Connaissez-vous L’Homme Nouveau ? Connaissez-vous bien L’Homme Nouveau ? La question paraîtra certainement étonnante à un certain nombre de nos lecteurs. Elle s’est imposée à moi au cours de cet été 2023, à la suite du véritable feuilleton qu’a représenté l’arrivée de Geoffroy Lejeune à la tête du Journal du Dimanche (JDD).
Peut-être que certains de nos lecteurs, préservés du bruit médiatique, n’ont eu qu’un faible écho de cette affaire. Directeur de la rédaction de Valeurs actuelles jusqu’en juin dernier, Geoffroy Lejeune a été remercié par le propriétaire de cet hebdomadaire qui jugeait le journaliste trop engagé en faveur d’Éric Zemmour et d’une ligne trop droitière. Peu de temps après ce limogeage, Geoffroy Lejeune a été propulsé à la tête du Journal du Dimanche, hebdomadaire centriste, généralement agréé par les membres du gouvernement.
Le feuilleton de l’été
Lejeune, qui incarne une droite conservatrice décomplexée, n’a évidemment pas changé de ligne. L’explication de son arrivée se trouve ailleurs, précisément dans le rachat du JDD par Vincent Bolloré.
L’histoire aurait pu en rester là. Mais la nouvelle à peine connue et confirmée, la rédaction du Journal du Dimanche et l’immense majorité du personnel se sont mis en grève, refusant en bloc le nouveau patron de la rédaction. Ils ont aussitôt reçu le soutien du monde politique et médiatique, dressé comme un seul homme contre l’arrivée de « l’extrême droite » à la tête du JDD. Comme il fallait s’y attendre, les semaines de grève se sont conclues par un accord qui permettra aux journalistes de partir avec de solides indemnités.
Ce feuilleton estival pourrait n’être qu’une péripétie parmi d’autres des heurs et malheurs d’une publication.
Plus largement, il indique le poids que conserve encore la presse, en termes d’influence et donc d’enjeu idéologique. Il montre également que la finance pèse encore lourdement sur l’avenir de journaux qui se targuent si souvent d’être libres et indépendants. Enfin, il n’a représenté qu’un épisode supplémentaire du besoin de se créer un ennemi pour continuer à exister, quitte à hystériser les positions au-delà de tout rapport avec le réel.
La « Machine » génère en permanence son système d’auto-défense dès lors qu’elle se croit menacée, à tort ou à raison.
L’Homme Nouveau : un service permanent
Le rapport avec L’Homme Nouveau ? Le magazine que vous avez en main n’appartient à aucune grande fortune ni à aucun groupe de presse.
Il a cette spécificité unique d’être la propriété de ses collaborateurs et de ses lecteurs. Quand ces derniers ont pris une part dans le capital des éditions de L’Homme Nouveau, ils n’espèrent pas toucher des dividendes. Il s’agit d’un acte militant, reposant sur la certitude que le catholicisme français a besoin d’une voix différente pour préparer les matériaux nécessaires à l’éclosion d’une société où le Christ doit occuper la première place.
L’Homme Nouveau, contrairement à d’autres de ses honorables confrères, n’est pas un journal d’opinion. Nonobstant la faiblesse et les limites de ceux qui le font, le plus souvent avec un dévouement exemplaire, il ne s’appuie que sur l’enseignement de l’Église, sur sa Tradition et sur le grand apport, trop largement inexploré, de la philosophie politique classique et catholique. De ce fait, il est évident que nous nous trouvons un peu à côté ou en marge d’un monde, y compris au sein du catholicisme français, qui ne repose que sur la confrontation des opinions. Pour notre part, nous essayons de nous enraciner le mieux possible et le plus possible dans cette « joie de la vérité » dont parlait saint Augustin.
Suivre le Christ
Ce faisant, il est évident que nous ne rencontrons pas les acclamations du monde. Comment ne pas nous en réjouir, en nous souvenant de l’impérieuse demande du Christ nous enjoignant de pas goûter à l’esprit du monde tout en agissant en son sein ? Il ne s’agit ni d’une posture ni d’un choix, mais d’une réalité qui découle de notre volonté de mettre nos pas dans ceux du Christ, de ses Apôtres, des saints et des martyrs.
C’est peut-être beaucoup demandé à une simple publication. Mais, justement, L’Homme Nouveau n’est pas une simple publication, un simple magazine, une simple équipe de journalistes, au milieu d’autres publications, d’autres magazines et d’autres journalistes. L’Homme Nouveau est un « service » permanent, celui du Christ Roi et de son royaume, service qui s’incarne à travers plusieurs facettes différentes mais complémentaires : le magazine, les éditions de livres, les hors-série, la lettre Reconstruire, le site Internet et le Club des Hommes en noir.
En cette fin de période de vacances, à l’aurore d’une nouvelle rentrée, avec une actualité qui s’annonce difficile pour l’Église, il me semblait nécessaire de rappeler, à un moment où les Français ont assisté aux fluctuations de leur presse, que L’Homme Nouveau est au service de Dieu, l’Église, notre pays. Et, bien sûr, de ses lecteurs.