Ce n’est pas d’aujourd’hui que des hommes abandonnent leur partenaire parce qu’ils se révèlent incapables d’assumer leur responsabilité de pères. Ce n’est pas d’aujourd’hui que des femmes s’arrangent pour tomber enceintes et puis larguer le papa devenu encombrant. Mais que l’Etat s’avise d’inscrire dans la loi ces contrefaçons de l’amour, ces caprices de désir d’enfant, voilà ce qui est grave et choquant. Et qui doit nous alerter.
Déjà, la PMA venant en aide à un couple homme/femme fidèle mais en difficulté d’engendrer (*) n’est pas sans poser quelque problème éthique : en particulier en ce qui concerne l’utilisation ou la destruction des embryons surnuméraires. Mais au moins, les gamètes utilisés proviennent du couple, sans intrus extérieur ; et l’enfant, qui est bien le leur, est assuré d’avoir des parents.
Déjà, la mentalité contraceptive a contribué à dissocier la sexualité de la fécondité ; à présent, avec la fécondation in vitro et la PMA, on tend à dissocier la fécondité, la venue d’un enfant, de la rencontre amoureuse de ses parents. Et on en vient même à occulter la réalité biologique de ses géniteurs. Jean-Marie Le Méné, qui préside la Fondation Jérôme Lejeune, n’hésite pas à le dire : « Derrière toute PMA, quelle qu’en soit sa finalité, se découvre la conception d’un humain manipulable, dissécable, congelable, triable et destiné à répondre à la solvabilité du marché ».
En mars 2013, avant le vote de la loi Taubira, 170 professeurs et maîtres de conférences en droit des Universités françaises avaient signé une lettre ouverte aux Sénateurs, attirant leur attention et leur vigilance sur les graves conséquences que ne manquerait pas d’entraîner cette loi. Six ans plus tard, leurs prédictions se vérifient et n’en sont que plus alarmantes. Extraits :
« Qu’on le veuille ou non, le désir d’enfant de personnes de même sexe passe par la fabrication d’enfants, qui seront ensuite adoptables, par insémination artificielle pour les femmes ou par le biais d’une mère porteuse pour les hommes. Le projet de loi organise donc un marché des enfants, car il le suppose et le cautionne. (…) La loi a mieux à faire pour les enfants que d’encourager ces bricolages procréatifs en les validant par des artifices juridiques. (…)
De nombreux hommes et femmes, qui ont un désir homosexuel, ne dénient pas cette donnée fondamentale qu’un enfant est issu d’un père et d’une mère et qu’il est criminel de l’en priver volontairement. Beaucoup ont d’ailleurs des enfants mais, comme tout un chacun, avec une personne du sexe opposé. Le projet de loi ne concerne que des femmes qui veulent avoir un enfant sans « s’encombrer » d’un père, ou des hommes qui ne veulent pas avoir à « partager » l’enfant avec une mère, faisant ainsi primer leurs désirs sur les droits fondamentaux de l’enfant.
Vous, législateur de la République, ne pouvez valider un système de fabrication d’enfants adoptables, car les enfants ne sont ni des objets pour satisfaire un désir, ni des médicaments pour soulager une souffrance.
Juristes, nous avons vocation à veiller au respect des libertés individuelles et à la protection par le droit des personnes les plus vulnérables. Nous ne pouvons rester insensibles à la grande violence faite aux enfants, délibérément privés d’une mère ou d’un père. Nous ne pouvons nous taire devant l’inéluctable marché de la procréation à venir, la marchandisation du ventre des femmes les plus précaires et des enfants fabriqués pour satisfaire les désirs dont ils sont l’objet.
Le projet de loi ne peut qu’être rejeté dans son ensemble, car le mariage emporte nécessairement toutes ces conséquences en matière de filiation. »
La Révélation nous enseigne – et la Nature nous le confirme – que, « au commencement » et au fondement de notre humanité, le Créateur a confié au couple de l’homme et de la femme la mission essentielle d’engendrer la vie. Pervertir cet ordre naturel des choses, c’est attenter à l’ordre social lui-même, et à la dignité humaine. Et, pour le croyant, c’est renier le Créateur en pervertissant sa Création : c’est l’apostasie ultime, la perversion majeure de l’amour. C’est la redoutable tentation originelle de l’homme, et de la femme, de s’affranchir de toute « contrainte » venue de Dieu et de la nature créée par Lui. Ce n’est pas pour rien que Jésus, tout en confirmant le dessein du Créateur, a lancé sous forme de commandement et d’avertissement : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mt 19, 6).
(*) Il faudrait parler aussi des conséquences d’une contraception imposée dès l’adolescence à beaucoup de femmes qui souffrent, à l’âge mûr, d’une fertilité contrariée.