> Éditorial de Philippe Maxence
Cette fois la rentrée est bien faite, avec son lot de crises politiques, de manifestations et de blocages de la vie sociale. Pour L’Homme Nouveau, cette rentrée s’insère dans une perspective un peu particulière. Dans un peu plus d’un an, en effet, en décembre 2026 pour être précis, votre magazine célébrera son 80e anniversaire.
C’est, en effet, en décembre 1946 que l’équipe des militants du mouvement « Pour l’unité », réunis autour du père Fillère et de l’abbé Richard, a lancé L’Homme Nouveau dans le but de servir la « seule cause de Dieu » et de promouvoir l’unité du monde, non autour des idéologies mondaines et séculières, mais autour du pontife romain, vicaire du Christ.

Une du premier numéro de L’Homme Nouveau, 1er décembre 1946.
Servir le Christ, l’Église et notre patrie
Depuis 1946, les équipes se sont succédé, apportant chacune leurs spécificités et essayant de répondre aux défis du moment. Après le père Fillère et l’abbé Richard, Marcel Clément a marqué de son empreinte durable les destinées de L’Homme Nouveau. Georges Daix et Denis Sureau ont ensuite pris la relève en permettant à notre bimensuel d’entrer dans le XXIe siècle.
Aujourd’hui, L’Homme Nouveau est toujours présent et une équipe, fortement rajeunie, entend continuer par le biais de ce travail de presse à servir le Christ, l’Église et notre patrie, sans aucune autre référence que la doctrine de l’Église et la philosophie classique sur laquelle elle s’appuie.
Faut-il le rappeler ? L’Homme Nouveau n’est pas un journal d’opinions. Autant que nos propres faiblesses le permettent, nous essayons de transmettre l’enseignement de l’Église et d’appuyer nos analyses sur les données objectives apportées par la Révélation et, sur le plan naturel, par la philosophie classique.
Sous le règne de l’opinion
La diffusion permanente des opinions est devenue malheureusement la norme habituelle de la presse, chaque journaliste devenant un éditorialiste et tentant de séduire une partie de son public, ce dernier croyant être conforté dès lors qu’il entend ce qui correspond à « ses idées ». Le règne de l’opinion est aujourd’hui universel, et trouve comme caisse de résonance aussi bien les réseaux sociaux que les sites Internet, les plateaux de télévision de CNews et de BFM comme d’un certain nombre de radios communautaires.
Bien évidemment, les exigences de la vérité et de la justice ne sont pas davantage prises en compte par les relais puissants et nombreux de la doxa médiatique.
La vérité ? Ce mot, qui sonnait déjà creux aux oreilles du sceptique Ponce Pilate, est insupportable pour nos contemporains. Il est le plus souvent réduit en une plate bouillie subjective, relativisant tout et jusqu’aux données les plus évidentes de la nature humaine. C’est parce que nous croyons en la vérité sur Dieu, l’homme et les sociétés humaines que nous allons chercher auprès de l’Église, de sa doctrine immémoriale et de la philosophie classique les critères de jugement sur le monde qui nous entoure.
Encore une fois, nous pouvons nous tromper. Mais c’est alors en raison de nos faiblesses et non de l’inexistence du vrai, du bien et du beau.
Il est évident qu’avec un tel discours et l’exigence d’une telle approche, nous n’aurons ni la gloire des plateaux de télévision, ni les micros des stations de radio. Nous n’aurons pas davantage le soutien financier des grosses fortunes ni celles des puissantes institutions. Ce n’est nullement une raison pour abandonner ce qui fait notre spécificité et notre volonté de servir, à temps et contre-temps, dans le calme ou la tempête, l’Église et le bien commun temporel.
Continuer et se renouveler
Continuer ne veut évidemment pas dire ne pas se renouveler. Des besoins nouveaux et forts se font sentir du côté des jeunes générations, et notamment de la part des convertis ou des recommençants. Dans une société où la transmission ne s’est pas effectuée, tant sur le plan de la foi que du patrimoine culturel ou du polissage apporté par la civilisation, il y a urgence à répondre à ce vide au risque sinon de voir les faux prophètes l’occuper avec des denrées avariées et mortifères. À sa place et selon sa vocation, L’Homme Nouveau entend jouer son rôle dans cet effort gigantesque.
Aussi, vous l’aurez compris, l’année scolaire qui s’est ouverte, cette année 2025-2026, est bien sûr pour nous celle de la préparation de notre 80e anniversaire. Mais il n’est pas question que celui-ci soit seulement l’occasion de souffler les bougies d’un gâteau et de se congratuler. Il ne s’agit pas d’avoir le regard (seulement) tourné vers le passé, en nous souvenant des époques plus faciles ou des combats menés par nos prédécesseurs.
Nous avons envers ces derniers, comme envers nos lecteurs d’aujourd’hui et ceux de demain, une dette qui implique que nous continuions en répondant toujours mieux aux attentes de l’heure. Sans pouvoir entrer encore les détails, je peux donc vous annoncer que cette année scolaire 2025-2026 aura sa part (importante) de changement et de renouvellement. Nous espérons que vous serez, vous aussi, au rendez-vous.
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