En commentant l’Évangile du jour lors de l’Angélus du 26 septembre dernier, le Pape évoque l’étonnement des Apôtres et particulièrement de saint Jean, qui virent un homme qui ne faisait pas partie de leur groupe chasser les démons au nom du Seigneur.
La réponse de Jésus a de quoi nous étonner parce qu’il critique des siens d’avoir empêché cet homme d’agir pour le bien. Par là, Jésus fait comprendre aux siens qu’on ne doit jamais empêcher ceux qui font le bien, car ils contribuent à réaliser le projet de Dieu. Comment comprendre cette sévérité de Jésus à l’égard des siens, alors que finalement ils ne cherchaient que le bien ? Jésus Dieu a lu aux fonds des cœurs, et il ne peut supporter ni l’hypocrisie, ni la vaine gloire. Jésus vrai Dieu recherche avant tout chez ses disciples la pureté unique garantie pour la vigilance de notre cœur. Sans cette pureté du cœur, inévitablement nous succomberons au mal et, pire, nous deviendrons cause de scandale pour nos frères. Par ses paroles, Jésus fait d’une pierre deux coups. Ses paroles à la fois révèlent une tentation – celle de la fermeture – et offrent une exhortation – veiller pour ne pas succomber.
Tirons la leçon des paroles de Jésus. Les disciples voudraient empêcher une œuvre de bien uniquement parce que ceux qui désirent l’accomplir n’appartenaient pas à leur groupe. Ils pensaient avoir l’exclusivité sur Jésus, comme les Pharisiens pensaient l’avoir sur la Loi. Et non. Si au Ciel il y a plusieurs demeures, cela est vrai déjà ici-bas. Il y a beaucoup de places dans la vigne du Seigneur. Se croyant préférés, les Apôtres ont déconsidéré ceux qu’ils croyaient exclus du Royaume des Cieux. Tirons-en la leçon, en sachant que la fermeture est la racine de nombreux maux de l’histoire, tant profane que ecclésiastique: toutes les dictatures, toutes les violences refusent les différences légitimes. Il faut toujours se souvenir de l’adage : « pour ce qui est nécessaire l’unité, pour ce qui est douteux liberté, mais en toutes choses charité. »
La fermeture peut exister également dans l’Église, car le diable, le diviseur, engendre la division, en insinuant des soupçons nés de rivalités voire même d’incompréhensions. Le diable tente avec ruse. Ne désespérons pas pour autant, car s’il peut aboyer fort, il ne pourra jamais mordre sans notre consentement. Ne jouons jamais aux premiers de classe, en tenant les autres à distance, au lieu d’essayer de marcher avec tous. Demandons au Seigneur par Marie, sa Mère, la grâce de surmonter la tentation de juger et de cataloguer, sachant que lorsque l’on met une étiquette sur le dos des gens, celle-ci n’est jamais enlevée. Que Dieu nous préserve de la mentalité du «nid», qui cherche à nous garder jalousement à l’intérieur d’un petit groupe de purs, comme les cathares de toutes les époques. Ne soyons jamais refermés sur nous-mêmes. Nous risquerions, alors que l’Église est universelle, de multiplier les petites Églises. L’Esprit Saint ne veut pas de fermetures, il veut de l’ouverture. Dans l’Église aussi, il existe plusieurs demeures.
Puis, après avoir réprimandé, Jésus exhorte en nous invitant tous à ne pas juger, mais plutôt à être attentifs envers-nous-mêmes ! Le risque de voir la paille dans l’œil du prochain sans voir la poutre qui demeure dans notre œil est de tout temps. Prenons-y garde, car c’est lui qui nous rendrait inflexibles envers les autres et au contraire indulgents envers nous-mêmes. Ne faisons jamais un compromis quelconque avec le mal. Faisons, grâce à Marie, un bon examen de conscience, en cherchant concrètement ce qui en nous peut être en opposition avec l’Évangile.