Prêtres et laïcs réagissent à l’affaire Castellucci

Publié le 07 Déc 2011
Au quotidien n° 247 : état de droit et refondation politique L'Homme Nouveau

Ce florilège de réactions plus ou moins épidermiques de prêtres et de laïcs constitue la suite et fin de notre enquête sur les récents évènements du théâtre.

Les réactions furent variées et multiples, il serait long et fastidieux de les recenser toutes. Cette liste non exhaustive veut donner un aperçu des principaux points de vue qui se sont affrontés, de l’abbé Grosjean au Père Michel Viot en passant par Fabrice Hadjadj et Michel de Jaeghere.

Vous trouverez un extrait de chacune des réactions accompagné d’un lien qui vous permettra d’accéder au texte dans son intrégralité.

Message de l’Abbé Pierre-Hervé Grosjean, prêtre du diocèse de Versailles, sur le Forum catholique, le 29 octobre 2011.

Stop au malentendu. Avis d’un prêtre qui a vu la pièce de théâtre de Castellucci.

« (…) On peut aimer ou pas. On peut critiquer la mise en scène. Mais je l’affirme: je n’y ai pas vu d’intention blasphématoire. J’en suis même sorti bousculé, marqué. Elle appelle à une vraie réflexion sur la souffrance, sur la compassion de ce fils pour ce vieux père. Compassion du Fils pour notre vieille humanité souillée. Encore une fois, on peut la discuter. Ne pas aimer du tout. Mais je demande à ceux qui hurlent au blasphème : l’avez vous vu jouée ?jusqu’au bout ? Jusqu’à ces derniers mots sur lesquels on termine : « tu es mon berger » Mot lumineux, qui prennent le dessus sur le « not »qui s’insère comme le doute peut parfois attaquer notre confiance. J’en veux à ceux qui nous ont instrumentalisés. J’en veux à ceux qui ont envoyé des jeunes au casse pipe. J’en veux à ceux qui se servent de tout cela pour se faire de la pub… »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=613077

Violemment insulté et critiqué, il a répondu à ses détracteurs et poursuivi la reflexion par un nouveau message sur le Forum Catholique, le 30 octobre 2011.

Après le déferlement de réactions, une mise au point sur les questions posées par Castullecci.

« (…)Acceptez vous que la compréhension d’une pièce de théâtre ne relève pas d’une vérité absolue, dogmatique, et donc, peut être sujet à débat, sans être accusé de ne pas aimer le Christ ? (…) Il me semble urgent que nous puissions travailler la question du blasphème. je prends l’exemple d’un film : on voit un soldat allemand qui piétine un crucifix, et crache dessus ou même urine dessus. Scène terrible. On voit ensuite le déporté martyre ramasser ce crucifix souillé, et l’embrasser, avant d’être tué. L’auteur du film a représenté « matériellement » un blasphème. Cet auteur est il pour autant blasphématoire ? Non, je ne crois pas. Son message ne l’est pas. »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=613184

Tribune libre de Myriam Picard, journaliste pour Riposte laïque, publiée par Nouvelles de France le 29 octobre 2011.

De la pesanteur à la grâce : compte-rendu de Sur le concept du visage du fils de Dieu.

« (…) Quant à moi, oui, je l’affirme, cette pièce m’a conduite encore plus au Christ…»

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

Message d’ Yves Daoudal sur son blogue, le 31 octobre 2011.

« Sur le concept du visage du Fils de Dieu »…

« La pièce telle qu’elle a été jouée en Avignon, si j’en crois les comptes rendus de l’époque, était au mieux ambiguë (ou nihiliste), au pire blasphématoire. La pièce telle qu’elle est jouée à Paris, si j’en crois les comptes rendus de catholiques qui l’ont vue, est au pire ambiguë, au mieux profondément chrétienne. Si à la fin de la pièce le visage du Christ apparaît de nouveau, intact, il est difficile de ne pas voir que sa destruction est l’image de la Passion, suivie de la résurrection. Et le reste de la pièce, nonobstant l’obsession scatologique, est une parabole sentie de la condition humaine, car nous sommes en effet tous dans la merde, et nous tachons tout ce que nous touchons, sous le regard de Dieu, qui nous attend, qui attend même nos blasphèmes, ou nos doutes, mais qui est là, qui reste là, même quand nous avons tout démoli, et qui nous attend toujours. (…) »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2011/10/31/sur-le-concept-du-visage-du-fils-de-dieu.html#comments

Tribune libre de Jacques de Guillebon, journaliste pour La Nef, publiée par Nouvelles de France le 1 novembre 2011.

L’honneur des imbéciles.

« Ça commence à suffire. Je refuse, et je suis loin d’être le seul, et nous sommes très nombreux, qu’une poignée de défenseurs autoproclamés de l’honneur du Christ prenne en otage ma foi et ma confession. Ce spectacle lamentable de jeunes gens dépourvus de libre-arbitre autant qu’incapables de la moindre réflexion esthétique, qui défilent, grognent et insultent, en sus d’être lassant, ridiculise généralement l’intelligence catholique que vingt siècles ont construite (…) »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

Tribune libre de Côme de Prévigny, agrégé de l’Université et membre de l’Institut Civitas, publiée par Nouvelles de France le 1er novembre.

L’iconoclasme contemporain : réponse aux abbés Grosjean et Carriot, aux dames Boutin et Picard.

«  (…) Aujourd’hui, on défèque sur Jésus Christ, demain on vomira sur son vicaire et on dénudera la Vierge Marie.(…) »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

Tribune libre co-signée par le Père Pierre-Hervé Grosjean, prêtre du diocèse de Versailles ; le Père Amaury Cariot , prêtre du diocèse de Pontoise ; Père Guillaume Seguin, prêtre du diocèse de Paris ; François-Xavier Bellamy, professeur agrégé de philosophie, maire adjoint de Versailles ; Thierry Bizot, producteur TV ; Thomas et Benjamin Pouzin, auteurs-compositeurs du groupe Glorious ; Erwan le Morhedec, avocat et blogueur.   Publiée sur le site du Monde le 4 novembre 2011.

Le symbole du Christ doit être respecté par les artistes.

« La triste polémique qui a entouré les représentations de la pièce de Romeo Castellucci au Théâtre de la Ville aura au moins eu un mérite : montrer que, dans notre pays qui semble parfois tourner le dos à son histoire chrétienne, le Christ n’est pas devenu une figure parmi d’autres. L’inquiétude de nombreux catholiques ne fait que répondre à une inquiétude profonde de la culture contemporaine, que le Concept du visage du Fils de Dieu ne laisse pas en repos. De toute évidence, le regard de ce Jésus-Christ, que notre XXe siècle a voulu évacuer de l’espace public, continue pourtant de déranger nos certitudes trop faciles de son interrogation silencieuse. (…) »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/04/le-symbole-du-christ-doit-etre-respecte-par-les-artistes_1599079_3232.html

Message de l’abbé Amaury Cariot, prêtre du diocèse de Pontoise, publié sur Catholique95.com.

Christianophobie, on confond tout !

« (…) Méditation sur l’incarnation, la souffrance, la kénose, l’humiliation… Rien à voir avec les accusations de blasphème, d’offense au Christ, qui depuis plusieurs jours rassemblent des centaines de personnes. Dont de nombreux jeunes. Si l’on met à part les origines parfois douteuses des mouvements organisateurs de ses manifestations, force est de reconnaitre que les jeunes qui se rassemblent au Chatelet ne sont pas tous à l’Action Française ou à la fraternité St Pie X. Toute cette machine s’est mise en route sur un mensonge qui a tourné en boucle sur internet et les réseaux sociaux piégeant des jeunes souvent de bonne foi. (…) »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

http://www.catholique95.com/actualites/presentation.php?identifiant=1110theatre

Message de l’abbé de Tanouarn,prêtre de l’Institut du Bon Pasteur, publié sur son MétaBlog le 15 novembre.

Romeo Castellucci et la merde

«  (…) C’est qu’il aime les matières fécales, Roméo Castellucci, sa pièce en déborde. Il aime l’odeur de la merde, Roméo Castellucci, le Théâtre de la Ville, après chaque représentation de sa pièce, pue la merde synthétique. On peut dire aussi qu’il aime mettre la merde. A Avignon sa pièce s’était terminée en pugilat. A Paris, ce sont des manifestations quotidiennes qui ponctuent les représentations, au point que l’auteur a été obligé d’expurger en cours de représentation sa propre pièce pour tenter de lui donner un sens acceptable. (…)

Comment expliquer la présence, parmi les contre-manifestants, de l’Action Française (…)? Je crois que le slogan qu’ils avaient choisi est très explicatif de leur engagement : « La culture c’est sacré, on ne laissera rien passer ». Que l’on soit chrétien ou non, il faut bien reconnaître que le christianisme fait partie de notre culture, qu’il constitue pour nous une matrice. On ne s’en prend pas à sa matrice sans une sorte d’instinct suicidaire, celui qui flotte dans l’atmosphère nihiliste dans laquelle nous vivons.(…) »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

http://ab2t.blogspot.com/2011/11/romeo-castellucci-et-la-merde.html

Réponse de Pierre-Marie de Berny, président de la société Vélite Influence, pour Valeurs actuelle du 16 novembre 2011.

« (…) Que voyons nous ? Des jeunes qui manifestent depuis plusieurs jours, une mobilisation qui ne faiblit pas, une médiatisation croissante. (…) L’institution a été dépassée, dans cette affaire, par un phénomène communautaire dopé par les réseaux sociaux. L’absence de prise de position précoce et claire a favorisé l’expression désordonnée d’une exaspération partagée par de nombreux jeunes catholiques. Les évêques ont pour la plupart grandi dans une société qui n’était pas déchristianisée, à la différence des jeunes cathos, partout minoritaires. Il est urgent qu’ils le comprennent et se réconcilient avec les nouvelles pratiques de leurs ouailles».

Article du père Michel Viot pour L’Homme Nouveau n°1505 du 19 novembre 2011.

Une critique théologique de Castellucci

« (…) Dieu n’a pas créé la merde ! L’excrément humain est lié à la vie biologique de l’homme comme être pour la mort. L’excrément est un signe de mort, son odeur annonce une autre odeur, plus insupportable encore, celle de la putréfaction du corps. Et cela ne correspond pas au projet divin pour l’homme, c’est la conséquence du péché de l’homme. Est-ce à dire que Notre Seigneur n’a jamais fait ses besoins ? Évidemment non. Seuls des gnostiques et des docètes pourraient affirmer cela, hérétiques condamnés par l’Église. Car ce serait nier que Notre Seigneur ait eu un vrai corps humain.  Mais on ne peut pour autant se contenter du raccourci de Roméo Castellucci. Oui je peux dire avec lui que le Christ a assumé la condition humaine jusqu’au bout y compris la merde (mais sans dire comme lui qu’il s’est vidé de sa substance divine). Mais alors la merde n’a pas pour Jésus la même signification que pour moi ou Roméo Castellucci. Les excréments de Jésus manifestent son total abaissement volontaire,signe de son amour pour le Père, reflet de sa communion sans faille avec Lui.»

Le texte est disponible dans son intégralité sur notre blogue :

/index.php?id_billet=308

Message de l’abbé Bernard Gallizia, prêtre de la paroisse de Montoire, publié sur le site de la paroisse de Montoire, le 25 novembre 2011.

«  (…) En général, j’ai remarqué que peu de catholiques sont au courant de l’affaire Castellucci, et très peu connaissent le sujet de sa pièce de théâtre controversée. Ils ont appris, à travers les médias, selon les termes affectionnés par les journalistes, que « des intégristes catholiques, des royalistes, des extrêmes droites catholiques et des fondamentalistes chrétiens » ont perturbé cette pièce qu’ils estiment être triviale, blasphématoire envers le Christ et provocante envers la foi catholique. Mais ils n’ont eu droit qu’à quelques mots dans les médias catholiques, sur la présence des catholiques de base dans les manifestations, lesquels ne se sentent affiliés à aucune de ces dénominations, et qui sont venus prier en silence aux côtés de Civitas. (…) Personnellement, comme prêtre diocésain attaché à l’obéissance au Saint Père, je trouve qu’il n’est pas mauvais que les catholiques montrent leur désapprobation en priant publiquement et silencieusement devant les théâtres où le Christ est bafoué. »

Vous trouverez l’intégralité du texte sur :

http://paroissedemontoire.over-blog.net/article-sur-le-concept-du-visage-du-fils-de-dieu-de-romeo-castellucci-89767904.html

Article de Fabrice Hadjadj, philosophe et écrivain, pour Il est vivant ! n°288 de décembre 2011.

Réagir ou agir ?

« La réaction pose un problème, c’est qu’elle est initialement passive. Elle ne donne pas ses règles au jeu. Elle se laisse entraîner sur le terrain de l’adversaire. Réagir aux agressions du monde (au sens johannique du terme) nous porte non seulement à conférer au monde une importance qu’il n’a peut-être pas, mais surtout, pour se faire entendre, à lui répondre de manière mondaine, si bien qu’à l’instant même où il subit nos représailles, il a déjà gagné. (…) Qu’au lieu de cet humour/amour évangélique (par exemple offrir sur la place du Châtelet un grand banquet à des S.D.F avec un écriteau : « Le vrai visage de Dieu ») on se livre au tac au tac d’un gentil talion, et l’on risque fort, avec les intentions les meilleures, de s’assujettir à la rhétorique ambiante. »

Article de Jacques de Guillebon pour la Nef de décembre 2011.

Petite mise au point

« (…) D’abord, je tiens expréssement à présenter mes excuses aux jeunes catholiques sincères qui, manifestant devant le Théâtre de la Ville, ont cru que je les insultais personnellement. Je ne partage pas leur avis à propos de cette pièce, et encore une fois je m’élève contre la manipulation du ctaholicisme français qui a été opérée sur cette place. (…) Cette polémique aura surtout montré combien, dans un certain monde traditionnaliste français, il est devenu presque impossible de discuter – et sur des questions prudentielles encore. (…) Suis-je coupable de la mauvaise image que les lobbyistes catholiques autoproclamés ont frabriqués d’eux-mêmes auprès de l’opinion publique ? Iles étrange que lorsqu’on les contredit en raison, ils insultent ; quand on les insulte, évidemment ils insultent encore ; et quand on se tait, ils insultent toujours. (…) »

Article de Michel de Jaeghere pour Renaissance Catholique n°119 de novembre – décembre 2011.

Face à la christianophobie

« (…) Il est toujours dommage que nous soyons divisés. Cela risque de durer jusqu’à la fin des temps et il faut se résigner à nos désaccords, en tentant seulement de les exprimer charitablement. Je crois que l’un de nos torts est de céder à un réflexe néo-kantien : de vouloir à tout prix que sur tous les sujets, il y ait une réponse unique –bien entendu, la nôtre– et de faire d’elle une loi générale et universelle.La foi catholique n’est pas une idéologie, un moule qui nous rendrait uniformes. Il est donc normal que nous puissions avoir, sur des questions qui ne relèvent pas de la foi, des points de vue divergents. La moindre des choses, en l’espèce, serait cependant que ceux qui ne sont pas d’accord avec les chrétiens qui ont manifesté contre la pièce s’abstiennent de les désavouer publiquement au moment où ils sont appelés à répondre de leurs actes devant les tribunaux. (…) »

Le texte est aussi disponible en ligne sur :

http://www.renaissancecatholique.org/Face-a-la-christianophobie.html

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