux dons. Mais aussi notre service achats qui va mettre ses talents à profit de l’acquisition des tricycles souhaités, dans des conditions optimales, comme tous les contrats que nous passons pour organiser notre pèlerinage à moindre coût. Du côté de l’Ordre de Malte, la direction de la communication et l’encadrement de la maison Saint-Fulbert sont à nos côtés pour nous accompagner.

Votre projet est-il appelé à se renouveler chaque année ?

Oui, nous choisirons chaque année un nouveau projet caritatif. C’est une manière d’ancrer notre pèlerinage dans la vie de l’Eglise, de poursuivre notre soutien concret à la souffrance de nos frères. Il ne s’agit d’ailleurs pas de leur apporter seulement un don par ces tricycles, mais aussi de partager leur croix au pied de Notre Dame du Pilier, à la cathédrale de Chartres, à travers la prière de nos chapitres et les souffrances de nos pèlerins.

Le but est-il aussi de faire participer des personnes handicapées au pèlerinage ?

Nous proposons effectivement que les personnes handicapées de la maison Saint Fulbert, pouvant et souhaitant pèleriner avec nous, nous rejoignent avec leur famille, au sein du chapitre de l’Ordre de Malte, Notre-Dame de Philerme, qui est une sorte de pont entre nos deux organisations. Cependant, cette proposition reste prudente, car il est possible qu’elle ne convienne pas à toute personne en situation d’autisme.

Mais évidemment, c’est bien l’esprit de notre pèlerinage : proposer au maximum de gens, et également aux malades, de pouvoir nous accompagner. Cette démarche est finalement quelque chose de simple et naturel : il faut que tous puissent venir rendre grâce, mais aussi demander des grâces à travers ce pèlerinage. Après la marche, nous leur proposons d’assister à la messe pontificale qui sera célébrée à la cathédrale de Chartres, en cloture de notre pèlerinage, lundi à 15h.

Ce chapitre est-il ouvert à toutes les personnes handicapées ?

Ce chapitre Notre Dame de Philerme a d’abord vocation à rassembler les pèlerins proches du charisme de l’Ordre de Malte, et accompagne souvent une ou plusieurs personnes handicapées, résidentes des maisons administrées par l’Ordre.

Les pèlerins peuvent-ils être volontaires dans le chapitre afin d’aider les personnes handicapées ?

Ce sont généralement les membres et bénévoles de l’Ordre de Malte qui s’occupent des personnes handicapées du chapitre, mais il est tout à fait possible de se rapprocher d’eux pour proposer son aide.

Cela nécessite-t-il une organisation particulière ?

Pas particulièrement car les personnes autistes n’ont pas de problèmes physiques. L’idée est de les intégrer au pèlerinage depuis la pause déjeuner du lundi à Saint-Prest. Le point particulier sur lequel il faut faire attention est plutôt que les personnes autistes sont souvent sujettes à l’agoraphobie. Certaines ne sont pas toujours à l’aise dans les lieux comme un pèlerinage, où il y a beaucoup de monde. C’est l’encadrement de la maison Saint-Fulbert qui pilotera cette intégration, puisqu’ils les connaissent très bien.

Quel lien faites-vous entre votre thème d’année et votre projet ?

Au sein du chapitre Notre-Dame de Philerme, les résidents autistes-pèlerins pourront suivre, autant que possible, les méditations sur le thème de l’année « L’Eucharistie, salut des âmes ».

Comme nous l’écrit l’abbé Jean de Massia, notre Aumônier Général, dans son mot d’introduction au thème, nous constatons « l‘impact qu’ont eu les confinements de 2020 et 2021 sur la vie de la foi dans l’Eglise de France. Pour certains, le culte à rendre à Dieu par l’assistance à la messe est passé au second plan, voire au dernier. D’autres au contraire se sont mobilisés pour exiger le retour de la messe : pour eux, cette période a été l’occasion d’approfondir leur désir de l’Eucharistie…. Peut-on vivre chrétiennement sans les sacrements, sans la messe ? … La source de la charité chrétienne est dans ce sacrifice d’amour du Christ à son Père, par lequel notre rédemption s’accomplit ».

La charité envers les pauvres et les malades trouve donc bien sa source dans la messe. C’est pourquoi, nous proposerons aux résidents autistes-pèlerins d’assister avec nous à la messe pontificale, dans la cathédrale de Chartres. Nous offrirons nos peines et nos sacrifices ensemble à l’offertoire.

Avec le débat sur la fin de vie que nous avons eu cette année, cette association est-elle une réponse au sort que réserve notre société aux personnes vulnérables ?

Je pense que d’une manière ou d’une autre, la charité s’exerce d’abord sur les plus proches et les plus faibles, qu’il faut protéger à tout prix. Les catégories de personnes les plus faibles sont nombreuses et les autistes en font partie, bien entendu. Notre souhait était de proposer une aide concrète, proche de l’esprit du pèlerinage. C’est donc bien une réponse, parmi d’autres, à la protection des plus vulnérables.

Cette association de Notre-Dame de Chrétienté avec l’Ordre de Malte s’inscrit-elle dans un cadre plus général d’ouverture aux personnes handicapées ?

Oui, bien sûr, nous avons un chapitre – le chapitre Saint-Gilles – qui regroupe certaines personnes handicapées, accompagnées de leur famille. Les handicaps sont assez différents : certains sont moteurs, d’autres mentaux, et nous avons également des enfants trisomiques.

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Est-il indispensable de s’inscrire au pèlerinage de Chartres pour participer à cette collecte de dons ?

Non, nous avons ouvert une page de dons externes pour que ceux qui ne pourraient pas participer au pèlerinage cette année puissent malgré tout soutenir notre projet caritatif. J’appelle chacun de vos lecteurs à faire un don, aussi modeste soit-il, ici : https://www.nd-chretiente.com/projet-malte/. Que Notre-Dame de Chartres les bénisse !

 

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Marguerite Aubry

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