> Initiatives chrétiennes
Ancien aumônier militaire auprès des chasseurs alpins, des parachutistes et des légionnaires, le père Yannick Lallemand a accompagné les soldats jusqu’au cœur de l’épreuve, notamment lors du drame du Drakkar, à Beyrouth, en 1983. Retour sur une vie au service des âmes, à la croisée du courage militaire et de l’espérance chrétienne. Entretien.
| Aumônier militaire, vous avez servi auprès des chasseurs alpins, des parachutistes, des légionnaires… Que pouviez-vous apporter à tant d’âmes souvent éloignées du christianisme, voire de toute religion ?
L’aumônier militaire est l’homme sans grade : il peut déjeuner avec les jeunes recrues le midi et dîner le soir avec le général qui commande l’unité. Cette liberté lui permet d’être présent à toutes les activités des soldats. Il doit donc représenter l’homme de Dieu, l’homme de la vérité et du bien qui reste disponible pour tous. C’est une chance pour un grand nombre de militaires non croyants que de pouvoir avoir ce contact avec un prêtre ; l’aumônier militaire restera leur référence parce qu’ils auront vécu avec lui. Bien sûr, nous ne pouvons pas imposer le nom de Dieu d’emblée. Il faut d’abord tisser des liens d’amitié, et cela prend du temps. Puis, petit à petit, nous pouvons répondre aux besoins spirituels, rassurer, donner un conseil. Nous avons cette responsabilité d’être le témoin du Christ là où nous sommes envoyés. Cela passe par l’exemplarité de nos vies : célibataire, toujours joyeux, les soldats se posent des questions. Il faut que notre vie intérieure, notre amitié avec Dieu transpirent aux yeux de ceux qui ne sont pas croyants. Avec un petit groupe de militaires, nous pouvons aller jusqu’aux sacrements.
| Vous avez toujours tenu à accompagner vos hommes sur le terrain, au cœur de la mission. Est-ce ainsi que vous vous sentiez le plus utile, lorsqu’il a fallu affronter la mort et réconforter ceux qui restaient ?
J’ai toujours essayé d’être le plus proche des soldats en participant à toutes leurs activités : marches « Képi blanc », sauts en parachute… C’est en vivant avec eux que les occasions naissent : le partage d’un morceau de saucisson pendant une pause, tous ces gestes de solidarité vont les mener à se poser des questions. Il est donc indispensable, lorsque l’on est aumônier d’unités spécifiques, de se former pour les accompagner. J’ai eu la chance, par la force physique que Dieu…